49. ethan

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***

Je pleure comme un con et je me sens faible. Devant Roxanne, devant Shawn. J'entends les ambulances arriver. J'ai tellement honte, de ce que j'ai fait. C'est ma faute, comme toujours. Mais est-ce que j'avais le choix ? Lever la main sur moi c'est une chose, mais sur Shawn, c'est encore pire. Je ne pouvais pas le supporter. J'accepte d'être blessé mais je ne veux pas que les autres souffrent à ma place. C'est pour cette raison précise que je ne voulais pas d'amis. On ne peut pas toujours les sauver. Je sens mon ventre se tordre sous la douleur, mon corps tremble. J'ai des sueurs froides et mes dents claquent. J'aimerais m'enterrer, disparaître, laisser ce massacre à quelqu'un d'autre, j'en ai déjà trop vécus.

  Shawn tend une main vers moi, tente de me soutenir mais je le repousse et m'écroule sous mon propre poids. C'est pire que l'alcool. Ce n'est pas le monde qui tourne cette fois-ci, c'est moi. Je m'enfonce. J'ai quelques hauts le cœur, puis je vomis.

  Je suis faible, je déteste cette sensation. Plus rien n'existe autour, quelqu'un me parle, je ne sais pas, l'ambulance est là, peut-être, je ne sais pas. On m'écoute, je ne sais pas, mais je parle, d'une voix rauque, dénuée d'espoir.

– Je vomis parce que je stresse et je stresse parce que je vomis, c'est dingue. Je suis dingue. J'ai vraiment un putain de problème.

  C'est comme si une centaine de personnes était enfermée dans mon esprit et criait, criait, encore et encore. Une multitude de bruits virevoltent dans ma tête. Comment les faire taire ? Je pose mes mains sur mes oreilles mais ça ne change rien.

  Puis, on me soulève du sol. Ça, je le sens. A cet instant, je me rend compte que j'avais les yeux fermés. Un homme en blouse blanche se tient devant moi, je ne le connais pas. A quelques mètres, je perçois l'ambulance. Plusieurs personnes s'activent devant la porte pour y faire rentrer un brancard. Ma mère est dessus, je suppose... Depuis combien de temps suis-je sur le sol, à la limite de l'inconscience ?

– Jeune homme, vous allez devoir monter avec nous et sur le chemin je vais vous poser des questions auxquelles il sera important de répondre, dit-il froidement.

J'ai terriblement froid, j'ai beaucoup transpiré et il y a du vent. Je jette un coup d’œil à Shawn, qui me fait signe que tout va bien se passer. Pourquoi me ment-il ? Il sait que c'est faux. J'observe cet homme au visage de marbre. Et si je lui foutais mon poing dans sa gueule, est-ce qu'il serait toujours aussi figé ? Je le fusille du regard.

– C'est pas ma faute, dis-je.

C'est totalement ma faute. Mais je ne peux plus. Ça me tue de l'admettre, vraiment, mais j'ai besoin d'aide.

– Légitime défense, je complète. Et puis, elle est violente avec moi. Souvent.

Mais qu'est-ce qu'il me prend ? Qu'est-ce qu'il va advenir de moi, maintenant ? Tout est dévoilé. Tout le monde sait. Même ce connard d'ambulancier.

– D'accord, répond-il simplement. Venez avec moi.

On monte dans l'ambulance. L'espace est exiguë et tout est blanc. L'ambiance est mortel. Pas qu'elle soit cool, non, ce que je veux dire, c'est que ça sent la mort. Le camion démarre, il roule vite. Je me sens mal à l'aise, avec tous ces médecins et puis ma mère allongée au milieu. Elle est inconsciente, elle a perdu beaucoup de sang. Je l'ai bien amochée et puis faut dire qu'elle est assez faible, en ce moment. Enfin, depuis longtemps maintenant. J'aurais pas dû faire ça. Mais sur le moment, j'ai vu ce geste comme ma seule option. C'est parti tout seul.

Overdose sentimentale Où les histoires vivent. Découvrez maintenant