Partie 21. 🗣Je suis sorti de l'illusion🗣

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J'ai lu un jour qu'il fallait boiter pour trouver la vérité.

...

«Yoongi, tu ne veux toujours pas parler ?»

Ce matin, Namjoon a exigé des explications. Je ne lui en veux pas, je lui en suis reconnaissant. Ce n'est pas en tant que psychologue qu'il me demande cela, c'est en tant qu'Homme, en tant que Namjoon. Il veut savoir, comprendre, parce qu'il s'inquiète de mon état, de ce que je suis depuis une semaine, et non parce que quelque obligation le poussent à se renseigner. J'aime penser les choses ainsi, me dire qu'il tient suffisamment à moi pour me brusquer, pour tenter de me libérer. Il risque notre relation pour me venir en aide, pour me contraindre à sortir mes raisonnements en mots. Namjoon est un Homme bon, un Homme qui connaît la complexité du monde, un Homme sensé qui sait que la beauté d'une amitié ne réside pas dans sa superficialité mais dans sa profondeur. Il ne suffit pas de rire pour se considérer proche, il faut être en mesure de pouvoir heurter l'autre dans les bons moments.

«J'ai peur, peur de ne pas pouvoir t'expliquer les raisons d'un tel comportement. Je me suis senti affreusement seul, isolé, incompris, je me suis détesté, affreusement, de n'être que l'illusion d'un désir, d'une vision que je projette et que je pense réelle. Namjoon, je veux changer, être une personne meilleure, mais je ne sais pas comment faire et ça me rend malade. Je me donne des priorités qui ne sont pas bonnes, qui me rendent malade, je sais que je fais fausse route, mais je n'arrive pas à arrêter le navire, il penche, toujours plus, de plus en plus vite, sans que je ne puisse le redresser. Je suis parti trop rapidement sur la mer, je suis monté prématurément sur une embarcation bancale, je coule et je ne sais pas comment m'en sortir sans laisser une partie de moi dans l'eau.»

Je peux me livrer, lui expliquer sans me sentir juger. Namjoon n'est pas une personne qui ne regarde que le premier plan, il a apprit à voir au travers d'une peinture, d'un trait, il perçoit les détails, la façon dont les traits sont tracé, comment le peintre a appliqué ses couleurs, comment il a su faire ressortir ou non certaines caractéristiques. Ce n'est pas lui que je dois craindre, il n'est pas là pour me rendre plus flou que je ne le suis déjà.

«Je pensais que ça allait, je pensais que j'en était capable, j'ai toujours cru que je devais vivre sans me soucier des autres. J'ai eu faux, mon isolement a tué le peu de raison qu'il me restait. Namjoon, je me suis tué en adoptant mon seul point de vue, j'ai tué mes capacités, j'ai oublié l'essentiel en me pensant au dessus. Je ne suis que ce que l'on veut bien faire de moi, le monde n'est que ce que l'on décide d'y voir. J'ai tué la réalité, mes représentations, je me suis englué dans une pensée dévastatrice et j'en suis venu à me haïr de ne plus rien comprendre, de ne plus être comme la foule. Je suis le fautif et la victime de mon repli.»

Il est ma bouée, celui qui doit me récupérer dans cette mer déchaînée. Il est la plus fidèle représentation de l'humanité, je dois me rattacher à lui, avancer en tenant sa main, il est mon médicament contre cette solitude que j'ai fixé à ma raison.

«J'ai compris, je pense avoir compris. Namjoon, j'ai compris, je te jure que j'ai compris mon erreur du départ. On ne peut pas s'isoler, on ne peut pas vivre sans autrui, même si autrui nous blesse, qu'il semble être un obstacle, il est important de ne pas le mettre de côté. Je ne peux m'accomplir seul, j'ai besoin de souffrir au contact des autres, je ne peux plus rester dans ma chambre, c'est elle ma véritable prison, mon véritable cauchemar. Ce n'est pas la foule, mais ce que je projette de la foule dans mon faux sanctuaire qui me tue. C'est ma vision faussée du monde et des autres qui me réduit à ce que je suis aujourd'hui. Je ne peux plus vivre dans ma chambre, je dois sortir exister pour apprendre à m'aimer.»

Namjoon est ce premier pas en avant, cette référence significative, ce soutien indispensable à tout Homme pour se retrouver dans ses moment de doutes. Il est celui qui me comprend le mieux, celui qui me plait le plus, celui en qui je dois croire. Ce n'est pas niais, mais vrai. J'ai besoin de lui, de ses encouragements, pour ne plus piétiner, pour avancer fièrement avec la tête relevée.

Je suis sorti de l'illusion.
Namjoon m'a sauvé.

Phobie Sociale. [NamGi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant