13. ethan

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***

Il est là, avec sa veste en jean trop grande et ses lunettes ovales bancales, adossé contre la grille du lycée, l'air inquiet. IL jette des coups d’œils furtifs autour de lui, comme s'il avait peur de quelque chose, ou de quelqu'un, peut-être. Il a ses mains crispées sur les hanses de son sac à dos, serré au maximum.

Simon n'est pas du genre à attendre que ça sonne pour rentrer, en général il préfère aller en cours et patienter dans la salle, ou devant.

Je suis un gars antipathique, associable, et Simon me semble si fragile, que si je m’approche trop de lui, il explosera. C'est certain. Je suis une bombe à retardement.

Je dois m’éloigner de lui. Partir avant qu'il ne me voit et m’attrape à travers les mailles de son filet. Quoique, ce garçon est tellement timide qu'il n'osera jamais m’aborder de son plein gré.

Je m’apprête à partir, quand soudain, je capte son regard lumineux. Ce dernier transperce mes pupilles. Il est en détresse, je le lis dans son regard, sur ses traits tirés. Il m'observe comme si j'étais son sauveur, que nous étions dans un monde apocalypse et que j'allais le prendre sous mon aile, l'extirper de sa situation difficile. Mais mec, figure toi que je suis pas la meilleur personne pour faire ça. Je ne suis pas un chevalier, je suis un méchant dragon qui peut cracher des flammes à tout moment, sans même m'en rendre compte. Un jour, je vais devenir dingue, c'est sûr.

Je franchi la grille du lycée, évitant son regard. Mais, à peine ai-je fait un pas, que je sens une pression sur mon épaule. Je me retourne, c'est Simon. D'où lui vient cette audace ?

Il se replace les lunettes dans un geste maladroit et se recoiffe, avant de déclarer, le souffle court :

– Où est Théa ?

Je suis étonné. Il me demande où est Théa, qu'est-ce que j'en sais moi, et surtout, qu'est-ce que j'en ai à foutre ?

– Pourquoi ? Vous voulez vous rouler des galoches ?

Son visage devient écarlate, et j'éclate de rire. Il est tellement drôle, quand il est gêne. Il bredouille une phrase incompréhensible, mais je le stoppe.

– Écoute, j'en sais rien.

– J'ai pas envie d'aller au lycée, dit-il.

Je le regarde de travers. Lui, ne pas aimer se rendre au bahut ? Il adore réviser, je le sais, ça l'intéresse. Il m'a aussi l'air d'un grand lecteur. Sa main est toujours sur mon épaule, et je sens qu'il frissonne. Putain, Simon est atteint d'une timidité maladive.

Il cligne de yeux, avant de continuer :

– J'ai un rendez-vous avec la psychologue scolaire.

Je soupire. Ce n'est que ça ? Les gens se font vraiment du soucis pour rien.

– Et alors ?

– J'ai pas envie d'y aller !

Sa voix dérive dans les aigus, comme un petit gamin. Il me fait penser à Shawn, mais en beaucoup plus introverti. Carrément introverti en fait. Bon sang, pourquoi je pense à ce con ?

– N'y va pas, alors. Sèche la séance.

– Non, je peux pas... non... j'irais où en plus ?

Sa voix tremble. Mec, secoue toi un peu !

– En ville.

– Seul ?

– Ouais. Ou avec ta petite copine. Théa.

– Non.

Je ricane. Il est trop innocent, trop sage, trop sérieux, ça fait presque peur. Je lui donne un coup dans les côtes.

Overdose sentimentale Où les histoires vivent. Découvrez maintenant