Chapitre 17 : Soleil

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Durant une demi-heure, j'essaye vainement de déchiffrer le message codé.

À vrai dire, ni Jim ni moi ne sommes de grands intellectuels pour résoudre les énigmes. Généralement, je résonne avec mes bras plutôt qu'avec mon encéphale. Le plus souvent, et de préférence, je ne résonne simplement pas. J'agis.

Karl, lui, possède les deux manières de réflexion simultanées, c'est grâce à cela qu'il a obtenu le score maximal à la première épreuve.

Assise sur le bord de l'accoudoir du fauteuil, je lis de différentes manières le code, trouvant parfois de faux indices, avec l'éternel espoir de parvenir enfin à un résultat cohérent. D'abord, j'essaye de le lire de droite à gauche, puis de le regarder façon "miroir", ou une lettre sur deux. Ensuite, déterminée, je me mets à entourer par l'imagination et de façon absraite certaines syllabes, numérotant les lettres par correspondance avec leur place dans l'alphabet.

J'ai tout essayé, et rien n'aboutit.

Et soudain, c'est l'éclair de génie, la connexion des neurones, l'huile vertueuse des rouages, l'apogée de l'idée révolutionnaire : au coeur des lettres incompréhensibles, je constate la répétition de la lettre "l" par deux fois. Animée par le sentiment d'être ainsi sur la bonne voie, je repère rapidement chaque lettre en double du message :

"l.a.f.p.n.o.d".

Très vite, mon excitation se dissipe et laisse place à une morosité pessimiste, pusique ça ne concorde toujours pas.

J'abandonne, saute rageusement de l'accoudoir où j'avais trouvé un peu de place pour me concentrer et soupire. Karl et William reviennent au même moment dans le salon et me questionne du regard. Je remarque que William a trouvé quelques barres chocolatées dans un étui caché dans un vase, au plein milieu du hall d'entrée.

Jim leur raconte la situation, et Karl s'empare aussitôt du message, essayant à sont tour de le déchiffrer. Je regarde son travail attentivement, penchée par dessus son épaule tout en mordant avec appétit dans une barre de céréales. Le goût me ravive les papilles, c'est un régal, mais je regrette bientôt de l'avoir avalé aussi vite, surtout parce que le chocolat m'a brusquement donné une soif insurmontable.

La faim assouvie, les neurones reposés, j'observe une nouvelle fois les lettres retrouvées en doubles dans le code. Par un certain anachronisme, le mot "plafond" est obtenu.

Plafond ?

Répétant plusieurs fois le mot dans ma tête, je m'efforce de retrouver des souvenirs et des connaissances dans les tréfonds de ma mémoire. C'est alors que l'image de la plaque, de la même couleur que le papier de cuivre, revient nettement, tel un flash sensoriel.

Je m'écrie :

-J'ai trouvé !

Sans demander l'avis de personne, ne cherchant ni à me justifier, ni à prendre la parole, je cours sans un regard en arrière, réanimée par la déception et le désir de voir juste.

J'entends bientôt des pas rapides qui me suivent. Je me retourne alors furtivement et aperçois les silhouettes des trois garçons qui s'élancent dans ma direction, Jim loin derrière les deux autres.

Ils me font confiance.

J'arrive au point d'arrivée, et la plaque de cuivre demeure à sa place, nous narguant depuis le début du deuxième cycle. Si j'avais compris son importance dès la première fois, j'aurais pu nous faire gagner de nombreuses heures d'évasion.

William, intrigué, me propose de me faire la courte échelle jusqu'au plafond. J'accepte et monte en prenant appui sur son épaule.

Sans surprise, la plaque cuivrée peut s'ouvrir sur le côté. Avec prudence, perchée dangereusement sur les mains de William, je la fais pivoter pour en examiner l'intérieur.

Une clef.

Je la décroche doucement, et mes mains se mettent à trembler lorsque je la montre aux autres participants. Je tiens en effet notre billet de sortie.

Mais où ?

Karl, se posant la même question, me prend impoliment la clef des mains et s'exclame :

- Un symbole est gravé dessus.

-Et qu'est-ce que c'est ? lui demande aussitôt Jim, trépignant.

-On dirait un soleil.

J'échange un regard surpris avec William. Dans ce cas, par pure logique, le même symbole serait gravé sur un autre objet de l'immeuble, assurément sur une porte que la clef ouvrirait.

À cette pensée, nous nous partagons directement les tâches de fouille et je cherche de son côté. L'excitation est à son comble, je ne peux même plus garder mon sang-froid. Le visage de Carmen s'imprégne dans mon esprit comme l'encre d'un buvard.

Nous sommes à deux doigts de réussir le deuxième cycle, je le sais.

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