20. roxanne

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***

Shawn ne m'a pas reparlé depuis l'autre jour. C'est certainement pas moi qui reviendrait vers lui. Je ne lui ai rien fait. Il s'est énervé tout seul. Depuis qu'il a rencontré ce Ethan, je ne le reconnais plus. Il perd sa joie de vivre. À cause de lui. Peut être faudrait-il que j'aille remettre les choses en place avec lui. Que j'aille parler à Ethan, que je lui ordonne de s'éloigner de mon ami.

  Vraiment, cette fois, je n'ai rien fait. Que je l'insulte ne l'a jamais gêné avant, alors pourquoi maintenant? Il fait sa tête de mule, comme toujours. Il râle, râle, râle encore, puis revient vers moi. Il veut que je m'excuse ? Mon pardon ? Jamais. Je n'ai jamais dis «désolée, je m'en veux» à quelqu'un, ce n'est pas maintenant que je vais commencer. En même temps, je n'ai pas vraiment eu de disputes dans ma vie. Quand les gens s'énervent contre moi, ils reviennent. Parce qu'ils savent que je suis direct avec tout le monde, que je dis ce que je pense sans filtre, que je jure à tout bout de champs. Moi ? C'est simple, je m'énerve contre beaucoup de gens. Ça veut pas dire que je leur fais la gueule.

  Je fouille ma penderie à la recherche d'une belle fringue. Je décide de porter une jupe avec un débardeur, le tout assorti de ma veste en jean. C'est aujourd'hui que Thomas va m'ammener sur le lieu qu'il a qualifié de «joli»... je ne sais pas du tout où nous allons. Peut-être la jupe n'est-elle pas adéquate... Les jupes et les robes, c'est bien beau, mais c'est pas du tout pratique. En soirée par exemple, retenez mon conseil, ne vous habillez pas comme ça. Surtout si vous prévoyez de boire comme des trous... je parle d'expérience. Ma première soirée, en seconde. J'étais revêtu d'une belle robe noire et de ma veste en jean, bien sûr (jamais rien sans elle). Je n'avais pas touché à une goutte d'alcool avant ça. Et... j'ai découvert le plaisir de boire. J'en ai abusé. Un peu. Beaucoup. Combien de personnes m'ont vu en culotte ce soir là ? Je ne comptais même plus.

  Thomas a une voiture. Avec lui je me sens grande, je me sens puissante. Il klaxonne et je sors de chez moi, toute souriante. Finalement, j'ai échangé ma jupe contre un jean, parce que je ne sais pas à quoi m'attendre. Il m'ouvre la portière.

— Quel gentleman !

— Toujours, répond-il.

  Il me sourit, puis démarre une fois que je suis bien installée. Nous roulons pendant quelques minutes sans rien dire. Ce silence devient gênant.

— Bon, tu m'ammenes où?

— Quand j'ai dis joli... ne t'attends pas à un lac ornée d'une végétation à couper le souffle.

— Ça m'aurait étonné de toi !

  Il rigole, moi aussi.

— De toute façon, en ville, je vois pas où on pourrait trouver un lac, dit-il.

— Pas bête, t'es pas si con finalement.

  Il détourne les yeux du volant quelques secondes pour me regarder, mort de rire. Je me surprends à penser qu'il est beau, comme ça. Il n'a pas de chemise, pas de chaine en or autour du cou, pas de gel dans les cheveux, pas de montre, juste un tee shirt blanc moulant sa silouhette. Il est simple, j'aime ça.

— Attends qu'on arrive, tu ne paies rien pour attendre !

Je lui tire la langue et il laisse échapper un «gamine». Je rigole une énième fois.

  Après une dizaine de minutes, nous arrivons à destination (enfin je suppose, vu qu'il s'arrête). Une fois sortie de la voiture, j'observe les lieux. En face du parking où nous sommes, un grand bâtiment sombre. Je le questionne du regard.

— Ne juge pas un livre sur sa couverture, dit-il. Tu verras quand tu seras à l'intérieur.

  Je hausse les épaules. Je lui fais confiance. Lui et moi, on a ce même goût pour l'aventure, la fête, je le sens. Je le connais que très peu, mais je sais qu'on va bien s'entendre. Sur les apparences en tout cas, on se ressemble.

Overdose sentimentale Où les histoires vivent. Découvrez maintenant