Song : Paper Love - Allie X.

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- Pardonne-moi, qu'est-ce-que tu disais ?

- Non mais Alyssa !

J'hausse les épaules et lui fais une grimace bien particulière qui nous représente, que nous ne faisons qu'entre nous. Brooklyn se tape le front et souffle violemment.

- Je te racontais comme quoi un mec m'a fait du rentre-dedans dès la première heure. Un canon !

Je lui fais les gros yeux. Aurait-elle oubliée un détail extrêmement important ? Bon dieu, je n'espère pas.

- Heuuuuuu, Brooklyn ?

Assise sur un petit muret à l'extérieur du bâtiment, ma meilleure amie refait sa coiffure. Elle rassemble ses cheveux et les attache en une queue de cheval pour dégager ses mèches de son visage. Une vraie bombe, mon modèle.

- J'ai chaud. Dit-elle.

Avec ses mains, elle essaye de se faire du vent.

- Qu'est-ce-qu'il y a ? Me demande t'elle.

Je fais une mine dépitée.

- Alors le gars est un canon ? Ouais, et hmmm, Dylan ? T'as oubliée ou bien ?

Elle me rit au nez, clairement.

- Mais non malheureuse ! Il n'y a que lui dans ma tête mais ça ne m'empêche pas de trouver des garçons beaux gosses. D'ailleurs, je suis sûre qu'il te plairait ! S'exclame t'elle.

- Bien sûr ! Ironisais-je.

Brooklyn plaît à la gente masculine, elle le nie. Elle sait très bien qu'elle est loin d'être laide. Sauf qu'elle est plus du genre à profiter de sa vie à maximum, elle aime sa vie de célibataire où elle fait ce que bon lui semble mais Dylan a perturbé son cycle de vie et elle n'a pas pu résister, je suppose. Je pense qu'elle n'avait pas trouvé le bon avant, c'est pour ça qu'elle ne s'engageait pas plus, un peu comme moi je dois dire.

- Tu n'as pas encore trouvé ton âme soeur 'loute, ton tour viendra comme ça m'est arrivé. Tu ne t'y attendras même pas. Me promet ma meilleure amie.

Elle se lève et m'enlace. Ça me rassure en quelque sorte. Je sais que je n'ai pas envie de m'engager dans une vraie relation. Je ne sais pas, je ne suis pas prête. J'ai d'autres priorités.
Brooklyn se recule et à temps, je lui colle un bisous baveux sur sa pommette.

- Tu ne peux pas dire louloute en entier ? 'loute c'est bizarre ! Grommelais-je.

- Ah sale crasseuse ! Arrête de faire ça ! Berk ! Grogne t'elle en s'essuyant.

Nous rions sur le chemin du corridor. Brooklyn me raconte l'incident de sa professeur pendant le cours. Elle marchait devant les élèves et soudainement son talon a cassé puis elle a trébuché. Toute la classe est partie en fou rire, impossible de s'arrêter.

- Tu aurais dû voir comment elle était gênée ! Se moque t'elle.

Je me marre avec elle, ma meilleure amie. Sans nous préoccuper de ce que les autres peuvent bien penser de nous, nous rions sans nous contrôler ni nous retenir en laissant nos rires se mélanger. Elle est moi et je suis elle. C'est dans les moments comme celui-là que je me demande ce que je ferais sans elle. Si elle n'existerait pas, si nous nous étions jamais rencontrées. Je ne me vois plus sans elle, c'est dingue. Cette fille est la meilleure partie de moi.
Je la regarde tandis que nous rigolons toujours à gorges déployées. Certains étudiants nous scrutent bizarrement et d'autres nous regardent de travers ou murmurent des messes basses entre copines. Ça ne m'atteint absolument pas. Si ils la connaissaient comme je la connais, ils seraient obligés de rire aussi et d'être fiers d'avoir une Brooklyn dans leur vie.
Le fou-rire s'éteint malgré nos gloussements qui persistent. La sonnerie sonne une seconde fois et une foule s'abat sur nous. Je retiens mon souffle, presque écrasée par tous ces individus. Je perds Brooklyn parmi cet énorme tas et je me fais embarquée je ne sais trop où. Je ne comprends pas ce qu'il est entrain de se produire et je n'ai d'autre choix que de me laisser aller puisque je ne fais pas le poids contre toute cette masse. Mes yeux se ferment lorsque je me tape contre un mur.

Un néon bleu m'accueille mais me fait mal à la tête ainsi qu'à ma vue. Je sens que j'ai mal quelque part, j'ignore où exactement. Le bruit d'une vieille porte fait écho dans mon ouïe et mes paupières papillonnent. Le matelas s'abaisse quand un poids se pose dessus. Ma tête est en vrac. Je ne souhaite qu'une seule chose à ce moment même : dormir, sauf que ce n'est pas maintenant que mon voeux sera exaucé.

- Alyssa ?

Je reconnais le son d'une voix sans savoir qui la possède. Petit à petit, je me sens reprendre mes esprits. Que s'est-il passé ? Où suis-je ? Soudain, tout me revient tel un flashback. Luce, nos ordinateurs, le crétin qui lui a foncé dedans sans s'excuser, la précipitation de Luce d'aller en cours et d'esquiver la conversation, Brooklyn, sa professeur et sa honte, la foule et BOUM.

- Tout va bien ?

Je sursaute. BOUM.

- Oh, heu...

Que s'est-il passé ? Où est ma meilleure amie ? J'espère qu'il ne lui est rien arrivé. Quelle heure est-il ? La femme près de moi, m'est inconnue. J'ai soudainement un mouvement de recul. Je veux sortir d'ici.

- Calme-toi, Alyssa. Tiens prends-ça.

Elle me donne un verre d'eau suivi d'un cachet. Je ne réfléchis pas plus longtemps et je prends ce qu'elle me donne et avale tout.

- Pouvez-vous me dire ce qu'il s'est passé ?

La rousse devant moi, ferme les yeux, inspire, se détend et ouvre à nouveau ses yeux. C'est là que je remarque qu'elle a des yeux couleur noisette. Elle est jeune surtout, de quelques années seulement de plus que moi, enfin je suppose.

- Et bien, tu t'es évanouie. Tente t'elle de dire en souriant.

J'ai l'impression que quelque chose cloche, comme si j'avais raté un épisode.

- Où est Brooklyn ?

La jeune dame baisse ses yeux, en réfléchissant, sans doute.

- Je ne connais pas tous les prénoms des élèves malheureusement. Mais en revanche, il y a quelque chose que tu dois savoir, je pense.

Alors là, cette infirmière commence vraiment à me faire peur. Que s'est-il passé ? Qu'est-il entrain de se passer ? Pourquoi suis-je ici ? Où sont les autres ? Mon esprit dérive totalement en songeant à tout, même au pire.

- Alyssa.

Elle pose sa main sur la mienne. Mon coeur bat la chamade tandis qu'il est aussi entrain de se retourner. Je lis " Sandy " sur son badge lorsqu'elle se penche. Sandy s'apprête à ouvrir la bouche mais la referme avant même d'avoir pu prononcer quoi que ce soit.

- Sandy, dites-moi ce qu'il s'est passé s'il vous plait, vous commencez sérieusement à m'effrayer.

Je l'encourage en posant ma main sur la mienne, de nouveau en cherchant son regard. Elle inspire, c'est le moment.

- C'est dur.

- Quoi ? De quoi est-ce-que vous parlez ?

J'essaie de chercher dans ses yeux une réponse mais avant même que je puisse le faire, Sandy lâche d'un coup sec, sans que je ne m'y attende :

- Il y a eu un attentat.

Blinded By LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant