Chapitre 17

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Nous nous réveillons à l'aube. Kara s'étire et déclare :

- Je sens qu'on va faire un massacre aujourd'hui !

- Ne dis pas ça, la conseillé-je.

Elle ne fait pas d'autre remarque et nous mangeons dans l'arbre. Nous rangeons nos affaires avant de descendre de l'arbre quand je lui demande :

- Comment est mort le garçon de ton district ?

- De froid, répond-elle en évitant mon regard.

- Et comment tu as réussi à passer la nuit ?

- J'ai couru, jusqu'à l'aube, pour ne pas geler sur place. On était parti directement dans la forêt pour ne pas se faire massacrer et du coup on n'avait rien. À l'aube, je ne sais comment, j'étais à la corne d'abondance et je me suis servie et c'est comme ça que j'ai survécu.

Elle m'impressionne. Une fois descendue de l'arbre, je lui propose qu'on aille chasser, car même si on a assez de provisions jusqu'à la fin, je préfère de la viande fraîche. On se sépare et on décide de se retrouver 2 heures plus tard, au même endroit. Je la sais assez intelligente pour ne pas se perdre.

Je touche 3 oiseaux, un lapin et un écureuil puis je trouve un pommier. Je ramasse une dizaine de pommes puis je retourne au point de rendez-vous quand j'entends un coup de canon. J'ai peur que ça soit elle, j'espère qu'elle ne s'est pas attiré d'ennuis. J'arrive devant l'arbre et commence à faire un feu pour cuire la viande. L'hovercraft apparaît et je remarque que le mort n'est pas loin de moi. Je commence à paniquer, en me disant que c'est elle, et que son tueur est dans les parages. Puis elle arrive dans ma direction en souriant. Je me précipite vers elle, la prend dans mes bras et crie :

- J'ai cru que c'était toi !

Elle me repousse et répond :

- C'est moi qui aie fait ça ! J'ai lancé une hache dans la tête de Kyle !

Je ne comprends pas pourquoi elle est heureuse d'avoir fait ça. Hier elle était innocente, aujourd'hui elle est comme moi : une meurtrière. Je suis pire bien sûr mais maintenant elle s'en rapproche. Elle remarque la viande en train de cuire et s'exclame :

- Tu as attrapé tout ça ! Et en plus tu as trouvé des pommes ! J'ai juste tué un lapin et ramassé des mûres, remarque-t-elle en brandissant sa maigre récolte.

C'est vrai qu'elle n'a pas récupéré grand-chose mais elle a tué quelqu'un. Elle m'explique qu'elle a trouvé Kyle, avec Olivier, ils discutaient pendant qu'ils remplissaient leurs gourdes. Elle a lancé une hache dans la tête de Kyle et une autre qui a touché la cuisse d'Olivier, qui s'est enfui en courant. Elle ne s'est pas lancée à sa poursuite et elle est revenue me trouver pour pas que je m'inquiète. Nous mangeons le repas puis on éteint le feu.

- On devrait se séparer, suggère-t-elle. Je ne veux pas que les autres te tuent, mais je ne veux pas le faire.

J'acquiesce, je pense comme elle. Nous nous serrons dans nos bras puis nos chemins se séparent. Je marche longtemps puis quand la nuit tombe je monte dans un arbre. Je dîne seule dans mon arbre puis je m'attache, me cache dans mon sac de couchage puis je m'endors.

Je suis réveillée par l'hymne. Le logo flotte dans le ciel puis le visage de Kyle apparaît. Au bout de seulement 5 jours, il y a déjà 20 morts et nous ne sommes plus que 6. J'ai 5 ennemis. J'essaie de faire le récapitulatif sur les vivants. Il reste Sarah ; Olivier, mais qui est blessé, Kara, en pleine forme ; Maxe et moi. Il en manque un. Qui est le 6ème ? Est-ce que j'aurai raté un mort ? Non, je suis sûre qu'il n'y en a eu que 20. Et Kara m'avait confirmé que mon compte était bon quand nous nous étions rencontrées hier.

Je me rappelle tous les morts et je sais qui est vivant. C'est le garçon du 11. Il est passé tellement inaperçu. Je ne me rappelle pas son nom, ni de sa note, ni même de son visage il ne s'est pas démarqué durant l'entraînement et n'a pas excellé durant la séance privée. Et pendant l'interview j'étais trop stressée pour l'écouter.

Je me demande bien comment il a réussi à survivre, seul. Il a dû trouver de la nourriture, il n'a pas rencontré la pluie de sang, ni le feu, il s'est protégé du froid, il n'a pas ouvert de parachute qui explose et surtout il n'a rencontré personne, au terrain de la corne d'abondance ou ailleurs. Je sais où il est. Il est retourné à la corne d'abondance après le massacre, et il s'est caché dedans. Il n'a pas eu froid, ni trop chaud non plus, il n'a pas manqué de nourriture ni de médicament. Il a du bien rire en voyant les autres tributs venir se servir puis repartir. Peut-être même qu'il en a tué certains, comme la fille du 9, elle a dû retourner se servir à la corne après que son copain ait explosé, et il l'a abattu. C'était lui le bruit que j'avais entendu, je n'étais pas folle et lui pas très discret, si j'avais levé la tête, je l'aurais démasqué. Je sais ce que je ferai demain. Puis je me rendors déterminée.

Je me réveille quand le soleil est levé. Je sors du sac de couchage, je mange et descends de l'arbre. Je commence à marcher vers la corne d'abondance. Le public doit se demander ce que je fais. Je n'ai pas besoin d'y aller : j'ai des armes, des provisions et une trousse à pharmacie. À moins que le public se doute que j'ai découvert la cachette du garçon du 11.

Il n'y a personne sur la plaine. Je m'avance vers la gueule de la corne d'abondance. Le pas prudent, mon arc prêt à tirer la flèche et mes yeux regardant tout autour de moi doivent lui donner des indices. Il sait que je sais qu'il est là. Il panique et fait tomber des armes sur le sol. Je lève les yeux et le remarque dans le faux-plafond. Celui-ci est constitué de plaques de métal, mais elles ne sont pas collées, on peut apercevoir ce qu'il y a entre les plaques. Je vise vers lui et lance ma flèche. Je rate ma cible. Il commence à bouger sur les plaques. Je continue de tirer plusieurs flèches mais il est rapide et il les évite toutes. Puis il descend du toit et je dois me déplacer à travers les piles d'objets pour ne pas le perdre des yeux.

Il prend plusieurs sacs et armes puis se met à courir en direction de la forêt en sortant par l'autre entrée de la corne. Je me lance à sa poursuite. Je lance plusieurs flèches mais je le rate. Il se rapproche de la forêt, et je ne pourrais plus l'avoir, pas avec les arbres qui me cachent la vue et l'avance qu'il a prise sur moi. Je ramasse quelques flèches que j'ai lancé au passage puis je me lance à sa poursuite.

Le public doit avoir les yeux rivés sur les écrans, voilà de l'action. La pluie de sang et les parachute qui explosent ce n'était rien, pas même les quelques affrontements qu'il y a eu. Une chasse à l'homme, voilà qui doit plaire au public. Après une heure de course, je m'arrête. Je bois, je mange car cette course m'a creusé l'appétit. Je compte mes flèches, il m'en reste 15. Mais j'ai toujours mes 5 couteaux et une hache. Puis je retourne poursuivre le garçon. Il ne connaît pas la forêt, j'y suis depuis quelques jours alors que lui restait à l'abri dans la corne d'abondance.

Il a dû s'ennuyer, puis je me dis qu'il ne survivra pas longtemps dehors, s'il est resté caché, c'est parce qu'il ne doit pas savoir survivre. Je continue de le chasser mais le soleil descend et je m'arrête. Quand je le poursuivais, j'ai attrapé un renard. Je le dépèce, le cuit et le mange, avec du pain, du fromage et des pommes qu'il me restait de hier.

Je grimpe dans un arbre et je m'installe. L'hymne résonne et le logo apparaît suivi d'aucun nom. Je réalise que c'est le premier jour où il n'y a eu aucune victime. Ma chasse à l'homme a dû assez les divertir, ou peut-être pensaient-ils que je l'attraperai et l'égorgerai.

Je m'endors rapidement mais je ne dors pas bien : je fais des cauchemars, je revois les visages de mes victimes auxquels celui d'Aiden s'ajoutera bientôt. "Harr, Veronica, Quinn, Cassy, Toby, Jane, Yan, Brett et Glass."

Les 76èmes Hunger GamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant