Chapitre 6

1.2K 55 23
                                    

Au dîner, Aurora est toute excitée.

- Vous avez fait une excellente impression ! Alors que tous les autres tributs ont l'air d'avoir besoin d'une béquille, vous avez l'air indépendants !

J'ai l'impression qu'elle recycle les mots du journaliste qui parle en ce moment-même à la télévision car il dit exactement la même chose. Mais c'est vrai que mon but était d'être indépendante, pas une fille simplette qui doit se rattacher au garçon qu'elle aime pour survivre. J'ajoute sur un ton cynique :

- De toute façon, à la fin des jeux, il n'y aura qu'un survivant !

Ce qui lâche un froid. Nous mangeons en silence à partir de ce moment. Alban augmente le volume de la télévision pour combler le silence. C'est Julius Wright, le présentateur officiel des jeux, celui qui va nous interviewer et commenter nos moindre faits et gestes dans l'arène. Il commente les tenues des tributs, félicite les stylistes, en n'oubliant pas de dire leurs noms pour qu'on s'en rappelle, ou plutôt que les habitants du Capitole s'en souviennent car les habitants des districts n'en n'ont rien à faire. Julius n'arrête pas de dire à quel point les tributs sont tous beaux et que les stylistes se sont vraiment surpassés cette année, et que les jeux promettent d'être mémorables. Je suis sûre qu'ils le seront.

Je vais dans ma chambre. Les habits que j'avais éparpillés ce matin ont été rangé. J'entre sous la douche pour me débarrasser de toutes ces couches de maquillage sur ma peau et me calmer. Je m'assois sous l'eau et me prends la tête dans les mains. Je pense à ma famille, à mon district, je ne les rêverai plus jamais, je vais mourir dans cette arène. Je sais que j'ai une chance, mais ai-je réellement envie de gagner ? D'assassiner tous ces enfants, de rentrer chez moi et de voir une nouvelle dictature se mettre en place sans dire un mot, pour qu'on ne s'attaque pas à ma famille ? Je ne veux pas non plus voler la place de quelqu'un qui doit rentrer dans son district pour s'occuper de sa famille qui a désespérément besoin de lui. Ou quelqu'un qui aurait le courage d'incarner la révolte car on ne peut pas laisser les choses s'aggraver. Je n'ai pas le courage qu'il faut pour gagner et revenir comme s'il ne s'était rien passé. Je devrai mourir dans l'arène, ça arrangerait tout le monde, moi et la dictature, et ce serait tellement plus simple. Mais j'abandonnerai ma famille.

Je pleure sous la douche. Je ne sais pas combien de temps je reste comme ça, puis je commence doucement à effacer le maquillage. J'arrache toutes les épingles de mes cheveux et les jettent quelque part. Puis comme je me sens épuisée, je me lève, sors de la douche, il y a un souffle chaud qui me sèche puis je me réfugie dans les draps sans enfiler de pyjama.

Je me réveille et me vois dans un miroir, j'ai les yeux rouges et bouffis, mais au moins je reconnais mon visage et ce n'est pas une étrangère recouverte de maquillage qui m'observe en retour dans le miroir. J'enfile des habits au hasard puis je sors de la chambre. Personne d'autre n'est levé mais le petit déjeuner est servi. Il n'y a aucun serveur non plus. J'allume la télévision pour savoir ce qu'il se dit mais surtout pour ne pas rester seule en silence dans ce grand appartement. Je mange copieusement. Maxe me rejoint une dizaine de minutes plus tard. Je sais qu'il a remarqué mes yeux : il a stoppé la phrase qu'il allait commencé quand nos regards se sont croisés, mais ne fait pas de remarque, il me dit simplement bonjour.

Nous sommes rapidement rejoins par Alban et Aurora. Cette dernière nous explique comment vont se dérouler les 3 jours suivants : l'entraînement. Puis je retourne dans la chambre, enfile la tenue de sport qui a été posée sur mon lit. C'est une combinaison moulante qui s'arrête au niveau du cou, des coudes et des genoux. Il y a aussi des chaussures qui sont très confortables. Je sors de la chambre et rejoins Maxe qui porte une tenue similaire. Nous prenons l'ascenseur seuls et arrivons dans la salle d'entraînement quelques minutes avant 10 heures, qui est l'heure de rendez-vous. La moitié des tributs sont déjà là et je me sépare de Maxe sans même lui jeter un regard.

Les 76èmes Hunger GamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant