Phobie Sociale. [NamGi]

Partie 13. 🗣 Ta gueule 🗣

"Les déménagements sont les mouvances de l'existence. Ça bouleverse, ça empêche l'habitude."
Louise Portal

Il ne veut pas se taire cinq secondes ?

"Debout la marmotte ! Nous avons du pain sur la planche ?"

J'ai mal dormi, et par la faute de qui ?
J'ai pas besoin de faire un dessin.
Cet imbécile bouge dans son sommeil.

Parce que, oui, il veut pas d'un deuxième lit dans SA chambre.
Soit disant que ça lui prendrait trop de place.
En attendant, son gros cul dans le lit, ça prend tout autant de place.

"Je t'entends râler d'ici. Lève toi Yoongi."

NON, J'AI PAS ENVIE.

"Sinon, c'est moi qui te force à sortir de sous les couvertures."

Bon, ok, je bouge. Sale renard avec tes menaces.

"-J'ai une condition

-Laquelle ?

-T'achètes deux lits.

-Pourquoi faire ? Quand tu vas partir j'en ferai quoi, moi, du second lit ?

- Ce que tu veux, mais, si tu le fais pas, je  dors plus ici.

-Je tremble , j'ai peur, le grand Yoongi m'inquiète énormément.

-Sans rire...Je vais finir chèvre si je me repose pas correctement.

-Et moi taureau si tu te grouilles pas.

-Depuis quand un psychologue parle comme ça ?

-Depuis qu'il a un gosse de six ans sous son toit."

Il m'agace.

Sans volonté, le teint blafard, les sourcils froncés, la bouche pincée, je me levais comme demandé. Je ne savais même pas pourquoi j'obéissais, rien ne m'obligeait à suivre les ordres tyranniques de ce singe déguisé en homme. Il faisait le fier, là, debout, juste devant cette création de dieu qu'il me forçait à abandonner pour une viré shopping qui ne m'intéressait que peu. 

Furibond, sans me contrôler, j'attrapais le premier oreiller qui me tombait sous la main avant de le lui envoyer en pleine face. Et toc, ça lui apprendrait à se comporter ainsi. S'il pensait que m'embêter ne risquait rien, il n'avait plus qu'à changer d'avis. 

Ce que je déteste le plus en ce moment, ce n'est pas mes gestes irréfléchies, c'est ma joie. Je ne dois pas sourire, je ne dois pas rire, mon monde n'est - il pas plus beau, plus réaliste, avec un peu de crasse ?

Je ne veux pas prendre le temps de respirer, de me prendre d'affection pour un schéma qui ne sera plus mien dans peu de temps. Dans un futur proche, tout cela disparaîtra, mes élans de bonne humeur ne seront plus qu'un vague souvenir qu'il me sera douloureux de regarder.

Je veux vivre de restrictions, pour ne pas regretter, comme le pauvre qui prend l'habitude de ne pas manger pour ne pas ressentir la faim, le manque, je ne veux pas me laisser atteindre par des sentiments qui partiront aussi vite qu'ils se seront présentés.