Segment 1; Chapitre 8

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Une fois remise de mon constat, je regarde l'horloge de la salle de bain. 10h45, dans 40 minutes, à peu près, la viande sera cuite à point. Je prends une petite serviette et frotte mon corps avec un peu d'eau, tiède presque froide, provenant du robinet. En ce mois d'août, le temps est aux chaleurs estivales. Je nettoie mes jambes, mes bras, mon buste et arrive dans mon dos. J'essaie de nettoyer celui-ci sans toucher aux marques.

Malheureusement, ce fut peine perdue. Dès que le gant de toilette entre en contact avec ma peau, que je sens une effroyable douleur traverser tous les os de mon corps. Je maudis Aimeric. Je le hais, de toute mon âme. Si je pouvais, je lui rendrais les coups qu'il m'a donnés.

Mais je ne peux pas. Je ne suis malheureusement qu'un petit être sans défense. Je ne cesse de me faire malmener et mon corps n'en pourra bientôt plus.

Des larmes se sont formées aux coins de mes yeux. Je pleure désormais à chaudes larmes. Mon esprit est en miette, tout comme mon cœur. Et mon corps ne saurait tarder d'être dans le même état.

Ma vision se rétracte de plus en plus et se brouille. Bientôt, je tombe dans les pommes sur le sol, la douleur de mon dos disparaissant tout comme mes autres maux.

Lorsque je me réveille une odeur de brûlé chatouille mes narines. Je me redresse en sursaut et la tête me tourne. Le manque de nourriture, les blessures de mon dos, la perte de Richard et mon agitation n'aident en rien mon esprit.

Après quelques instants à tanguer, je vais mieux. Je cours à la cuisine, l'odeur de viande trop cuite arrivant à mes narines en grosses vagues. Une fois devant la poêle le constat est sans appel, la viande est noirci et la poêlé de légume calciné.

Je tourne la tête vers l'horloge de la cuisine qui indique 11h57. Une bouffée de stress s'empare de tout mon corps. Reinhard ne devrait plus tarder à arriver et le repas est bon à jeter à la poubelle. Je réfléchis à toute allure essayent de trouver une solution quand la porte s'ouvre à la volée dans un grand bruit.

Reinhard a les sourcils froncés, et la colère crispe les traits de son visage. Il me hurle alors : << Non mais ce n'est pas possible, tu es vraiment une bonne à rien ! Même pas foutue de préparer un repas sans faire tout cramer ! >>

Je suis tentée de répondre, mais la fatigue et le regard noir qu'il m'adresse m'en empêche. Il s'approche de moi et attrape mon oreille gauche entre son pouce et son index en la tirant vers le haut. Il me crie à nouveau :<< Espèce de petite ingrate ! Pour te punir, tu iras avec Ethan cette après-midi, il te montrera comment tu aurais dû finir ! Tu vas voir tu seras beaucoup plus reconnaissante après ça ! Sinon je réglerais ça à ma manière !>>

Je ne veux pas savoir à quoi consiste sa "manière" comme il dit. Il me jette dans la buanderie en claquant la porte et la fermant à clé.

Heureusement, pour moi, l'ampoule fonctionne toujours. Je me jette sur la paillasse et sers Mano contre moi. Je suis ravie, qu'il soit encore là. Avec moi.. Après une trentaine de minutes, Reinhard ouvrit la porte de la buanderie, il me fit sortir, enfin sans avoir dit un mot, il me mit dehors et claqua la porte d'entrée.

Mon cerveau se mit à imaginer tout un tas de possibilités, la première étant que je pourrais partir tour de suite. Mais face à moi se tenait un homme, aussi grand que Richard, mais avec des cheveux noirs plutôt que bruns et des yeux verts. Il me fixa un instant puis le dit :<< Tu dois être la nouvelle chose du sergent... Il m'a dit de te prendre avec moi au crématoire... Tu ne feras que regarder, je ne veux surtout pas que tu participes à cela...>>

Dans sa voix je pouvais entendre de la tristesse et de la compassion. Je me sentais plus en sécurité que je ne l'avais jamais était pendant ces deux derniers jours. Mais surtout la chose qui me fit le plus du bien, c'est de ne pas entendre ce son atroce qu'est l'accent allemand.

Après avoir parlé un peu toute au long du trajet jusqu'au crématoire, j'appris que ce garçon était le dénommé Ethan, qu'il avait 17 ans et qu'il était ici depuis environ une année.

Notre conversation n'avait rien d'intéressant, mais quand il aborda un point délicat, je sentis mon ventre se tordre dans tous les sens :<< Je préfère te prévenir tout de suite. Mon boulot est loin d'être joyeux. Tu risques d'avoir peur alors si tu as besoin, je suis là.>>

Avec lui j'avais comme l'impression d'avoir un grand frère. Cela me rassura plus que jamais. Nous sommes entrés dans le crématoire par la porte des fonctionnaires. Je tenais le bras d'Ethan, mes yeux formant des soucoupes en voyant l'intérieur du bâtiment.

À suivre..

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