J'ai fait le con, je ne peux le dire autrement.
J'ai salement merdé, j'ai pas su me contrôler.
J'ai attrapé cet objet, j'ai frappé ma jambe, encore et toujours plus fort, pour ressentir, pour me divertir, pour chasser ces pensées qui, petit à petit, m'ont poussé au pire.Allongé sur le carrelage sali de la salle de bain, les yeux clos, le souffle entrecoupé de sanglots, je ne peux m'empêcher de me haïr. Il a fallu que je cède, que je laisse parler cette petit voix, que je me retourne contre ma propre personne pour satisfaire mon monstre, celui qui me dirige, qui me fait être Individu et me donne en proie aux pulsions. Et, aujourd'hui, plus que de le détester lui et sa douloureuse réalité, celle qui me condamne à m'en prendre à mon corps, je m'en veux d'avoir trahi la confiance de Namjoon, de ne pas avoir su tenir une journée entière sans son regard braqué sur ma frêle carrure, de ne pas avoir compris au bon moment, de m'être abandonné aux mains pernicieuses de ce spectre à l'esprit dérangé.
Il va penser quoi, encore, de moi.
Il va m'en vouloir, regretter tous ses efforts, me demander de partir.
Ça va le briser, le décevoir, le rendre fou de rage.
Deux-heures, il n'est parti que deux-heures et, pourtant, c'était suffisant pour que je fasse l'imbécile.Une main sur ma poitrine, l'autre posée négligemment sur ma cuisse, j'ai envie de recommencer, de me blesser davantage, de laisser couler toute cette colère qui me constitue, qui fait réagir mes neurones, qui me tient éveillé, qui me coupe de toute lucidité. Il n'y a plus d'ombre, il n'y a plus de clarté, juste un flou, un fou, une enveloppe défaite sur un sol humide.
Je vais probablement devoir lui expliquer, lui donner des raisons, témoigner, faire sortir le meilleur de ma réflexion pour lui apporter des réponses que je ne connais pas moi-même.
Il ne me reste que le paraître, petite poupée devra donner la réplique, expliquer qu'elle ne voulait pas, qu'elle fera de son mieux, elle cachera le vrai, mettra en scène une remise en question, donnera à entendre ce que l'autre veut entendre, se complaira dans cette façade un temps et, progressivement, la boucle se rejouera, rapportant le même schéma, faisant correspondre passé et présent, tout cela par la faute de pulsions.
J'entends des pas pressés sur le sol, j'ai mis un sacré bordel partout, autant dans la cuisine, dans le salon, que dans la salle de bain. J'ai semé le doute, j'ai semé des graines pour montrer la voie, au cas où, ne sait-on jamais, que ma voix ne puisse raisonner à son retour. Je suis sceptique, incertain, je ne sais pas, ne sais jamais, il paraît que c'est une forme d'intelligence. C'est pour cela, à défaut de savoir ce que j'allais faire, par soucis d'idée, j'ai planté mes maux, j'ai dispersé des indices, pour que l'on puisse me retrouver et ainsi me conduire ailleurs, dans un endroit plus sain, moins dangereux.
"Yoongi ?"
Je suis là, je vais bien, je n'ai pas été trop loin, je ne suis pas méconnaissable, simplement détestable. Tu peux me retrouver, la piste est dégagée, la porte n'est pas bloquée, mes jambes sont figées, je ne peux pas m'enfuir, viens, gronde-moi et dis-moi que tout va bien, que tu n'es pas fâché, que ça va s'arranger, rassure-moi, ne me laisse pas là, pas maintenant.
"Yoongi ? T'es où ?"
J'ai fauté, c'est pas nouveau, je ne suis pas très original, ce n'est pas la première fois que je profite de ton absence pour dialoguer avec mon monstre, ce n'est pas une vision neuve que tu vas trouver sur le planché mouillé. Puis, j'en suis certain, ce n'est pas quelque chose que tu découvres, tu dois être habitué aux jeunes un peu mal qui tentent tout et n'importe quoi sans en comprendre la raison.
"Putain..."
T'es pas surpris, juste affolé. T'es pas énervé, juste désolé. Ça me fait du bien, je suis rassuré, libéré d'un poids qui me compressait le cœur depuis tout à l'heure, j'ai eu peur, tu sais. T'es content, t'es devant une édition limitée, t'es devant une performance involontaire qui se voit diffusée en intégralité devant tes deux soucoupes tremblantes, t'es la seule personne à pouvoir percer cette bulle, à avoir le privilège de contempler cette scène, t'es un spectateur favorisé.
"T'es pas croyable, c'est pas possible, faut que je te prenne avec moi même lorsque je pars en consultation ?"
Tu soupires, mais t'as l'air rasséréné, ce ne sont que des blessures de surface, je ne me suis rien cassé, je suis juste nauséeux, gonflé comme un ballon, avec une jambe qui, demain, sera pleine de bleus. Ça aurait pu être pire, vraiment, c'est une petite crise qui vient de passer, pas un ouragan. Y a rien de détruit, pas besoin de reconstruire, il n'y a qu'un travail de consolidation à faire.
"Yoongi, t'es vraiment...rah, puis rien."
C'est agréable, je ne culpabilise pas, je n'ai pas honte, ton regard est neutre, il ne m'envoie rien que je ne connaisse déjà, tu ne me juges pas, tu me comprends, j'ai envie de pleurer.
"C'était aussi long que ça ? Canaillou."
Mes yeux deviennent fleuves, mon corps se transforme en vague, toute cette amertume que je contiens, que je garde, se déverse en flots. J'ai le droit d'être faible ici, j'ai le droit de me montrer, d'être, de ne plus paraître.
"Je ne vais pas te féliciter, on sait tous les deux que ce n'est pas bien. Cependant, Yoongi, sache que je ne t'en veux pas et que je suis même reconnaissant que tu n'aies rien fait de plus. T'es pas obligé de m'expliquer, ce sont des choses qui arrivent, mais tu peux toujours venir parler quand tu le désires. Hum ?"
Je suis désolé, tellement, de m'être moqué de toi, d'avoir juré ne pas vouloir te connaître, d'avoir maudit mes parents, t'es la meilleure chose qui me soit arrivée, t'es la plus belle de mes rencontres, la plus riche de toutes, merci, vraiment.
VOUS LISEZ
Phobie Sociale. [NamGi]
Fanfic🗣Yoongi, dix huit ans, n'arrive plus à sortir de chez lui. Il ne sait pas quand est - ce - que tout cela a commencé, ni même quand ça prendra fin. Il attend, tout seul, que les choses se tassent. 🗣 🗣Mais ce n'est pas au goût de ses parents. Malhe...