Le début d'une longue série de mensonge

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En entrant dans la salle, Sonia titube et se fait rattraper par son garde qui la remet sur pieds brutalement. La jeune fille lui lance un regard noir et se redresse. Hors de question de leur montrer une forme de faiblesse, quel-qu'elle soit. 

Puis elle s'attarde à analyser la pièce. Lumineuse, chaude et grande pour être une cave d'un paquebot. Des tables où sont étalés des documents parcourent la salle, tout comme des outils médicaux. Seringues, ciseaux, bandages. Mais ce qui l'inquiète, c'est l'attention qu'elle crée en entrant, chez les occupants de la pièce. 

Un des scientifiques s'avance et l'invite à le suivre vers une siège blanc.

-Je t'en prie, dit-il en lui indiquant le fauteuil.

Sonia reste immobile quand elle aperçoit tous les outils qui entourent cette chaise. Constatant son indocilité, l'homme soupire.

-Peut-être veux-tu que l'on parle afin de te mettre en confiance?

-Me mettre en confiance? répète-t-elle dans un souffle. Vous m'avez kidnappée, enfermée dans une cage et vous voulez que je vous fasse confiance? reprend-elle en haussant la voix. Vous êtes très loin de me rassurer!

-Pourtant nous ne voulons que ton bien. Tu veux bien m'écouter que je t'explique en détail le pourquoi du comment?

Sonia hésite mais finit par acquiescer.

-Je ne vais pas te mentir, tu es précieuse, pour nous comme pour le monde. Ce sang qui coule dans tes veines possède une particularité hors du commun. Ton patrimoine génétique dissimule quelque chose. Quelque chose qui pourrait changer la face du monde. 

-C'est pour cela que vous nous avez enlevés à notre pays natal comme du vulgaire bétail et que vous allez vous servir de nous ? suppose la jeune fille.

-Ne me coupe pas Sonia. Là où nous t'emmenons est un pays où tu pourras avoir un VRAI avenir.

Cette phrase laisse coi l'adolescente. Le scientifique le remarque et ricane avant de reprendre en haussant le ton.

-Que croyais tu? s'écrit-il. Que tu allais trouver un travail en France? Trouver l'amour? Un amour qui ne serait pas brisé par la maladie? Fonder une famille?

Il dit ce dernier mot dans un souffle, comme inconcevable. Sonia ne dit rien, elle s'efforce de ne pas paraître convaincue, mais au fond d'elle, se met en marche un engrenage aux rouages rouillés.

-Sonia, nous ne sommes pas tes ennemis, chuchote-t-il.

-Erielle non plus n'était pas votre ennemi, pleure la jeune fille. Et pourtant vous vous en êtes débarrassé comme d'un jouet cassé. 

L'homme ne trouve pas quoi répondre. Il baisse le visage. Lorsqu'il le remonte, ce dernier est rouge pivoine. Il jette un coup d'œil aux soldats qui accompagnent Sonia, et, aussitôt, ils la saisissent chacun par un bras et la jette sur  le siège où ils l'immobilisent par des sangles. Sonia hurle comme une furie mais elle est solidement ligotée. 

-Nous poursuivront cette discussion une fois que tu seras marquée, dit calmement le scientifique. Tu n'es pas réceptive pour l'instant.

Il prend une espèce de pistolet auquel du bout se trouve une aiguille verte. Terrifiée par cet instrument qu'elle ne connait pas, Sonia se débat pour tenter d'échapper à cet enfer.

-Libérez-moi! meugle-t-elle. 

-Plus tu te débattras, plus ce sera douloureux. Et crois moi je ne veux ça pour rien au monde.

L'homme saisit sa main gauche, et la lie grâce à des fils très fins afin qu'elle soit grande ouverte. C'est si serré que le sang ne circule plus dans le membre de la jeune fille. Puis, il prend son pistolet et l'approche de sa main. Lorsque la pointe verte froide entre en contact avec sa peau, une douleur cinglante la fait hurler. 

-Je t'ai dit d'arrêter de bouger.

Sonia, comprenant que tout effort est vain, s'immobilise et en ressent aussitôt les bienfaits. La souffrance est bien moindre. Elle laisse contre son gré l'homme la tatouer comme un animal de compagnie. Dix minutes plus tard, elle est libérée de ses liens. Elle se lève de son fauteuil, porte sa main à son visage et observe avec horreur les trois triangles verts qui  ornent sa main entre le pouce et l'index.

Son premier réflexe serait de bondir sur son tatoueur et de le frapper jusqu'à ce que ses jointures rougissent du sang de son ennemi, tant sa colère la submerge, mais un garde prend ses deux poignets, les passe dans son dos, et les menotte. 

-Qu'est ce que vous voulez de nous à la fin? crie-t-elle.

-Es tu prête à me laisser finir mon récit? interroge l'homme.

Sonia n'ayant pas d'autre option, se mord la langue en acquiesçant. 

-Une fois arrivés aux pays immunisé, comme vous l'appelez, vous vivrez dans un centre de recherche adapté, dit-il en insistant sur le dernier mot. Nous ferons régulièrement des analyses de votre sang, observerons vos capacités physiques et mentales. Nous chercherons ce qui vous rend spéciaux. Vous vivrez dans ce centre, qui sera un lieu agréable. Vous jouirez de loisirs, vous disposerez de lieux d'entretiens et vous pourrez même suivre des cours.

A ces mots, Sonia se statufie. Jamais, en France, elle n'aurait pu espérer aller à l'école. La seule école qu'elle a côtoyée  était un bâtiment en ruine où vivaient des sans-abris violents et des drogués agressifs. Pourtant elle a rêvé de cette instruction.  Le scientifique remarque sa réaction et sourit.

-Oui, des cours, affirme-t-il. Je parie que tu n'en as jamais eu. Vous serez regroupés par pays pour suivre des cours adapté à votre niveau.

-Sérieusement ?

Puis, Sonia remarque alors qu'elle vient de se faire avoir. Elle en a oublié la mort d'Erielle. Mais il est trop tard, elle est déjà dans les filets de l'homme qui se frotte les mains.

-Oui, sérieusement, confirme-t-il. Alors ? Tu veux bien nous laisser une chance ? 

Sonia se retient de répliquer qu'elle n'a pas le choix et acquiesce d'un mouvement de la tête. 

-Parfait ! s'exclame-t-il. Je vais te laisser rejoindre ta chambre. Tu pourras te changer et je t'invite à te rendre au salon où te sera servi un repas.

-Très bien, répond Sonia sans montrer son enjouement. 

On la libère de ses menottes,  elle se lève et suit un soldat jusqu'à la porte. Puis une dernière interrogation lui vient à l'esprit. une interrogation qu'elle aurait du poser bien avant.

-J'ai une dernière question : Pourquoi nous avoir tatoué ?

L'homme, qui était retourné à sa paperasse, lève un regard vers la jeune fille. Sans hésiter, il sort une explication qu'il a du donner à chaque jeune passé ici avant elle.

-Ce signe est celui du programme dont tu fais partie. Et la couleur correspond à ton pays. C'est ce qui te démarque des autres jeunes d'Europe.

-Le programme ?

-On l'appelle le programme "Solution finale".



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