Overdose sentimentale

9. shawn

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Ses yeux trop bleus, trop beaux, sont ancrés dans les miens tandis qu'Ethan me supplie de retirer ma main. Mais je ne peux pas. Ses yeux sont comme l'eau turquoise de la mer en été, et ils me transportent, loin, si loin... je me perds à l'intérieur, et je n'arrive plus à remonter à la surface, je n'arrive pas à me sortir de ces eaux tumultueuses qui tanguent dans son regard. Je n'ai jamais eu un contact visuel aussi intense que celui que j'ai avec Ethan.

– S'il te plaît, éloigne toi. Enlève cette main !

Pourquoi ne me frappe-t-il pas, ou ne me repousse-t-il pas ? Au lieu de ça, il se contente de me supplier.

Sa peau est chaude et ma main est en feu contre son torse. Il est assez musclé, plus que moi, mais pas énormément non plus. En même temps, c'est facile d'avoir plus d' abdominaux que moi. Je suis plutôt maigre, il faut se l'avouer.

Ethan a un grain de beauté, juste sous son œil droit, et à cet instant, je me dis que j'ai très envie de lui embrasser.

Que suis-je en train de penser, bon sang ? Et que suis-je en train de faire ?

Je caresse son torse. Je suis fou, je le sais. Je le vois serrer les dents, les joues rouges. Il va m'en vouloir, pour toujours, pour la vie, c'est sûr. Il ne voudra plus jamais me reparler. Il retournera dans la forêt. Sans personne, sans foyer.

Je viens de tout gâcher.

Je retire ma main précipitamment. Ethan s'éloigne de moi, très énervé. Il donne un coup de pied dans mon bureau, mais je ne dis rien. Je le laisse déverser sa colère hors de lui.

Il cogne contre le mur. Je ne comprends pas pourquoi il est comme ça. Ou plutôt si, je comprends, mais ça me fait mal d'avouer que sa vie est si misérable. Il ne mérite pas cela. Même les pires personnes sur terre ne devraient pas avoir une relation très tendu avec leur mère, au point de partir de la maison, au point d'avoir peur de sa propre génitrice. Je suppose aussi, vu qu'il n'est pas là, et qu'Ethan n'en parle jamais, que son père est mort. Comment, je n'en sais rien. Je ne vais pas le questionner sur ce sujet, il risque de péter un câble.

– Écoute Ethan, détend toi.

Il ne se calme pas, bien au contraire. Bon sang, il va réveiller mes parents ! Et ça, c'est la chose à éviter. Premièrement, ils vont se demander pourquoi Ethan est là. Deuxièmement, ils vont prévenir sa mère.

– Pourquoi tu t'énerves, il n'y aucunes raisons de...

– De tout foutre en l'air ? De gueuler ? répond-il en me coupant la parole.

Je hoche la tête, doucement. Je lui souris. Ce n'est pas provocateur, mais c’est plus un geste pour le rassurer. Visiblement, ça ne marche pas.

– Tu me fais chier, d'accord ?! Tu me provoques, sans arrêt. Tu fais ressortir tous... tous les mauvais souvenirs.

Je veux m'enterrer, devenir invisible, plutôt que d'affronter son regard empli de larmes.

– Quels... mauvais souvenirs ? Pourquoi moi ?;

– Tu es trop souriant, trop joyeux ! Tu fais comme si le monde était rose ! Mais merde, merde, putain de merde ! Je peux pas. Je peux plus, rester avec toi, te parler. Ma vie, c'est de la MERDE, ok, tu m'entends ? Et tu ne fais que me le rappeler, à travers tes gestes, à travers ta voix.

– Tout ça parce que je suis.. joyeux ?

Je crois que je n'arriverai jamais à comprendre ce qu'il se passe dans son esprit. Je suis dépourvu de logique, alors résoudre cette énigme nommée Ethan, va m'être impossible. Ce que je sais, que j'ai su rien qu'en l'observant, la première fois, c'est qu'il cache des secrets au fin fond de son âme, et que cette dernière est totalement brisée, anéantie. Et aussi con que cela puisse paraître, j'ai envie de le sauver. De lui redonner la joie de vivre. Parce que bon sang, je sais qu'il n'est pas méchant, il se sent juste très mal. Je ne sais pas si je suis le seul à avoir remarqué cela, à avoir entrevu ses fêlures, même s'il tente de les dissimuler. Je ne prétends pas être un jeune homme parfait, ni un preux chevalier. Mais je me dis, que peut-être, je peux essayer, essayer de réparer son âme toute brisée. J'espère réussir.