Chapitre 16 : Message

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Au commencement de la nuit, je questionne avec anxiété mon bracelet sur le temps qu'il nous reste. Celui-ci émet une voix synthétique : "douze heure, quarante minutes et sept secondes".

Nous reprenons notre chasse à la nourriture à travers les étages. Je ne cesse malgré moi de penser au corps de Carmen qui chute au ralenti dans la trappe.

Jim, quand à lui, va beaucoup mieux, Karl a convenablement pansé sa plaie.
Avec des glaçons retrouvés au troisième étage, nous avons endormi la partie de son épaule blessé et avons pu ressortir la lance sans autres dommages.

Karl, l'esprit tourné vers la guerre, l'a gardée comme arme en cas de nouvelle attaque. Le fait que Karl soit celui qui tienne notre chance de survie ne me rassure absolument pas.

Est-il réellement de notre côté ?

Et s'il s'en servait contre nous ?

À présent, nous sommes au quatrième étage, le bois craque sous nos pieds. Karl mène la marche, lance levée, suivi par William qui aide Jim à avancer. Je protège nos arrières comme je peux, jetant très souvent des regards en derrière.

Nous arrivons ensuite au cinquième étage, et l'absence des pièges me fait encore plus peur. Je pressens une nouvelle attaque ciblée.

Regardant pour la centième fois en arrière, je remarque une discrète plaque de bronze au plafond et réfléchis rapidement à sa signification. M'apercevant un peu tard de la menace qu'elle constitue, je cours pour m'en éloigner le plus possible.

-Ah, merde ! s'exclame Karl loin devant.

Je me retourne, l'oeil vif, les poings serrés. Que se passe-t-il ?

- L'escalier pour monter au sixième étage s'est effondré, on est bloqué !

J'essaye d'apercevoir l'escalier en question, mais ne vois rien tellement il fait sombre.

- Il faut qu'on fasse demi-tour, conclue Karl, et je perçois dans sa voix une profonde colère.

Je n'ai pas du tout envie de repasser sous cette mystérieuse plaque.

Nous bifurquons dans un vieil appartement de luxe au cinquième étage, et William propose d' y chercher des vivres. À ce moment-là, je me rends compte que je suis affamée.

Je suis tirée au sort pour examiner la chambre d'enfants, la pièce la plus susceptible de renfermer un piège par son innocence dissimulée.

J'entre donc sur la pointe des pieds, et parcoure mon regard autour de la pièce. La salle dort dans une sereine pénombre, et les lits sont encore défaits par un dernier lever, deux cents ans plus tôt. Je cherche ensuite dans les tiroirs des deux commodes infantiles, tout en repoussant l'image de Carmen qui tombe instantanément dans la trappe.

Dans une des tables de nuit, je trouve un minuscule bocal à bonbons rempli de riz à ras-bord. Je regarde au-cas-où la date de péremption sur le couvercle avant de pousser un cri victorieux.

Je pivote sur mes talons et pars furtivement retrouver mes compagnons au coeur de l'appartement.

Un grand lustre surplombe la pièce où je pénètre, que je devine être le salon par les différents meubles confortables qui la composent. J'y trouve Jim, assis sur un fauteuil de velours, occupé à quelque chose que je ne peux voir depuis ma position.

Intriguée, je cours jusqu'à lui, et le trouve en train d'examiner un papier couleur cuivre en très mauvais état.

- Qu'est-ce que c'est ?

Ne m'ayant pas vu arriver, Jim sursaute et lève son visage tordu de douleur vers moi.

- Aucune idée, je viens de trouver ce truc sous le canapé.

Excitée par la possibilité d'avoir devant mon nez un indice pour sortir, je lui arrache des mains et commence à lire :

"f.n.u.a.d.l.i.p.o.f.l.m.a.e.g.o.n.p.d"

Je soupire.

Des lettres n'ayant aucun sens, une couleur de message inappropriée au papier....Un seule possibilité : c'est un message codé.

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