Chapitre 24 : Atrocité

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Des grondements retentissent derrière la première rangée de gratte-ciels. Je fais automatiquement un pas en arrière, les yeux plissés.

Ce qui me semble être une dizaine de silhouettes à l'aspect humain fonce droit sur nous. Je vois le sable se soulever à chacun de leur pas.

Je dégaine ma machette.

De loin, je peux émettre l'hypothèse que les mutants possèdent bel et bien une forme humaine. Tous paraissent jeunes, et, la seule différence entre eux et nous sont ces nombreuses blessures ensanglantées, d'apparence récente, qui recouvrent leur corps verdâtre.

Les juges du Cycle nous ont lâché des morts-vivants dessus.

J'entends un premier coup de feu, Karl vient de tirer dans le tas. L'un des mutants s'écrase piteusement sur le sol. Karl n'a pas raté son coup, pourtant les mutants sont encore très loin. Je remets à plus tard ma réflexion sur les capacités hors-normes de ce garçon, et me concentre sur mon objectif d'autodéfense.

Quelques secondes plus tard, William tire à son tour sur une mutante. Il la rate de quelque centimètres, et la balle finit sa route contre un muret, de l'autre côté de l'avenue. Nous nous mettons en arc de cercle pour tous nous défendre efficacement. Je sens le dos de Jim vibrer étrangement contre moi. Il doit sûrement trembler.

Les mutants ne sont plus qu'à une quinzaine de mètres, et j'entends les premiers coups et cris sur ma gauche.

L'un des mutants me prend pour cible, et parvient à s'accrocher à mon bras en sautant. Je le repousse, paniquée, et il tombe sur le sable.

Son odeur...atroce.

Un deuxième revient à la charge. Je lui plante sans hésitation la machette dans le ventre. Le malheureux ouvre des yeux exorbités, puis s'effondre à côté du premier mutant.

Il est ma première victime et loin d'être la dernière.

Je n'ai même pas le temps de souffler que trois autres mutants arrivent dans mon champ de vision. J'en repousse un avec mon pied droit, il retombe un peu plus loin, les bras en croix. Le deuxième se fait tuer par le pistolet de Jim, tandis que le dernier, ou plutôt la dernière -difficile de discerner des quelconques traits de féminité parmi les plaies- se fait tirer par les cheveux.

J'arrive à la faire basculer en arrière, mais cette mutante est coriace. Elle se débat avec ferveur. Je suis prête à lui donner un coup de machette dans la nuque lorsque j'aperçois les détails de son visage.

Quoique anciennement magnifique, ce dernier demeure complètement saboté par les blessures béantes et vertes sur ses joues et ses paupières. Ses narines, d'habitude si pincées, sont à présent dilatées, mais elle garde toujours ce fidèle air hautain.

Carmen.

Je tombe en arrière sous le choc. Des cadavres de mutants gisent tout autour de moi. L'un de mes coéquipiers, sans doute Karl, tire, et elle s'effondre près des autres cadavres.

Le silence domine le bruit du corps qui s'abat sur le sol. Je n'ai besoin que de quelques secondes pour comprendre pourquoi Carmen était présente parmi les morts-vivants.

Ici, autour de nous, dans des positions de morts grotesques, gisent les adolescents qui n'ont pas survécu aux quatre Cycles.

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