Chapitre 9.

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    L'inspecteur Martino m'invite à monter dans sa voiture, accompagnée de deux autres gendarmes. Lorsque l'un deux met le contact et commence à faire avancer ce tas de ferraille noir bien polluant, l'inspecteur se tourne vers moi et me fait un sourire d'encouragement. Du courage, il m'en faut. Je ne sais pas ce qui m'attend là dedans, je ne sais pas ce que je vais y trouver, mais j'ai envie d'un sens que cette histoire de détournement de fond soit réelle. J'ai envie qu'il pourrisse en tôle pour tout le malheur qu'il m'a fait subir durant ma jeune vie. Je le haïs plus que tout, pour toutes les crasses qu'il m'a faites. D'un autre sens, je n'ai pas envie que ce soit réel, histoire de ne pas avoir des gens qui me collent au train pour savoir ce qu'il s'est passé, si je tien le coup et si je suis toujours aussi riche que mon père.

Lorsqu'on se gare devant et que les policiers descendent avant moi, les gardes les arrêtes.

« Même avec mandat, vous ne rentrerez pas. »

Je sors du véhicule et je regarde le garde.

« Leur mandat, c'est moi, George. »

Il soupire.

« Votre père nous a dit de ne pas vous laisser rentrer.

- Très bien, je vais appeler Ioann, peut-être que lui, il rentrera ? »

Il affiche une mine désolée, mais il finit par se décaler. On rentre alors dans l'immeuble et on monte jusqu'au bureau de ce pauvre con. Lorsque l'on rentre à l'intérieur, je laisse les policiers faire leur métier, pendant que mes yeux se baladent sur la bibliothèque. Cependant, ils sont déçus de ne voir que des livres de politique et de droit. Quelque chose m'attire l'œil. Un album photo, à la couverture dorée, qui trône sur son bureau. Lorsque je m'en approche, je l'attrape et je regarde la côte, ayant peur de regarder la couverture. Mes yeux se baladent et finissent par tomber sur un mot : Irina. Intriguée, je regarde la couverture et je suis étonnée de voir écrit : Irina Ivia Satanov. Je l'ouvre et je tombe sur la toute première photo : moi, venant de naître, dans un pyjama jaune et un petit bonnet, dans les bras de ma mère qui me regarde avec amour. Je tourne les pages et je tombe sur la dernière photo avec ma mère. A côté, il y a un petit texte que je lis.

« Elle m'a dit que ça ne servait à rien d'être riche lorsqu'on est riche d'être un père, mais je n'ai pas eus le temps de lui dire que j'étais l'homme le plus riche au monde parce que je suis riche d'un fils, d'une merveilleuse fille et d'une femme. Ivanna, ma dernière fille, maman n'est pas morte en te donnant naissance, c'est bien pire que ça. Maman est morte parce que je n'ai pas bougé lorsqu'elle m'a dit qu'elle était en danger. J'étais au travail, et j'ai vu son message bien trop tard. »

Une larme coule le long de ma joue.

« Tout va bien ?

- Hum, oui. »

Alors ce connard a en plus menti à Ivanna ? Et à nous tous d'ailleurs ? Est-ce qu'Ioann le sait ? La rage monte en moi, comme si j'allais exploser.

« Mademoiselle, est-ce que vous connaissez les échanges entre votre père et les professeurs de votre fac ?

- Heu... non ?

- Venez lire, je crois... »

Je fronce les sourcils et je me dirige vers l'ordinateur. Je pose le livre et je regarde un e-mail.

De : Flavien Marto.

A : Ivan Satanov

Objet : Irina.

Monsieur. Sous votre respect, je ne peux plus rien faire pour votre fille. Elle n'a aucun talent pour la philosophie, elle vit dans un monde totalement parallèle qui n'a rien n'à voir avec la réalité. Ça me fait mal de devoir lui donner des bonnes notes.

Retour :

Eh bien, je vous donnerais le double, que voulez-vous que j'y fasse ? Je n'ai pas envie que cette sotte se retrouve dans rien.

De : Ivan Satanov

A : Hugo Kane.

Objet : Irina.

Je sais à quel point ma fille manque de talent, mais je suis prêt à vous payer une belle somme pour que vous lui permettez d'obtenir son diplôme.

Retour :

Monsieur Satanov, vous devriez reconsidérer le cas de votre fille. Je ne sais pas son talent dans les autres matières, mais les notes que je donne à votre fille sont méritées : elle a du talent, ne le niez pas.

Je m'effondre en larme. C'est une blague, hein ? Ce n'est pas la réalité, je vais me réveiller, pas vrai ?

« Hein que c'est pas vrai ? »

Martino me lance un regard désolé, et mon sang bouillonne. Je me lève et je commence à trembler de toute part.

« Mademoiselle...

- Je suis en cinquième année, à quelques mois de mon diplôme, et je découvre que je suis une sous merde en philosophie et que mon père donne des pots à mes profs pour me donner des bonnes notes ? Comment voulez-vous que je le prenne, inspecteur ? »

Il s'approche de moi et me frotte gentiment le dos.

« On a découverts d'autres choses, vous voulez savoir ?

- Evidemment.

- Eh bien... les choses que l'on reprochait à votre père sont vraies, hélas. Il y a des preuves sur son ordinateur qui ne trompent pas.

- Foutez-le en tôle, et qu'il y crève ?

- Irina ? »

Je me retourne vers mon père qui vient de rentrer.

« Mais qu'est-ce que tu fais ici ?

- Tu n'es qu'une ordure ! Tu paies mes profs ?! Tu n'as même pas bougé ton cul pour sauver maman et en plus de ça, tu es vraiment un connard qui n'en a pas assez de ton argent ? Mais putain va crever tu me dégoûte !

- Irina, écoute-moi...

- JE NE T'ECOUTERAIS PAS ! TU N'ES PAS MON PERE !

- Monsieur Satanov, nous vous arrêtons pour tout ce que vous avez fait. »

L'image la plus douloureuse que j'ai pu voir : mon père se faire menotter et trainé hors de son bureau, en train de me supplier de le croire qu'il n'a rien fait.

Mon cerveau se refait cette scène au ralenti chaque matin lorsque je me réveille, chaque soir lorsque je m'endors, chaque instant où je me rappelle être une Satanov.

Il m'a détruite, anéantie, annihilée.

Comment peut-on faire une chose pareil lorsque l'on a déjà tout l'argent que l'on veut, et lorsque l'on est tout en haut de l'échelle ? Là, il vient de redescendre encore plus bas que la terre. De toute façon, il n'a jamais été très en hauteur pour moi.


Chapitre très court, mais la suite arrive très vite :p

La Littéraire et le Guitariste Tome 1 : SecretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant