Seule, dans mon coin

Chapitre 12

_Alors... Tu t'appelles comment?
_Ah oui, désolé! Mitch, et toi?
_Krystal... Mais appelles-moi Krys s'il-te-plaît.
_D'accord... Krys.

Je répondis avec un sourire timide, et on a commencé a parlé de notre vie de ce qu'on aimait faire et tout le reste... Bien évidement, ma part était totalement falsifiée, ce qui est plutôt dommage, mais je me vois mal lui dire «ouais, mes parents et ma sœur sont des espions, et moi je tire sur des gens, amusant non?». Bref j'ai appris qu'il habite au Brésil depuis deux ans maintenant mais qu'il ne comprend toujours que la moitié du Portugais... C'est pour ça que cette année il a décidé de venir ici, à Buenos Aires, pour étudier dans une école Américaine. Il adore les chiens, l'escalade, la mer, et moi. Mais il m'a dit son dernier hobby pour plaisanter (dommage) avec un supplément "sourire Colgate". Il a fait ses 17 ans le 16 Janvier dernier, mais il l'a fêté uniquement avec sa mère, étant fils unique. Son père est malheureusement défunt, ce qui a dû être dur à vivre. Je vais pas dire que je l'admire mais je trouve quand même que c'est une épreuve que personnellement je n'aurait peut-être pas pu gérer...

_Tiens! Ça serai pas notre lycée ça?

Je me tourne pour voir un grand bâtiment, plutôt imposant, qui, effectivement, semblerait être notre école.

_Oui, dis-je à la vue du lycée. Tu sais si on a besoin d'un uniforme ici?
_Euh... Je ne sais pas trop. Ça te dirai d'aller demander à la Vie Scolaire?

Cinq minutes plus tard, on marchait dans de larges corridors qui étaient bondés d'ados, de profs et d'autres élèves plus jeunes qui couraient dans tous les sens, se bousculaient. On entendait des «Qui a prit ma feuille?!» par ci, des «C'est pour quand les devoirs?!» par là... Bref, on aurait dit qu'il y avait un tueur dans les couloirs. Bon, techniquement c'est pas totalement faux parce que moi je suis là, mais je vais pas me mettre à tirer sans raison, comme une tarée.

_Eh bah, commence Mitch, si les couloirs sont comme ça tous les jours, je risque pas de venir très souvent...
_Tu sais que le lycée c'est pas une espèce de club où tu as le choix de venir ou pas quand ça te chante, rétorquais-je.
_ Merci, je sais, ça s'appelle sécher.
_Merci, monsieur le génie, j'aurais pas deviné.

Un peu plus distants que tout à l'heure, Mitch et moi nous postons devant une secrétaire à la vie scolaire. On reste la fixer, ne sachant pas comment commencer.

_Bonjour, je tente.
_...
_Hola?
_...
_Umm...
_...
_Allo?
_...

Ne recevant toujours aucune réponse en retour, je chuchote à Mitch:

_Euh, tu peux lui balancer un truc là? Je suis à cours d'idées pour la faire réagir...

Mitch me fait un regard bienveillant, comme un père à qui sa fille a donner la permission de l'aider. Il s'apprêtait à parler, mais une vieille femme un peu courte, aux cheveux courts blonds, nous lance:

_Alors? Qu'est-ce-que vous faites là?

Elle est limite entrain de nous crier dessus alors qu'on a strictement rien fait...

_Hein? Répondez?!

Elle ne nous laisse pas le temps de répliquer et nous pousse vers le hall d'entrée. Dès qu'on pose les pieds dehors, je me mets à parler plus fort que d'habitude:

_Mais c'est qui celle-là pour nous dire de sortir sans même nous demander la raison pour laquelle on est venus! Elle croit qu'elle est au dessus du monde? Et c'est quoi son délire à nous crier dessus alors qu'elle ne nous connaît même pas?
_Euh, Krystal, calme toi.
_C'est Krys! T'as déjà oublié?
_Oui, mais je savais pas que tu tenais autant à ce qu'on ne t'appelle pas par ton vrai nom.
_Désolé, je voulais pas m'en prendre à toi... c'est juste que je ne supporte pas l'impolitesse de cette femme...
_T'inquiète, elle ne savait peut être pas qu'on était des élèves de l'école.

On décide d'aller boire quelque chose, mais quand on arrive devant le café le plus proche, je vois qu'ils ont des portiques de sécurité, allez savoir pourquoi... Ce que je sais par contre c'est que c'est une très mauvaise idée de passer par là à cause de ma Walther (un petit pistolet de poche, cherchez et vous trouverez), et j'ai nullement envie d'exposer mon identité pour une boisson.

_Euh, tu sais quoi? Je connais un très très très bon café, tout prés d'ici, et mille fois meilleur que celui là. En plus il est pas cher!
_Ah ok.

Il me regarde avec un air suspicieux mais je ne vais tout de même pas passer par les portiques...
Ça fait maintenant un bon quart d'heure qu'on tourne en rond, et aucun café en vue... Je suis vraiment foutue...

_Dis, ton café là, il était pas censé être «tout prés d'ici»?
_Euh oui...

Une excuse, vite! vite! vite!

_Mais bon, euh, tu sais, puisque je viens d'arriver, bah... Je me perd vite, j-je ne me rappelle pas des endroits un peu compliqués, tu vois?
_Ce que je vois, c'est que t'essayais d'éviter les portiques du café de tout à l'heure.
_!!

Il me regarde du coin de l'œil, un sourire en coin. Je sais pas pourquoi, mais son regard pèse vraiment, et ses yeux bleus sont vraiment insistants quand il le veut. Comment il a pu savoir? Il aurait pu y avoir un tas d'autres raisons pour lesquelles je n'aurais pas eu envie d'aller à ce café, genre mon excuse. Il faut que je me reprenne sinon il va vraiment savoir que je les évitais, ces fichues portiques.
Ok, surtout ne pas bégayer.

_ J-je, non, n-n'importe quoi!

Bravo Krys, faut avouer tu gères vraiment là...

_D-de toutes les façons, qu'est-ce-qui te le prouve?
_Ok... Alors de un, c'est impossible que tu remarques autre chose que les portiques à la distance à laquelle tu m'as annoncé ton idée de café, et si ce dernier existait vraiment, tu me l'aurais dis avant. Supposons que tu l'avais simplement oublié, la probabilité que tu t'en rappelles exactement au moment où l'on pouvait apercevoir les portiques est infime... Tu veux bien me montrer le contenu de ton sac?

... Il est trop perspicace...
...Un peu trop pour ma couverture...

_Ç-ça ne se fait pas de demander de voir ce qui se trouve dans le sac d'une fille...

Il se rapproche de moi et me regarde de haut. Quand je dis de haut, c'est au sens propre: il fait une tête de plus que moi. Par réflexe, je cache mon sac derrière mon dos. Me voyant faire, il recule et me regarde, vainqueur.

_Tu vois?

Je le regarde de travers, puis me rends compte de ma gaffe... Mais pourquoi j'ai des réflexes pareils au pires moments!

_Euh, je crois qu'il vaut mieux que je rentre là, euh, ma... Ma mère va s'inquiéter!

Waw Krys! Chapeau! Excuse EXTREMEMENT crédible!
Je tourne les talons, et pars d'une marche rapide, quand soudain, la voix de ce matin me revient en tête:

«...Mau...vaise... i...dée...»

Je bloque. Je regarde au loin, croyant marcher. Mais qu'est-ce-que je fou?! Je suis juste une schizophrène qui prédit le futur, y a pas de quoi en faire tout un plat...
Je me moque du monde là, y a rien de normal!
Remarquant mon absence totale de mouvement, Mitch me dit:

_Euh, tu vas bien?

J'esquisse un léger mouvement de tête, toujours incapable de bouger, et l'observe silencieuse... Après un moment, je lui demande:

_Dis, j'aurais pas mis les pieds dans du ciment là?
_Non, ne t'inquiète pas. Par contre tu en donnes l'impression. T'as déjà pensé à devenir mime?
_Très drôle.
_Ok, la blague t'as peut-être pas plu, mais ça a fait bouger tes jambes.

Je remarque que je me suis retournée pour lui faire face. Finalement, même si rester avec pourrait s'avérer dangereux, je préfère ne pas rester seule ou rentrer chez moi...

_Tu veux bien me tenir compagnie encore un peu?
_Tant que nous retrouve ton café.

Je souris, et on se remet en route.