YG Journal - Une autre page, un mauvais virage, en proie d'un mirage

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J'ai cru mourir ce jour là, comme toutes ces autres fois. L'enfer s'est ouvert devant moi, je n'ai pas osé franchir le pas.

Tu sais, ce n'est pas quelque chose que je décide, ce n'est pas quelque chose auquel je pense, je n'ai pas le contrôle sur tout, pas sur ça, j'agis sans réfléchir, je me blesse sans le vouloir.

Il y a une force supérieure qui me pousse à me mouver dans le sens contraire de ma raison, il y a ces instincts dénaturés qui m'empêchent de tout t'expliquer. Je ne sais pas pourquoi je me comporte de la sorte, ce n'est pas un sujet facile, je n'arrive pas à mettre des mots dessus, j'ai déjà essayé, sans succès, il n'y a rien de plus que des feuilles déchirées qui sont ressorties de ces tentatives.

Parfois je me dis que ce n'est rien de plus qu'une révolte, qu'un mécanisme de ma tête pour me prévenir que je fais fausse route, que je m'éloigne du chemin que je veux arpenter. Je me dis que ce n'est rien de plus que la manifestation de mon intelligence, qu'elle me fait parvenir son savoir en me déclenchant des douleurs insoutenables, dévastatrices qui me touchent et me plient selon leur bon vouloir. Je te promets que ce n'est pas une utilisation particulière de mon libre arbitre, je suis assujetti par des pulsions, victime de ma raison et de mon corps.

Namjoon, je me demande si toutes les personnes malheureuses sont comme moi, si je dois m'inquiéter, si je suis réellement malade ou juste tiré vers le bas par une tristesse absolue dont je n'ai pas la source. Quand je me rends compte de mes actes, quand je mets la lumière sur mon attitude, sur mes gestes vilains, je me demande si je suis sain. Je ne pense pas qu'un homme en pleine possession de ses moyens agirait comme moi, même dans la détresse, mais je ne suis pas certain qu'il se priverait pour autant de reproduire mes caprices. Je ne sais pas si c'est la honte de ce que je fais subir à ma personne qui me fait me dire que je suis probablement fou, ou si c'est ma raison qui pointe du doigt ce qu'elle semble trouver évident. Suis-je malade ? Fou ? Hors de la norme ? Ou juste désemparé, désarmé face au monde et ce que j'y vois ?

C'est ce genre de questionnements qui me coupent de la réalité par moment, qui me déstabilisent et me retirent toute confiance en communauté. J'ai peur d'être un livre ouvert, j'ai peur d'être bizarre, différent de la moyenne, de laisser parler ces pulsions en étant avec autrui. J'ai la crainte du jugement, du regard, des mots à mon égard. Je suis une boule nerveuse, stressée, qui cache son fond de commercer en arborant une rigueur et un sale caractère. Je ne suis rien de plus que du paraître, je n'ai jamais laissé mon être briller pour ne pas que l'on me blesse. Je suis sensible, fragile, sentimental, émotionnel et je ne fais que montrer le contraire pour ne pas que l'on m'approche dans mon entièreté.

Tu sais, parfois, je voudrais pleurer à la place de me mutiler, je voudrais crier que ça ne va pas pour que l'on me vienne en aide. Mais, et c'est étrange de se dire qu'il est plus simple de se briser que d'appeler, je n'y arrive pas. J'ai honte de cette faiblesse, j'ai honte de ce que ces troubles représentent, je veux être fort et montrer que je suis capable d'aller bien par moi-même. Je me ments et je crois davantage en mes mensonges qu'en la vérité. Bien évidemment que ce n'est pas possible seul, heureusement que je ne peux pas me soigner sans tenir une autre main que la mienne, le contraire serait particulier. Je manque d'objectivité, je ne peux pas être mon propre objet, je ne peux me représenter comme je suis dans l'oeil d'autrui, j'ai trop d'informations pour m'aimer, j'en sais beaucoup trop pour m'apprécier et en même temps je ne connais pas assez l'humanité pour me déprécier totalement. Je fais probablement des erreurs de jugement, je comprends peut être les choses de la mauvaise manière, je grossis sûrement trop des petits détails et ce n'est pas en gardant tout cela pour moi que ça changera. Je ne le sais que trop bien.

Cependant, Namjoon, dès que je dois parler, je cache des éléments, je masque ce que je déteste le plus, je ne dis que la moitié. Même avec la meilleure des volontés, avec la conscience la plus vive qui soit, il y a une part d'ombre qui doit rester. L'homme n'est pas maître de tout, ce serait être arrogant et narcissique de dire que nous sommes en mesure de prendre le dessus sur tout, même sur nous. L'homme est faible, menteur et névrosé de naissance.

Phobie Sociale. [NamGi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant