Solution finale

Le monde immunisé

La chute est plus longue que prévu, le pont culminant à plus de trente mètres de l'eau. Tant bien que, au moment de l'impact, Sonia a le souffle coupé. Heureusement, Martin était là pour recevoir le choc avant elle, aussi, s'évanouit-il quand son dos frappe avec force la surface de l'eau.

L'eau est glaciale, et s'infiltre sous les vêtements des deux jeunes. Sonia est tétanisée et peine à remonter à la surface. Lorsqu'elle ressent l'air atteindre de nouveau ses poumons, elle prend une grande inspiration. Elle jette un regard affolé autour d'elle, mais Martin ne remonte pas.

-Martin ? appelle-t-elle.

Quelques mètres plus loin, un corps surgit à la surface. L'adolescente s'en approche et constate avec frayeur le teint pâle, les yeux clos et le filet de sang qui coule du nez de Martin. Soudain, des lumières qui proviennent du ciel l'éblouissent. Elle se cache le visage avec sa main, tout en peinant pour rester à l'air libre, et y maintenir Martin. Une échelle descend d'un engin volant qu'elle reconnaît comme étant un hélicoptère. Un homme y descend, équipé d'un baudrier. Arrivé en bas, il jette une bouée aux deux jeunes.

Quelques minutes plus tard, ils sont remontés sur le bateau, et conduits vers l'infirmerie. Là bas, on les couvre de couvertures pour réchauffer leurs corps gelés. Une femme donne à Sonia une boisson chaude tandis qu'une autre se penche sur Martin pour l'ausculter. Elle l'emmène finalement dans une autre salle, et on délaisse la jeune fille qui reste en seule compagnie de soldats.

Peu après, Hugo, leur guide entre en furie dans la pièce. Il s'avance vers Sonia et la gifle si fort qu'elle en lâche sa tasse.

-Tu es inconsciente ? beugle-t-il. Tu aurais pu mourir !

« C'était le premier but », pense Sonia, en soutenant le regard enragé de Hugo.

Ce dernier reprend son calme.

-Désormais tu seras constamment accompagnée d'un garde. Au moindre nouvel écart, des punitions seront envisagées.

-Vous dévoilez enfin votre vrai visage, remarque Sonia.

-Pardon ? siffle Hugo.

-Vous m'avez bien entendu ! Vous n'être pas ceux que vous voulez nous faire croire ! Nous ne sommes pas vos invités, nous sommes vos prisonniers ! La seule chose qui vous intéresse chez nous, c'est notre potentiel génétique !

A ces mots, Hugo sourit.

-Crois ce que tu veux, cela m'est égal. Mais je refuse de te laisser atteindre à la vie d'un autre innocent sur ce bateau.

-Comment ça ?

-Martin est dans un état critique, explique le guide. Même s'il survit il n'aura plus jamais l'usage de ses jambes.

***

Deux journées sont passées depuis l'incident, et Sonia n'a pas de nouvelles de Martin. Tout ce qu'elle sait, c'est qu'il est soit mort, soit en fauteuil pour le restant de ses jours. Tout ça par sa faute.

Elle n'en a pas dormi de la nuit. De toute façon, les gardes qui surveillaient sa chambre faisaient un boucan du tonnerre. Le jour suivant, elle n'a quitté sa chambre que pour aller manger. Elle n'a pas croisé Anatole ni Martin lors du repas du soir, et s'est donc réfugiée dans sa chambre, en retenant ses larmes.

Puis, le lendemain, on la réveille brutalement.

-Arrivée imminente. Le bateau accostera dans dix minutes.

La voix, qui semble être celle d'Anderson résonne dans tout le yacht. Et malgré la culpabilité qui ronge l'adolescente, elle ne peut s'empêcher de se ruer hors de sa chambre, la curiosité prenant le dessus. Elle évite les gardes qui gardent sa porte et tentent de l'intercepter, et se précipite sur le pont, suivie par les autres jeunes.