Le naturel revient au galop

15 6 1
                                    

-Je n'ai jamais eu aussi peur, sanglote Sylvie, le visage humide de larmes versées.

Nous sommes vendredi, tous les jeunes Européens ont subit le test qui ont mis à rude épreuve le courage et la raison des adolescents. La dernière des français fut Sylvie. Elle est revenue en classe poussée par l'homme sans prénom qui l'a rabroué, son maquillage coulant le long de ses joues. Sonia n'a pas eu l'occasion de la consoler et de la rassurer. Mais la journée s'est enfin terminée, et le groupe de français s'est regroupé autour du banc dissimulé par l'ombre de la nuit. Les voilà qui tentent de soutenir leur amie, sans résultats notables. Elle tente de retenir ses pleurs, sans succès. Ses sanglots brisent le silence qui plane dans la cour.

Au bout d'un certain moment, les gémissements de Sylvie se font plus faibles et moins réguliers. Puis, elle sèche ses yeux et inspire une grande bouffée d'air glacial.

-Nous devons partir, annonce-t-elle d'une voix tremblante mais affirmée.

-Tu as toujours foi en April ? questionne Sonia, réticente à lui faire confiance depuis son séjour dans la cage de verre.

-Nous n'avons pas le choix.

Sonia se lève du banc et, faisant dos à ses amis, croise les bras en réfléchissant. Se fier à cette femme ne lui dit rien qui vaille. Mais rester à ne rien tenter la répugne encore plus. Alors, soupirant, elle fait face à ses amis.

-Alors nous devons agir vite.

-On emporte qui ? interroge Anatole.

-Je pense que nous ne pouvons pas nous permettre de nous surcharger. Les plus petits seront ingérables et un danger pour nous, explique Sonia.

-Vous déconnez ?

Sonia, Sylvie, Anatole et Nathan se tourne vers Bastien, qui, les yeux écarquillés, la bouche entrouverte, leur jette un regard ébahi.

-Vous êtes complètement fous ! Vous ne pensez quand même pas réellement à vous enfuir ?

-Tu n'étais pas contre lorsque l'on en a parlé la dernière fois, remarque Anatole.

-Je pensais que cette idée stupide allait vous passer ! Je refuse de courir un risque pareil ! Qui sait à quoi l'on s'expose?

-Calme toi... Réfléchis à ce que tu dis.

-C'est tout fait, et tout réfléchis ! On ne connaît ni le pays, ni sa langue et on a aucun moyen de survivre en dehors !Je ne peux pas vous retenir, et je ne vous dénoncerai pas, mais je ne vous accompagnerai pas dans ce délire non plus !

Sur ces paroles, il se lève et se dirige vers le salon. Sonia jette un coup d'œil à Nathan. Ce dernier, la tête baissée et les yeux clos n'a pas réagit de toute l'altercation.

-Tu es toujours des nôtres ? interroge-t-elle doucement.

Nathan relève le visage et acquiesce, bien que ses yeux soient humides. Puis, à l'approche de Hugo, venu les ramener à l'intérieur, les quatre jeunes rentrent d'eux même, avant même de se faire rappeler à l'ordre. D'un commun accord, ils ne prononcent plus un mots, sentant peser l'absence d'un membre dans leur groupe. Un vide immense s'est frayé un chemin jusqu'à eux. Et ce vide, pensent-ils, ne sera sûrement jamais comblé.

***

Le lendemain, deux jours avant Noël, les entraînements, malgré le froid, la neige, et le verglas, ne sont pas annulés. Sonia et son amie se rendent jusqu'à la cour, emmitouflées sous un nombre de couches indéfinissables. Lorsqu'elles arrivent dehors, elles sont parcourues d'un frisson.

Solution finaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant