Chapitre 7 : Machinerie

395 64 20
                                    

Pendant la nuit, dans ma petite chambre poussièreuse, la nausée monte. J'ai sans cesse des vertiges.
Je ne pense pourtant pas être la seule participante à ressentir cela.

Je risque d'être inutilement épuisée pour la première épreuve. Et, plus je pense à ce côté néfaste de mon insomnie, plus je me sens mal.

J'ai beau me retourner dans tous les sens sur ce matelas dur et rigide, le sommeil est bel et bien décidé à ne pas venir. Je passe donc une horrible nuit blanche.

Je me lève, nauséeuse, dès les premières lueurs du jour. J'inspecte mon visage devant le miroir cracquelé de la minuscule salle de bain. Mes cernes violettes sont bien évidemment géantes, et mes lèvres inexistantes semblent ne plus jamais vouloir sourire.

Je m'habille avec les vêtements imposés par le cycle, puisque tous les vêtements personnels sont interdits. Pas même un bijou n'est toléré.

Je passe vigoureusement de l'eau sur le visage, mais cette action me donne très vite envie de vomir.

Connaître la nature de la première épreuve aurait dû m'aider à survivre, mais je considère qu'avec l'état dans lequel je suis, je ne suis pas plus avancée.

Je sors enfin de la chambre et me rend compte que je suis en avance pour l'épreuve. Je traverse d'un pas rapide les nombreux couloirs sinueux avant d'arriver au point de rendez-vous du cycle. J'aperçois la première des cinq portes de béton armé.

Karl attend devant la deuxième porte, l'air très sûr de lui. Carmen, Jim et William ne sont pas encore là, mais ils arrivent l'un après l'autre quelques temps après moi.

J'ai l'impression que le temps s'écoule à l'éternité du possible. J'ai presque hâte d'en finir, d'être morte.

Qui sait ? La mort est peut-être quelque chose de serein...

Les portes s'ouvrent brusquement. Abasourdie par les bruits assourdissant de la taule, Carmen pousse un petit cri.

Une voix synthétique m'ordonne subitement d'avancer. Je m'exécute, mes lèvres plus pincées que jamais.

Les murs derrière la première porte sont, sans surprise, blancs. Le sol de la pièce où je pénètre est en carrelage brut, et, dans un petit coin, deux machines émettent des sons aiguës qui me paralysent de terreur.

Au plein centre de la pièce se trouve un fauteuil incliné, blanc également.
Et la voix synthétique d'un juge me donne l'ordre de m'y installer.

Mon coeur palpite de nouveau.
J'obéis, tous mes membres s'entrechoquant par la peur.

J'entends un autre son depuis le coin des machines puis quelque chose qui se déplace silencieusement au dessus de mon visage. Je peine à voir les espèces de tuyaux qu'on me fixe sur le front, puis les pinces grises qu'on me place sur chaque pouce.

Si la situation n'avait pas été aussi dramatique, j'aurais trouvé ça carrément grotesque.

Soudain, quelque chose m'entraîne dans un sommeil quasi-hypnotique. J'essaye vainement de lutter, tapant mes jambes contre le fauteuil. Je sens alors une sueur froide me parcourir l'échine, et des ronds rouges se mettent à danser devant mes yeux.

Je ne vois plus rien.
J'ai envie de hurler.

Puis, c'est le noir complet.

4CyclesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant