Car les sentiments se refoulent, s'oublient, s'anéantissent

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 "La ville est laide, grommelle Sonia.

 Le camion déambule dans les rues en direction de l'auberge qu'on leur a attribuée. Dans les véhicules, les voyageurs observent les avenues grises défiler. Les bâtiments sont sales et abîmés, recouverts de mousse et de neige. Style années 2020, avec leur vitrine qui, à l'époque, se voulaient innovatrices et modernes, les immeubles sont désormais maussades et tristes. Ils ne sont plus que des carcasses aux fenêtres brisées, et aux façades taguées. Les gigantesque écrans qui diffusaient il y a des décennies des publicités, sont aujourd'hui brisés, les balcons infestés de plantes grises, et la plupart des magasins barricadés par des planches que l'on a clouées aux devantures.

 Autour, les habitants discutent, les enfants chahutent, et les vendeurs du marché attirent la foule à coup de grands cris plus effrayants qu'attrayants. Certains fixent d'un regard noir les camions arriver en masse. D'autres vont jusqu'à hurler des insultes. Puis vient un moment où un gamin des rues, sale, vêtu d'une veste trop grande, lance une pierre au camion. Le mouvement emporte la foule qui suit le jeune garçon et envoie des projectiles aux voyageurs qui se tassent au fond des véhicules.

-Dégagez ! beuglent certains.

-Putains d'étrangers ! rugissent d'autres.

Mais soudain un détonation surprend tout le monde et le silence s'installe de nouveau. On observe l'origine du coup de feu. Martin tient un pistolet en l'air, son canon fume, presque comme le soldat lui même au visage déformé par la rage.

-Ces gens sont sous notre protection! mugit-il. Le premier qui s'en prendra une nouvelle fois à eux aura à faire à nous !

Les villageois se dispersent et s'éloignent de la route, laissant le chemin libre. Mais la tension qui règne empeste si fort que Sonia en a presque des hauts-le-cœur. Arrivés à l'auberge, les derniers camions déchargent les voyageurs qui s'empressent de descendre. Ils en restent ébahis quand ils voient l'immeuble dans lequel ils vont dormir. 

 La façade est impeccable, blanche, sans une traces de salissure. Les fenêtres si propres, reflètent la lumière des quelques rayons de soleil qui percent à travers les nuages. Aux balcons, les barricades dorées soutiennent des fleurs splendides aux pétales rouges écarlates, pareilles à des flammes mouvantes. Les tuiles du toit sont semblables à des morceaux de charbons brillants. La porte parait s'enflammer tant ses couleurs vives éclatent de vie. Et il n'y a pas une touffe d'herbe qui surgisse du chemin en dalle roses qui slalome entre les jardins luxueux où des platanes et des chênes observent le cortège funèbre s'avancer. S'avancer vers un lieu qui cache bien des secrets. Les arbres veulent crier des avertissements aux nouveaux arrivants, leur hurler de s'en aller, mais ils restent muets et se contentent de soupirer silencieusement.

 Lorsqu'on promet une douche et un repas aux voyageurs, ils sourient. Alors, ils se précipitent vers les chambres qu'on leur a mis à disposition comme des harpies sans voir les regards cupides de leurs hôtes . Sonia cherche du regard sa protégée mais cette dernière est introuvable. Alors elle se dirige sans se questionner plus que ça vers le bâtiment.

***

 Sous la douche froide, Sonia frissonne, mais elle se ressource comme une plante qui n'aurait pas vu le soleil depuis des jours. Elle s'habille des vêtements qu'on lui a donnés. Vêtements plutôt chauds comparés à ceux qu'elle possédait jusque là. Un pull vert kaki, un pantalon d'une matière bleue qu'elle n'a jamais vu jusqu'à aujourd'hui , et une veste noire qui lui touche même les genoux ! De surplus il y a même une écharpe blanche ! Sonia se croit dans un rêve ! Elle enfile les vêtements, et s'allonge sur le lit drapé d'une couverture chaude mais assez irritante. 

Solution finaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant