Chapitre 13 : Électrique

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Lorsque la voix féminine arrête son décompte, le silence prend place, seulement brisé par la porte qui claque et se verrouille d'elle-même.

Je sens la main tremblante de William me frôlant le bras, ainsi que la respiration saccadée de Carmen un peu plus loin.

Il faut encore un peu de temps pour que nos yeux s'habituent à l'obscurité et distinguent l'endroit où nous sommes : une pièce sombre étrangement vide, au carrelage écarlate, contenant une seule minuscule fenêtre noire à barreaux et une autre porte noircie.

J'ai l'étrange impression d'être prise au piège. D'ailleurs, il y en a peut-être, des pièges, dans cet immeuble.

La voix glaciale de Karl résonne dans la quasi-obscurité :

- Vous allez rester là à admirer la décoration ? Pourtant, moi, je peux nous sortir de là en un instant.

Je pivote sur mes talons, sentant l'adrénaline monter jusqu'à mon cerveau :

-C'est vrai ? demandé-je, étonnée.

En pleine réflexion, je comprends que Karl a toutes les chances de connaître le moyen de nous faire sortir d'ici sans encombres. Après tout, vu la force d'esprit qu'il possède, c'est une logique crédible. En effet, l'immeuble a sûrement un point faible.

Karl, orgueilleux, ne répond pas à ma question. Je distingue sa silhouette s'éloignant de moi.

Brusquement, il s'approche de la fenêtre et envoie son coude de toutes ses forces contre la vitre. Pendant un court instant, je crois que le verre va céder sous sa force.

J'ai tort.

À la place, j'entends un faible grésillement, puis Karl se met à crier de douleur et tombe sur le sol.

Aussitôt, je vais à sa rencontre et m'agenouille près de lui. Karl hurle à pleins poumons, les poings serrés contre son coude, ses veines ressortant de son bras.

-Qu'est-ce qui se passe ? s'inquiéte Carmen. Qu'est ce qu'il y a ? Karl ? Tu vas bien ?

William me rejoint en glissant sur le carrelage :

- Il a été électrocuté ! Ne le touche surtout pas, Harmony !

Je reste paralysée par la déduction de William. Les juges du cycle ont apparemment mis un système électrique sur cette fenêtre.

Perdue dans mes réflexions, je n'entends pas tout de suite que Karl s'est arrêté de crier .

-Il est mort ? questionne Jim, terrifié.

-Bien sûr que non, idiot, grommelle l'interessé d'une voix étouffée. Mais je souffre, alors est-ce que quelqu'un voudrait bien m'aider ?

William et moi nous exécutons. Il ne nous remercie pas, se remettant immédiatement en marche. Sentant bien qu'il est le centre de tous les regards, Karl regagne la porte et demande faussement :

- Vous venez voir les autres pièces ou vous restez dormir là ?

Sans attendre notre réponse, il actionne la poignée et l'ouvre en grand. Je m'attends à une nouvelle électrisation, mais rien d'anormal ne survient cette fois.

L'entrée donne sur un long couloir blanc aussi ténébreux que le hall d'entrée. J'emboîte le pas de Karl, incitant d'un geste de la main les autres à le suivre également.

Bientôt, nous marchons tous en file indienne dans le long couloir. Au bout d'un moment, nous trouvons, caché derrière un rideau noir, sur le côté, des escaliers en ruine montant en un angle abrupte. Jim conseille à qui veut bien l'entendre de se tenir fermement à la rampe.

Avec une prudence extrême, nous arrivons donc au premier étage. William marche d'un pas sûr, et ne remarque pas l'étrange plaque métallique au-dessous de ses pieds. Des chiffres y sont gravés : "3, 25".

J'ai soudain un mauvais pressentiment et lui crie de s'arrêter.

Trop tard.

Un mécanisme automatique au bout du couloir s'enclenche. Une vingtaine de lances foncent droit sur nous.

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