Aujourd'hui premier mai, c'est mon anniversaire. J'entends la même expression que toutes les années. Celle qui m'intrigue chaque fois un peu plus. "Ferme les yeux et fais un voeux". Je ferme pour le faire comme le veut la tradition mais cette fois-ci mes pensées m'envahissent. Je ne peux plus rien faire d'autre que réfléchir. Déjà, votre histoire de voeux, c'est bien beau, mais est-ce que ca marche ? Et ensuite je dois faire mon égoïste et faire un voeux du style "sortir avec le plus beau du lycée" ou est-que c'est LE voeux comme la paix ou la fin de la faim dans le monde ?
Une note plus fausse que les autres du fameux "joyeux anniversaire" me ramene dans ma salle à manger où un grand nombre de ma famille chante. En refermant les yeux je me rappelle d'anciens anniversaires. Assez similiaires d'ailleurs je dois dire. La même tablée de gens que j'aime. Le même mélange de fierté, d'émotions et peut-être même de tristesse dans les yeux de mon père qui voit qui je grandis.
Je me demande justement s'il a raison d'être fier. Je me faufile dans mes profondes pensées, oubliant presque mes proches et leur chant. J'en arrive à cette époque où "anniversaire" n'était qu'un synonyme de cadeaux tout comme l'était Noël, mais en mieux bien sûr car les cadeaux ne sont que pour moi. Maintenant c'est plutôt "qu'est ce que ça fait d'avoir un an de plus ?" ou "ça grandit dis donc, bientôt la majorité !" Ces questions anodines pour tous, qu'on pose presque par formalités mais qui me torturent l'esprit.
Je ne vois pas le temps passé. Tout va trop vite. Je me rends compte que le "comme si c'était hier" est de plus en plus lointain. Cette époque où mes seules blessures étaient mes genoux ou mes coudes écorchés. Celles à la lame sont bien plus dur cicatriser. Je repense à une phrase d'une amie, "grandir en maturité n'est-il pas perdre en libertés ?" Cette époque me manque. Je réalise que ce sera de pire en pire. Si ça me manque à 16 ans qu'est ce que ce sera à 20, 30 ou même 40 ans ? Enfin.. si je suis encore en vie. Je me dis que bientôt ce sera mes yeux qu'on regardera pour y trouver le mélange. J'arrive pas à croire que je devrais prendre un menu adulte au restaurant maintenant. Toutes ces choses qu'un adulte fait parce que c'est son rôle mais que je ne veux pas faire, que j'ai peur de faire. Voilà je l'ai dit j'ai peur de grandir. Je ne veux pas choisir un métier, avoir un appart' dont je devrais m'occuper seule, payer les courses en me demandant s'il y aura assez pour les factures, vieillir et me rendre compte que mes parents ne sont pas immortels. Je veux rester enfant. La vie active me fait peur. Non. En réalité la vie elle-même me fait peur. Je passe mon temps à me demander quelle prochaine horreur va m'arriver. Plus je grandis plus je me rends compte de l'horreur du monde. Il se dégrade aussi vite que je gâche ma vie. "Gâcher ma vie"... Ça y est je l'ai mon voeux. Je souffle mes bougies me demandant s'il y en aura encore.Andréa G.
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Journal d'une ado déprimée
Poesíaun journal comme les autres d'une ado comme les autres mais en beaucoup plus sombre 😁 # 81 dans la catégorie Poésie le 30/09