Chapitre 11 : Évasion

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Chaque participant mesure l'ampleur de ce qui vient de se passer.

Karl, quand à lui, ne réagit pas. Il n'a même pas l'air d'être surpris par son résultat. Pourtant, le pourcentage maximal n'a encore jamais été vu depuis au moins cent ans.

Je réalise que Karl est très fort, voire trop fort. Il va falloir être très prudent avec lui : Karl pourrait tous nous tuer à mains nues sans problème. Pour l'instant, j'ai même l'impression que les sentiments en général ne l'affectent pas, il est du genre à mourir ou tuer.

Pour la même raison, il peut très bien être un parfait allié, tout dépend de ses intentions.

Dans la salle B, le silence clôture les résultats. Les jurys demeurent songeurs.

Au bout d'un moment, Maru demande notre attention puisqu'il va procéder à l'annonce du deuxième cycle, après de faux compliments :

- Bravo à tous pour la sagesse et la force d'esprit dont vous avez fait preuve durant cette première tâche. Néanmoins, le deuxième cycle ne peut être réussi qu'avec ruse et conviction.

Après un énième sourire goguenard, il continue :

- Il s'agit en effet de votre évasion d'un immeuble abandonné que nous autres, organisateurs, avons à  notre propre disposition. Ah ! Vous êtes sûrement en train de penser que la tache semble facile ? Ne jugez donc pas trop vite ! Vous n'aurez qu'un seul jour pour réussir, et au-delà de cette limite vous serez tués sur le champ.

Je frissonne malgré moi.

- Pour cette épreuve, les juges des quatre Cycles ont décidé de vous donner une chance de coopérer. En effet, vous serez tous les cinq dans l'immeuble, en même temps. La coopération pourrait être bénéfique, n'est-ce pas ?

Personne ne répond. Je pense à Karl, et surtout à ces capacités.

- Si vous n'avez pas de questions éventuelles, je vous congédie. Le deuxième cycle commencera demain, à midi pile, devant l'ascenseur de verre. Surtout, ne soyez pas en retard, ou sinon...

Je ne sais pas vraiment quoi penser de cette deuxième tache. Je suis seulement rassurée que nous soyons en groupe.

Karl quitte la pièce aussitôt, suivi de près par Carmen, toujours aussi pâle.

Jim, William et moi fermons la marche. Jim a étrangement retrouvé l'usage de la parole, mais ni William ni moi ne l'écoutons réellement.

Brusquement, il s'arrête de parler. En effet, nous venons tous les trois d'entendre des coups de feu stridents en provenance du couloir d'à côté.

J'écoute, l'oreille tendue.

Nous entendons un cri, distinguons une silhouette arrivant droit sur nous. Carmen, haletante, ses cheveux blonds en bataille, s'écrie :

- Il vient de tuer...Maru a tué...

-Qu'est ce que tu dis ? panique William.

- On vient de tuer un adolescent...C'est Maru qui lui a tiré dessus... le cadavre...je l'ai vu...je l'ai vu !

Jim essaye de calmer Carmen qui fond en larmes. Je suis moi-même en pleine panique, peine à garder mon sang froid.

La voix de Maru s'élève alors dans le couloir depuis des hauts parleurs situés à chaque coin de mur, entre deux grésillements :

- Avis à tout le bâtiment, y compris la salle de contrôle : Simon Karter, seize ans et quatre mois, vient d'être tué pour cause de non-inscription aux quatre cycles. Merci au personnel de bien vouloir regagner le poste de garde, les cinq participants aux quatre cycles sont priés de rester dans leur chambre respective jusqu'à nouvel ordre.

Voici donc la conséquence de la non-inscription docile aux quatre cycles...

Je suis absolument terrifiée.

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