Chapitre 8 (REECRIT)

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ERAM

— Monsieur Peralta nous a contacté ce matin , il voudrait vous rencontrer en tête à tête. Il a une proposition importante à vous faire part , patron , déclare ma secrétaire au téléphone.

Je soupirais de fatigue. Ce monsieur ne m'a jamais inspiré confiance ! Certes , c'est un homme agé et respecté dans le pays mais j'ai la certitude qu'une chose louche se cache derrière ce portrait bienveillant.

— Très bien ! Organisez un rendez-vous ; demain à onze heures. Dans un endroit qualifié bien sûr , conclus-je en raccrochant.

Je me jette sur ma chaise de bureau. Je passe une main sur mon visage fatigué par le manque de sommeil ! Ces temps-ci , je n'arrive pas à dormir , des cauchemares me réveillent en pleine nuit. Tous , concernant la mort de mes parents , de ma femme et de Benz.

Un sentiment de solitude se fait ressentir dans mon coeur. Ça a été très difficile de sortir de la depression dans laquelle j'étais plongée , il y a quelques années. Mais aujourd'hui , tout va pour le mieux ! Je réussis bien que mal de maîtriser mes émotions qui remontent à la surface à chaque fois que je me retrouve seul dans cette pièce.

Toc toc toc.

Je me redresse à la hâte , revenant à la réalité.

— Entrez !

La porte s'ouvre lentement sur miniscule silhouette aux cheveux bruns qui pénètre dans la pièce suivi de mon frère , Kenzo.

Mais que font-ils ici ? J'ai interdit tout accès à mon bureau et Kenzo le sait parfaitement bien. En levant les yeux vers lui , un sourire désolé s'affiche sur son visage.

— Re-bonjour ! s'exclame la petite brune. Je suis désolée de vous dérangez mais ...

— Kenzo ! Que faites-vous ici ? Tu sais très bien que c'est interdit d'entrer dans mon bureau.

Il lève ses mains , signe de s'innocenter.

— Ce n'est pas moi , Eram. C'est elle qui a insisté !

Je sens une colère noire remplir mes poumons. Elle n'a pas le droit d'être ici !

— Hm , lâche-t-elle.

Mon visage pivote vers le sien. Ses yeux de biche me fixent. Une sensation apaisante , s'impose immédiatement en moi et ma colère s'évapore ! Rien qu'en la regardant , elle attenue mon émotion.

Qu'est ce qu'elle me fait ?

— On est ... désolé ? Ouais , on s'en va. De toutes façons cette pièce me fait peur !

— Comme sa chambre , lance Kenzo indiscrètement.

Pardon ?

— Oh , pardon ! Je pense qu'on devrait partir maintenant. Yohann , tu me suis ? On va aller faire un tour dans le jardin.

— Sortez ! Tout de suite ! hausse-je.

Il se retourne mais la brune ne le suit pas. Au lieu de ça , elle s'approche de mon bureau toujours ses yeux fixés sur moi.

Je la regarde faire sans réchigner. Qu'est ce qu'une miniscule petite chose peut-elle me faire ?

— Écoutez , on vient de vous dire qu'on est désolé , d'accord ? C'est pas la peine de nous chasser comme des bêtes !

Son ton monte en crescendo.

Attendez ... elle crie sur moi , là ?

-— Yohann ... supplit Kenzo.

Elle relève sa tête et me prend de haut. Cette fille joue un peu trop avec le feu. Elle pose ses paumes de main sur chaque extrémités de ma table et approche son visage , sans me quitter des yeux.

Merde ! Pourquoi je ne réagis pas ?

— Je m'en doutais , chuchote-t-elle avant de se détourner.

Elle se doute de quoi ? Sait-elle pour le travail de son père ? Je ne pense pas.

— Ne mettez plus jamais vos pieds ici , Benz ! grince-je entre les deux.

— J'ai pris bonne note ... Dracula.

Un silence de plomb tombe dans la pièce. Comment ose-t-elle ? Je quitte derrière mon bureau pour aller me planter devant elle. Elle n'a pas bougé sauf son regard qui devient de plus en plus perçant.

— Kenzo , tu peux partir ! J'ai deux mots à dire à la petite. La visite est terminée.

— Quoi ? Vous me traitez de petite ! Vous vous foutez de ma gueule ! s'écrit-elle.

— Yohann , calmes-toi ! lui dit Kenzo.

Les yeux de Benz oscillent entre Kenzo et moi. Elle serre ensuite ses poings en se mordant la lèvre inferieure.

— M-mais... d'accord , obtempère-t-il avant de sortir du bureau.

— Quoi ? Mec , tu vas pas me laisser avec Dracula quand même ! rajoute-elle. Kenzo ! Kenzo !

Kenzo murmure un petit désolé puis sort de la pièce.

Quand la porte se ferme , j'agrippe le bras de cette gamine et lui colle brusquement au mur. Bizzarement , elle ne réagit pas. Elle se contente de me fixer. Cette chaleur qui s'est immicée en moi , n'a rien avoir avec de la colère ! C'est une sentation delicieuse qu'elle me procure.

Mais qu'est ce que ...

— Vous me faites mal , murmure-t-elle.

— Tant mieux.

Elle ne tente pas de se débattre , comme si elle attend que moi-même je réagisse. Son petit corps augmente de température et ses joues rougissent délicatement. Ne pouvant plus supportant cette chose , je la lâche.

— C'était pas trop tôt ! lance-t-elle avec un sourire narquois.

— Sors immédiatement de mon bureau ! hurle-je assez fort pour que cela puisse lui coller au crâne.

Je ne contrôle plus ma colère , c'est ça mon défaut ! Benz ne bouge toujours pas , elle s'avance vers moi après quelques secondes , la tête bien haute.

Elle a le don de me bouffer les nerfs cette gamine.

— Vous croyez que parce que vous êtes le chef , qu'on doit tous vous obéir comme des pantins ? Je suis navrée , mais je ne joue pas à ce jeu là figurez-vous.

Pas croyable ! Elle n'a pas peur de ce qui peut lui arriver si elle continue ? Une idée florissante pour la calmer me vient en tête.

— J'oubliais , débute-je. Sonia m'avait clairement prévenu de votre problème de tête. Alors , écoutez bien ce que j'ai à dire , pauvre fille qui n'a pas toute sa tête ; on ne joue pas avec le feu. N'as-tu pas peur de te brûler ?

Mes paroles ont dû fortement lui toucher parce qu'elle écarquille les yeux et ses mains tremblent légerement. Son expression de dur-à-cuir se tranforme en celui de fille fragile.

Elle fait un pas en arrière puis un autre puis encore un autre et arriver dos à la porte , elle lève ses yeux vers moi.

— Vous êtes le diable en personne. Vous avez beau me blesser avec des paroles mais ce n'est pas ça que je redoute le plus ! Mettez-vous bien ça dans la tête , monsieur Guess.

Et elle sort de suite. Le calme se réinstalle et mes pensées noires refont surface. Cette fille est complètement tarée ! Elle ne se laisse pas faire et je dois y remédier à ça très vite. Ici , c'est moi qui donne les ordres et personne d'autre.





J'ai raté un battement ( REÉCRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant