Prologue

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Song : Get Free - Major Lazer ft. Amber Coffman.

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   Le soleil se lève seulement, ces douces couleurs chaudes éblouissent mes yeux marrons foncés. Je le contemple au loin tandis que le léger vent caresse ma peau et fait virevolter mes courts cheveux châtains en arrière. Ma mèche qui, quelques mois plus tôt était une frange, reste en place contre mon front. Je l'immobilise en la calant derrière mon oreille gauche. Assise sur le sable, la mer qui passe entre mes pieds à chaque vague qui se rabat contre le sol, me fait d'autant plus aimer admirer le lever du soleil. Je ne sais pas exactement combien de minutes je reste plantée là, peut-être dix, vingt, trente ou même cinquante. Je ne porte pas ma montre et mon portable n'est pas dans ma poche. J'ignore quelle heure il est. La seule chose dont je suis presque certaine, c'est que je ne suis pas en retard. J'en profite pour rester encore quelques instants ici. Je ferme les paupières, savourant le merveilleux bruit des vagues qui se répète en boucle. Je laisse tomber ma tête en arrière. Insouciante, je reste dans cette position. À cette heure assez matinale, la plage est tranquille, agréable, paisible. Je me repositionne comme je l'étais quelques minutes avant. Mes deux mains enfouies dans le sable derrière moi me maintiennent. Je tourne ma tête à gauche et regarde le long ponton en hauteur qui s'étend près de la rive, jusqu'à un kilomètre dans l'eau. Je parcours des yeux l'eau en dessous du ponton en bois et les rapporte sur ma valise près de moi. J'espère n'avoir rien oublié chez mes parents. Dans le pire des cas, ce n'est pas bien loin. Je peux toujours m'y rendre si j'ai oublié quelque chose d'important mais je préférerais éviter de devoir faire des allers et retours. Les vibrations de mon téléphone portable me sortent de ma rêverie dans laquelle je m'étais envolée. J'ouvre la fermeture éclair de mon bagage bleu et fouille dans la poche de devant avant de sortir mon écran puis de le porter à mon oreille.

- Oui ?

- Alyssa ? Je t'appelais pour te demander où tu étais. Me répond la voix féminine dans le combiné.

Je réprime un sourire.

- Si je te dis dans mon endroit favori, est-ce-que ça t'aide ?

Je ricane bêtement. Je l'entends faire de même. Son rire est tellement apaisant. J'en ferme les yeux une fraction de secondes.

- Évidemment ! Quelle question ! J'arrive dans cinq petites minutes. À tout de suite !

- D'accord, je t'attends. Dépêche-toi !

Elle rit de nouveau avant de clôturer l'appel. Je décide enfin de me lever et range soigneusement mon téléphone dans la poche de ma combishort rose pâle. Je frotte mes vêtements avec mes mains pour retirer le sable qui s'est accumulé dessus. Quelques grains restent collés sur mes jambes nues et je tente de les enlever mais en vain. Je m'approche de l'eau claire devant moi. Des petits coquillages sont visibles à travers l'eau. Je plonge mes doigts à l'intérieur pour les nettoyer du sable et par la même occasion, j'attrape un petit coquillage. Aucune fracture, il n'est pas abîmé. Il est entièrement blanc comme ceux que je possède déjà. Je ne sais pas combien est-ce-que j'en ai exactement, ce n'est pas le premier coquillage blanc que je pèche. J'ôte mes pieds de l'eau et m'approche de ma valise. Mes pieds s'enfoncent dans le sable à chaque pas que j'effectue. Près de celle-ci, j'ouvre une autre poche et en ressort un petit sachet transparent où j'insère mon nouveau coquillage. Tout ceux que je saisis, je les range dedans. Ça m'évite de les égarer dieu sait où. Et, lorsque j'arrive chez moi, je les range dans une boîte spéciale où tous mes coquillages y figurent. Depuis enfant, j'adore être sur la plage, seule, perdue dans mes pensées. Maman m'a confessé qu'à l'âge de trois ans, lorsqu'elle et mon père se promenaient très tôt le matin sur la plage et qu'ils m'emmenaient avec eux, je me mettais assise face au lever du soleil et je le regardais. Je ne bougeais pas. Je pouvais rester à l'observer jusqu'à ce qu'il se lève entièrement. Je réclamais même à y aller quand mes parents ne voulaient pas sortir. Ils sortaient tôt le matin pour sortir notre chien. Elle s'appelait et s'appelle toujours Mackenzie. Mais nous la surnommons Mackie. Mon père l'a obtenue quelques jours après ma naissance. Elle a alors mon âge, je l'aime comme si c'était ma soeur. Hélas, plus les jours passent, plus elle vieillit. Mackie a de plus en plus de mal à se déplacer. Elle est sur la fin, sa fin et je ne me suis pas du tout préparé. C'est le vétérinaire qui me l'a ouvertement dit quand j'ai emmené Mackenzie chez lui parce qu'elle était tombée. Je n'ai pas envie qu'elle s'en aille, qu'elle nous quitte, qu'elle me quitte. J'ai besoin d'elle dans ma vie. Qu'elle court autour de moi. Qu'elle me saute dessus lorsque je franchis la porte d'entrée. Qu'elle se frotte à moi pour me réclamer des caresses. Je ne veux pas qu'elle s'en aille mais si c'est pour quitter ce monde qui l'a fait souffrir pour aller dans un monde qui la rendra heureuse alors oui, je la laisse partir. À contre-coeur. Je n'ai malheureusement aucune autre solution et aucun choix. Je ne regrette à aucun moment d'avoir eu Mackie, j'ai eu de la chance d'avoir un animal de compagnie comme elle et je ne remercierais jamais assez mes parents pour ce qu'ils ont fait pour moi.

Cette tradition, d'offrir un animal à un bébé quelques jours ou semaines après sa naissance a été la même pour ma soeur Questche. J'avais 12 ans. Pour son cas, elle a eu un chat. Weaver. Il est moins câlin que Mackie mais l'est quand même. Elle est trop mignonne, a de soyeux cheveux bruns ondulés et des yeux comme les miens.

Le soleil est levé et illumine le ciel bleu dégagé. Le doux vent a cessé et, est remplacé par la chaleur. Je saisis mon bagage et le mets sur mon épaule façon bandoulière.

- Hi !

Deux mains se plaquent devant mes yeux soudainement. C'est elle. J'attrape ces deux mains. Je m'avance et me retourne.

- Brooklyn !

Je lui saute dans les bras et la sers contre moi. Ne pas la voir pendant deux mois devrait être interdit.

- Tu m'as tellement manqué !

Je suis presque incapable de parler tellement je suis émue. Je suis si contente qu'elle soit là, enfin.

- Toi aussi Stewart !

L'entendre m'appeler par mon nom de famille me fait sourire. Brooklyn me fait toujours sourire. C'est mon amie depuis la primaire. Nous ne nous sommes jamais séparées. Sauf pendant les périodes de vacances, comme cet été.

- Tu es pleine de sable ! Me fait t'elle remarquer même si je le savais déjà.

- Pas étonnant ! Riais-je.

Son sourire s'élargit et elle éclate de rire. Je me sépare d'elle. Elle porte une robe grise moulante sur le haut de son corps et évasée à partir de ses hanches. Ses cheveux qui changent de couleur assez fréquemment, sont violet alors que la fois précédente, c'était noir. Ils sont lâchés et une mèche lui tombe devant le visage, sa chevelure est à peine plus courte que la dernière fois que je l'ai vue. Ses yeux émeraudes dont je suis extrêmement jalouse me regardent.

- Comment vas-tu ? Me questionne t'elle.

- Je vais bien, et toi ? Ça va ? Lui retournais-je la question.

Brooklyn me répond positivement et nous continuons de parler en marchant.

- On va à l'Université ?

J'hoche la tête. Cette année, je rentre pour la première fois à l'Université, en compagnie de mon amie.

Nous quittons la plage, nos chaussures à la main. Elle me raconte le déroulement de ses vacances en Espagne. Les palmiers, la plage, la ville de Barcelone, le soleil.

Nous tournons à droite au bout de la rue et contournons un immense gratte-ciel.

- Comment va Questche ? Se renseigne Brooklyn.

Nous prenons à gauche et traversons un passage piéton.

- Oh tu la connais ! Toujours aussi débordante d'énergie et chiante. Me moquais-je.

- Oui mais elle est tellement adorable que nous ne pouvons pas lui en vouloir ! Argumente t'elle en souriant.

Nous arrivons devant un très grand établissement déjà ouvert. Il est composé en plusieurs parties. C'est gigantesque. Le nom de l'Université est inscrit en gros et majuscules sur le devant en gris. C'est étonnement très moderne.

- C'est là. Me dit-elle.

Brooklyn passe devant moi et ouvre le mini portillon noir. Je la suis. Je me demande dans quelle chambre ils vont me placer et si je partagerais quelques uns des cours de mon amie. Je n'ai pas très envie de me retrouver seule parmi des personnes que je connais pas. J'espère que tout va bien se passer cette année, il n'y a pas de raison que ça se passe mal. C'est seulement en entrant que j'aurais les réponses à toutes mes questions. Brooklyn me saisit d'un seul coup le poignet et m'entraîne avec elle, m'obligeant à la suivre et à ne pas rester immobile à me poser toutes les questions possibles et inimaginables qui me font angoisser.

Blinded By LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant