J'avais opté pour un cartable noir, j'y avais rangé des vêtements, des sous-vêtements, ma brosse en ambre que ma mère m'avait acheté, une montre de ma grand-mère et ma boîte à ruban. Je pris le sac sur mes épaules, des morceaux de tissu sortaient de celui-ci de çà et là, mais tout rentrait plus au moins bien.
Je redescendis les escaliers et attendis mes parents. Le soldat aussi semblait attendre quelque chose, je ne savais pas quoi jusqu'à ce qu'il me vît. Il me dévisagea avec une intensité qui me prit au ventre et qui me fit froid dans le dos.
Je vis son regard sur moi et sentis une onde de dégoût me traverser de part en part. Il avait un visage rond, des grands yeux et un nez en patate ainsi qu'un sourire malsain des plus déplaisant.
Il avait des cheveux noirs corbeau coupés très courts et une balafre sur la joue gauche. Son uniforme était gris et sale à tel point que de loin, on l'aurait cru noir. Il devait être également plus gradé que les autres, à la vue du nombre de médailles sur son torse.
Il marmonne quelque chose que je fais mine de ne pas entendre, en priant pour que mes parents arrivent rapidement. Il répète plus fort :<< Tu as qu'elle... Hm..., il chercher ses mots un instant, Jahre ?... Nein... Quel âge ?
-J'ai 15 ans, j'ai soufflé ces mots très doucement comme le vent au petit matin, mais il a tout de même entendu.
- 15 ans... Perfekt...
Un frémissement a parcouru mon corps, c'est à ce moment que mes parents sont arrivés. Nous avons marché jusqu'à la gare. Quand nous sommes arrivés, une centaine de personnes étaient regroupées sur le quai.
Le soldat qui était avec nous, est allé en voir un autre et ils discutèrent tout en me fixant. Leur regard était perçant et froid, j'avais peur, une peur qui vous ronge l'estomac, et une boule, s'était formée au creux de mon être. Une brusque nausée me prit, comme si je savais déjà ce qui allait m'arriver. Une appréhension incompréhensible, mais malgré tout présente.
C'est là que Mano revient, il sortit d'un ruelle et vient vers moi avant de me tourner autour des chevilles. Je le pris dans mes bras et étrangement, il ne bougea pas et resta sagement contre moi, contrairement a son habitude.
Il devait sentir mon angoisse, ma détresse... Je respirais vite et me serrais contre ma mère. Elle me souffla des mots doux, me rassura comme elle pouvait. Mais dans sa voix, je pouvais entendre les mêmes choses que dans la mienne. De la panique et une peur incontrôlable.
Je vis le soldat revenir vers nous, j'ouvris de grands yeux et mon cœur battait encore plus fort dans ma poitrine, il me fixait moi, moi et personne d'autre. Il me prit le bras et le serra assez fort pour laisser une marque dans ma peau.
J'émis un petit cri de peur, mais il m'attira vers l'avant du train sans faire attention a touts les regards qui s'étaient tournés. Tout le monde regardait, mais personne ne fessait rien. Ma mère m'avait lâché et tendait sa main vers moi, je fis de même vers elle en sanglotant, des larmes habillant mes joues.
Mano cracha sur lui, mais resta peloté contre moi. Mon père lui tenait ma mère, je les voyais pleurer tous les deux, mais mon père savait comme moi que si l'un deux faisait quelque chose, il allait le payer au prix de leurs vies.
Ce fut là que l'homme mit un mouchoir sur ma bouche, je sentais les muscles de mon corps s'engourdir et mes paupières se fermer.
La dernière chose que je pus voir avant de m'endormir, se fut ma mère au sol en larme, mon père près d'elle essayant de la consoler.
Puis, le néant.
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Les rubans.
Short StoryPauline est une femme de 30 ans, elle raconte son histoire de jeune fille de 15 ans vivant en plein milieux de la seconde guerre mondial et tous les périples qu'elle a vécu. Texte de moi. 20/07/17 #36 21/07/17 #26 22/07/17 #28 23/07/17 #24 24/07/17...