5, 9, 15 et 22 septembre

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"5 septembre 2045

Cher Nat, nous avons reçu un rapide coup de téléphone d'un médecin parti avec le convoi. Ils ne sont plus qu'à une journée du point de rendez-vous. Tout se déroule normalement. De quoi aurions-nous pu rêver de plus ? Un chirurgien m'a appris à jouer aux cartes, et je trouve cela bien ludique. Ce serait mieux si j'avais quelqu'un avec qui jouer...

9 Septembre 2045

Cher Nataniel, je ne me suis jamais sentie aussi joyeuse ! Les jours ne m'ont jamais parus aussi rapides. A peine ai-je le temps de me lever que le soleil repart déjà se coucher. C'est plutôt bon signe non ? Nous n'avons toujours pas de nouvelle, mais ce n'est pas étonnant. Les moyens de transmissions ne sont pas bons de nos jours. Pouvoir téléphoner et déjà une chance. Soyons patients.

15 Septembre 2045

Cher Nataniel, les médecins font courir d'étranges et inquiétantes rumeurs... Comme quoi l'arrivée près de la côte ne se serait pas fait normalement. Qu'un incident serait survenu. Je ne suis pas angoissée. Ce ne sont que des bobards déformés par le bouche à oreilles d'adultes pessimistes...Du moins, je l'espère...

22 Septembre 2045

Cher Nat, dire que je suis inquiète ne serait pas suffisant pour exprimer le sentiment d'effroi que je ressens. Cela fait trois semaines que les camions sont partis. Pas un n'est revenu. Pas une information ne nous a été communiquée. J'étais bien prétentieuse en me croyant au-delà de toute inquiétude il y a plusieurs jours...

Que leur est-il arrivé là-bas ? Que s'est-il passé ? Pourquoi n'avons-nous toujours pas de nouvelles ? Je scrute chaque heure le poste de télévision dans l'espoir qu'un message nous parvienne ! Mais rien. Nous avons tenté d'appeler avec le téléphone de l'hôpital un médecin parti avec le groupe, mais nous n'arrivons pas à le joindre.

Il y a eu un problème. J'en suis sûre. Un vaccin miracle sorti du néant, c'était beaucoup trop improbable pour être réel. Mais que sont venus faire nos sauveurs ici si ce n'est pas pour nous guérir ? Sont-ils venus déjà ? Si oui, pourquoi ? Pourquoi ? Ces questions me hantent nuit et jour. Errent dans mes cauchemars la nuit, et pèsent sur ma conscience le jour.

Je repense sans cesse à cette femme au visage chaleureux. A son geste plein de douceur. A son regard inquiet lorsqu'elle me regardait du camion. A ce qui a bien pu lui arriver.

Il ne reste quasiment plus personne ici. Les vieilles habitudes ont repris leur place. Les rues sont vides, et les quelques habitants que j'ai vu rester le jour du départ se terrent chez eux. Les médecins s'occupent à peine de moi. Mon cas leur est bien égal. Je ne suis pas malade. Ce que je vais te dire va peut-être te chagriner, et j'en suis navrée, mais je n'ai pas besoin d'un médecin en ce moment ni d'un journal. Mais plutôt d'un ami. D'une mère. D'un humain. J'en cherche en vain."

Solution finaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant