Phobie Sociale. [NamGi]

Partie 8.🗣Pris au piège.🗣

«Nous sommes toujours bon, lorsque nous sommes heureux. Mais nous ne sommes pas toujours heureux lorsque nous sommes bons.»

Le portrait de Dorian Gray

Oscar Wilde

<<Il est temps de déposer les armes, Yoongi.>>

Je me souviens de cette phrase que j'ai eu le loisir de lire une fois. Elle disait que le plus grand des poètes ne vivait pas de la manière la plus poétique, qu'au contraire l'originalité qu'il manquait à son oeuvre se retrouvait dans son existence. J'avais ri, je m'en rappelle très bien, comme s'il s'agissait d'hier, parce qu'à cette époque je ne comprenais pas toute la richesse de ces lignes.

<<Il est temps de parler.>>

Je pense que ça m'effrayait un peu même de me dire que le plus talentueux des hommes n'était qu'un guignol sans importance, comme moi. Je ne pouvais tout simplement pas y croire, je ne pouvais pas considérer toutes ces étoiles de la sorte.

S'ils n'étaient rien, alors, qu'étais-je ?

<<Ce n'est pas en restant enfermé dans ta coquille que tu iras mieux.>>

Oui, je pense que ce n'était qu'une pensée égoïste.
Je ne voulais pas les considérer plus que quelqu'un d'autre, je voulais seulement me rassurer sur ma personne.
S'ils étaient au dessus de la moyenne, j'étais une partie de cette moyenne.
S'ils n'étaient rien alors que les yeux du monde se posaient sur eux, je n'étais que plus infime que ce rien qui me blessait.

Qui y a t'il de pire que cela ?

<<Je vais devoir employer les grands moyens...>>

Je pense qu'au plus profond de moi j'ai toujours voulu briller comme eux.
Avoir un talent particulier, un truc pas commun.
Pas pour gagner de l'argent, juste pour être différent.
Pour ne pas ressembler à toutes ces tâches difformes qui jonchent les rues.
Ça me fait peur, le monde des adultes, je ne veux pas vivre sans passion, fané.
Ça a l'air tellement difficile, je ne suis pas sûr d'en vouloir.

En étant singulier, en vivant comme personne, dans ma bulle, je n'avais pas besoin de m'inquiéter de tout cela.

<<Yoongi tu m'écoutes ?>>

Ouais, c'était ma couverture anti-feu, j'étais bien en dessous, je ne vivais pas mais éteindre le feu ne me tentait pas. C'était une dictature intérieure qui me convenait.

<<Putain...Yoongi...>>

La mécanique artificielle de mon existence me suffisait,
mes fausses bonnes pensées aussi,
ma haine m'animait.

Sans tout cela, je ne suis plus rien.
Pas même l'ombre d'une idée.
Il ne reste que Min Yoongi,
mais Min Yoongi est mort.

Trop de responsabilités pour une si frêle carrure.

<<HEY ! YOONGI!>>