Phobie Sociale. [NamGi]

Partie 15. 🗣Combien de chapitres encore ?🗣

"Si le noir et le blanc ne sont pas des couleurs, la vie est faite d'autre chose."
Personne

Il a réussi, le soleil cogne sur ma peau diaphane, le vent balaye les mèches de mes cheveux dans tous les sens, les bruits de la ville vrillent mes tympans, je vois loin, au delà des bâtiments faits d'un ciment pas frais. C'est amusant, la légèreté avec laquelle mes jambes suivent le rythme, elles sont comme déplacées par une conscience qui leur est propre, elles se mouvent sans que je ne le décide, guidées par les foulées énergiques du renard. Je ne parle pas, ne fais aucun son susceptible de traduire ma pensée, je me contente de marcher sur la gauche du pingouin civilisé en attendant d'arriver à destination. Je le sais, si je laisse défiler des mots, qu'importe sur quel sujet, je vais m'arrêter. Si je peux me déplacer, si mes bâtons d'os peuvent suivre la cadence, c'est parce que ce n'est plus moi. J'ai quitté mon corps pour mon propre bien, je lui laisse le choix, pour une fois. 

"Tu préfères commencer par quoi, les magasins de vêtements, ou on va directement chercher de nouveaux meubles ?" 

C'est comme si aujourd'hui je ne m'appartenais plus.
Je suis dehors sans le réaliser.

Ce n'est ni le présent, ni le futur et pourtant ça sera du passé.
Je ne sais pas si c'est bien ou non.

Je crois que Namjoon le vit comme une victoire, il sourit.
Il doit se dire qu'il a atteint la moitié, qu'il ne lui reste pas énormément d'étapes avant la fin.

J'hésite à lui dire que ce n'est pas vrai, que ce n'est que le début.
Si je suis sûr d'un truc, c'est que vivre dans le mensonge, c'est mauvais.

"Je pense que les meubles sont prioritaires, pas toi ? On peut les faire livrer, alors que les vêtements on devra se les coltiner jusqu'à la fin."

J'ai beau peser le pour et le contre, je ne sais pas.
J'ai peur de l'agacer avec mes doutes.

C'est une première pour moi, craindre pour une personne et non une foule.
Je suis plus inquiété par l'idée de le fatiguer, que par la possibilité d'être dehors pour une durée indéterminée.  

Le pire des schémas, ce serait dehors, mais sans lui.

Je pense que sa première réussite, ce n'est pas de m'avoir sorti, c'est de me pousser à l'apprécier. Je voulais plus m'attacher, prendre le risque de rencontrer de bonnes personnes, je voulais rester buté sur un principe que je savais erroné. Celui d'un misanthrope, celui qui dit que l'humanité est mauvaise, que l'homme est un loup pour l'homme. Mais, je suis obligé de l'admettre, Namjoon n'est pas un loup, simplement un renard, il est futé, sans pour autant vouloir blesser. La méchanceté gratuite, c'est un concept qu'il ne connait pas.

"La Terre appelle la Lune."

Sans être brusque, le plus vieux passa une main devant mon visage. Je devais être parti sacrément longtemps encore. De quoi me parlait-il déjà ? 

" -Oui ?

-Je pensais t'avoir perdu pour de bon cette fois-ci."

Ça ressemble à ça, se réveiller d'un coma ?
C'est comme si le temps s'était mis en pause pour nous attendre.
Rien n'a changé, le monde reste comme on l'a connu.
Il n'y a que le paysage qui semble avoir évolué, un peu.