Solution finale

1er septembre 2045

"1er septembre 2045

Cher Nat, le jour J est arrivé pour le plus grand bonheur de l'Europe. J'ai décidé de rester en ville le jour du départ. Cette décision m'a longuement préoccupé, mais j'ai fait ce choix afin d'être le plus utile possible. J'espère que tu le comprends.

Des dizaines et des dizaines de camions transportaient les malades pour les amener près de la côte ou aurait lieu le débarquement de nos sauveurs. Les gens se bousculaient pour atteindre un camion, les enfants criaient, pleuraient, sans comprendre qu'ils vivaient la matinée la plus importante de leur vie. 

J'aidais à conduire les voyageurs dans les différents véhicules. Lorsque tout à coup, alors que je conduisais une famille à un camion, une femme déjà embarquée m'a tendu la main pour me faire grimper à l'arrière, comme elle l'avait fait pour son fils quelques secondes auparavant.

« J'ai pas besoin d'y aller, ais-je bégayé, touchée par son geste maternel.

Son visage a exprimé une incompréhension totale, mais elle n'a pas insisté et a souri faiblement.

-Bonne chance, m'a-t-elle répondu. »

Je suis restée plusieurs minutes immobile, à réfléchir à ce geste. Mon cœur battait la chamade. C'était la première fois...

Puis le dernier bus est parti. Combien étions-nous à être restés pour nous occuper des condamnés intransportables? Autour de moi, je ne voyais que plusieurs médecins. Et quelques passants dont la raison de la présence ici était floue.Peut-être des immunisé eux aussi ? Leur regard vide en disait long sur les horreur qu'ils avaient dû voir. Je me suis demandé alors si j'avais les mêmes yeux, morts, blancs.

Le soleil se levait derrière les montagnes, et le premier rayon qui s'étendait dans le ciel a illuminé la rosée matinale. Un tapis de brume s'était déposé sur le lac miroitant. Et les feuilles rouges s'envolaient au gré de la brise qu'elles suivaient comme dans une valse effrénée entre deux partenaires.

Magnifique journée pour sauver le monde."