Envoûte-moi ...

Chapitre 44

Tristan, Mike et moi sommes à la poursuite d’un cerf à plusieurs kilomètres du château. Nous sentons qu’il n’est plus très loin. Mike et Tristan sont de très bons amis et sur le chemin, je leur ai parlé de ma nuit avec Céleste. Je leur ai raconté ô combien ça avait été fabuleux et de ce que j’avais ressenti. Ils m’ont aussitôt dit que j’étais amoureux et, qui sait, ils n’ont certainement pas tort. Cette nuit, j’ai ressenti une telle fierté primaire en lui enlevant sa virginité, c’était au-delà du physique, je l’ai ressenti du plus profond de mon être. On était en symbiose, en connexion parfaite. En général quand je couche avec une femme, je ne reste pas trop avec elle après la baise, je préfère retourner dans ma chambre ou lui demander de partir.

Mais avec Céleste, c’est différent. Je lui fais l’amour, et il me semble tout naturel de rester dormir avec elle dans mes bras. En prenant du recul, c’est impensable de faire les choses autrement. Je ne comprends pas ce que Céleste m’a fait. Cette fille est spéciale, j’ai tout le temps envie de la voir, de lui parler, de la sentir. Elle me hante, et ce, depuis le début…

Je me concentre de nouveau sur ma tâche, encercler le cerf. Je peux le voir et j’entends son cœur battre doucement ; il ne nous a pas repérés. Le pauvre, il ne sait pas ce qui l’attend. Au moins, nous serons rassasiés avec ce cerf, c’est une belle bête. Il broute tranquillement de l’herbe ; des nuages de vapeur s’échappent de son museau quand il remue les mâchoires et souffle. Il semble concentré à sa tâche, comme s’il n’y avait que ça qui comptait. Il a tout simplement faim, malheureusement pour lui, moi aussi. Nous nous apprêtons à sauter sur la bête quand un brut strident le fait fuir. Plutôt, un cri… Qu’est-ce c’était ? Je suis peut-être paranoïaque, mais j’ai l’impression que c’est Céleste… Non, en fait j’en suis sûr. Mon
Dieu…

— C’est Céleste !

En me concentrant, je peux entendre son petit cœur paniqué, battre.

— Oh non, c’est donc ça…

Tristan et moi nous tournons vers Mike.

— Comment ça ?

— Hier, j’ai entendu Cassidy…

— Que disait-elle ? Parle, vite !

— Quelque chose comme quoi tu préférais la pucelle à la femme expérimentée et elle a conclu en disant « adieu l’humaine ». Ce qui aurait dû me mettre la puce à l’oreille, j’en conviens, je suis désolé… Je crois que je n’ai tout simplement pas pris Cassidy au sérieux. Et puis, sur le coup je n’ai pas capté, j’étais trop occupé à chercher les hommes qui devaient te protéger au bal, mais maintenant que tu m’as dit que Céleste était vierge, tout s’explique !

— Oh non…

Je pars aussitôt en courant en direction du château. Je commence à entrevoir l’impensable et à réaliser mon erreur : Cassidy a prévu de tuer Céleste, une fois que je serai hors du château. Sale garce, tu n’as pas intérêt à lui faire du mal ! Elle vient de signer son arrêt de mort ! Mon inquiétude me fait ouvrir les yeux sur la réalité : je suis bel et bien amoureux d’elle depuis le début. Je ne suis pas sûr de ses sentiments, donc je ne le lui dirai pas tout de suite, j’ai peur qu’ils ne soient pas réciproques.

S’il n’est pas trop tard pour ça ! Comment ça, pas trop tard ? Je vais la sauver ! Je ne suis pas Roi pour rien ! En tout cas, je ferai tout pour sauver ma douce Céleste. Par je ne sais quelle ressource en moi, j’accélère encore ma vitesse de pointe. Je fends l’air comme une balle de sniper. À quelques mètres du château, je peux entendre ce qui se passe dans notre chambre :

— Dépêche-toi Gary, Dante ne va plus tarder à rentrer de sa chasse, je le sens.

Cette garce ne croit pas si bien dire ! Gary ? Ah oui ! Un bon soldat au physique ingrat pour un vampire ; quoi qu’il en soit, lui aussi vient de signer son arrêt de mort ! Mais pourquoi cette garce utilise-t-elle un homme de main ? Elle est tout à fait capable de faire la sale besogne elle-même.

— Non, non pitié, tout, mais pas ça ! Il n’y a que Dante ! se défend ma bien-aimée.

Comment ça ? Oh non ! Il ne va pas la violer tout de même !? Mes crocs sortent, et mes yeux deviennent rouges, dès que j’entends le rire machiavélique de Cassidy. Je franchis les portes du château d’un seul coup. Les couloirs défilent et j’arrive à quelques mètres de la chambre. Je pousse la porte, Mike et Tristan sur les talons, faisant sursauter la vipère. Cette scène me met hors de moi ! Céleste est nue, recroquevillée en boule dans un coin et Gary à quelques mètres d’elle, son minable sexe pointé dans sa direction ! Quant à Cassidy elle est légèrement en retrait, admirant la scène en riant comme une poule ! Puis je remarque une épée ensanglantée au sol. J’espère qu’il n’a pas osé l’utiliser contre Céleste ! Mais quand je vois les vêtements de Cassidy tachés de son sang, je suis rassuré : ma brave Céleste a tenté de se défendre comme elle le pouvait, mais comment pourrait-elle faire face à deux vampires ? Tristan a immédiatement le réflexe d’immobiliser Cassidy pour éviter qu’elle s’enfuie et Mike bloque de toute façon la sortie de son corps imposant. Gary vient à peine de se retourner que j’ai déjà pris une épée au mur et que je lui tranche le sexe. Il hurle comme un fou et je regarde en direction de ma belle. Elle relève la tête, tremble, pleure, ses yeux sont rouge sang. Comme les miens… Sa partie vampire vient certainement de se réveiller sous l’exposition au danger. Je donne un énorme coup de poing à Gary et plonge ma main dans sa poitrine, sachant ce qu’il en coûte à celui qui est ainsi embroché, je serre son cœur, ses yeux convulsent de douleur, et l’arrache dans un bruit visqueux. Il s’effondre, inerte, au sol. Tremblant de rage je me tourne à présent vers Cassidy. Elle a perdu de sa superbe et semble véritablement effrayée.

— Dante, ce n’est pas ce que tu crois !

— Et qu’est-ce que je suis censé croire ?

Tristan la lâche pour mieux me permettre de la plaquer moimême par la gorge contre un mur.

— J’ai fait ça pour nous… Notre avenir de souverains…

Je resserre ma poigne, énervé. La seule qui mérite d’être ma Reine c’est Céleste et non cette catin !

— Tu es complètement folle ! Je ne t’aime pas ! Tu ne seras jamais ma Reine et encore moins ma femme !