La Marque

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Sonia ne sent plus ses jambes, ni ses bras, ni ses doigts. Le produit qu'on lui a injecté l'a totalement paralysée. Quant à ses pensées, elles sont totalement noyées dans un océan de questions et de trouble.

Trimbalée comme un vieux sac, elle ressent chaque pas de celui qui la porte comme une agression, comme un coup de fouet. Mais lorsque qu'elle sent un courant d'air lui frôler la nuque, elle éprouve un sentiment de renaissance. L'air est glacial mais elle ne le sent pas. Puis une lumière vive lui agresse les yeux. Le soleil !

La luminosité est si forte que lorsqu'elle relève la tête elle met quelques instants à réaliser où elle se trouve.

Une plage à perte de vue. Des dunes de sable gris parsemées de touffes d'herbe morte. Un ciel noir d'où tombent quelques maigres flocons. Mais surtout, la mer, tempétueuse, acharnée, où glissent des vaguent blanches et chaotiques. Cependant lever la tête lui procure des nausées cauchemardesques alors elle la laisse retomber.

Elle ne saisit pas le sens de tout cette comédie. Cette mascarade. Et elle ne réagit même pas lorsqu'elle se retrouve sur un ponton en fer. Puis du ponton elle arrive sur une passerelle métallique chancelante, et de la passerelle à un sol de planches beiges et vernis.

Tous est flou cependant. Tout suinte. Le sol clair coule et Sonia prend peur, la vague de peinture beige les encercle et par un miracle inexplicable son kidnappeur esquive les coulées. Elle est fatiguée de se battre et abandonne le combat lorsque les coccinelles reviennent. Alors son esprit affolé s'évade dans un monde obscure, celui des rêves.

***

-Sonia ?

La concernée ouvre brutalement les yeux et sursaute en se rendant compte qu'elle ne voit que du noir, même les paupières soulevées.

-Sonia, comment tu te sens ?

La jeune fille respire de façon saccadée et son crâne lui fait si mal qu'en se relevant elle le saisit à pleine main et chancelle. Où est-elle ? La panique l'envahit.

-Doucement ! exige une voix qu'elle connaît que trop bien.

-Anatole ? Où sommes nous ? interroge-t-elle.

-Sur un bateau, dans une cale. Il fait noir mais ta vision devrait s'habituer bientôt. Calme toi.

Sonia aperçoit soudain une silhouette, puis deux et trois. Enfin c'est toute une foule de personne couchées, assises ou debout qu'elle peut distinguer à la faible lueur du néon rouge. Anatole est face à elle, et tente de l'apaiser par des gestes rassurants. Des mains levées, et qui tente de la maîtriser. Sonia observe autour d'elle. La cale est petite, et contient à peine dix personnes. Mais elle reconnaît son voisin de geôle, l'étranger. Il est prostré dans une position de protection, et tente de se réchauffer en frictionnant ses bras.

-Qu'est ce que c'est que ce délire ? chuchote Sonia à son ami.

-On nous emmène pour le pays immunisé. J'ai entendu un brin de conversation et si je fais le lien avec tous les événements passés, je pense qu'ils sont venus en Europe pour trouver des immunisés. Et pour les embarquer chez eux.

Sonia frissonne. Puis une nuance d'humanité perce dans son crâne fixé jusqu'ici sur un objectif de survie. Alors elle jette des regards affolé autour d'elle.

-Ça veut dire qu'Erielle n'est pas loin !

-Sonia... Je suis désolée.

-Comment ça ? questionne l'adolescente.

-Elle t'a menti. Elle n'est pas immunisée.

-Qu'est ce que tu me racontes ? souffle Sonia refusant la réalité qui s'apprête à la frapper de plein fouet.

Solution finaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant