1er octobre 2045

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"1er octobre 2045

Cher Nataniel, J'écris ces quelques lignes les doigts gelées par le froid. On m'a dit qu'autrefois il ne faisait pas si froid à cette période de l'année. Mais de nos jours, les températures sont complètement déréglées. Réchauffement climatique.

Tu te souviens de ce jour où les personnes malades sont parties en quête d'un vaccin ? Il faisait beau. Mais pas chaud à n'en plus pouvoir respirer non, pas non plus chaud à ne plus pouvoir se lever sans avoir de vertiges... Beau comme un de ces rares jours où le soleil effleure ta peau sans la frapper, où le vent te chatouille sans te donner froid et où une fine bruine accueille la nuit tombée. Un soleil chaleureux, un vent amical, et une bruine agréable.

Le chirurgien qui m'a appris à jouer aux cartes est mort il y a quelques heures. Je l'aimais bien, il s'appelait Quentin. Qu'importe son prénom, l'Histoire ne retiendra rien de lui ou de sa dévotion. Comme elle ne retiendra rien des millions de morts victimes de la maladie ni de moi, enfant insignifiante.

Les quelques médecins encore en vie et les immunisés se sont réunis. Après un court débat, il a été décidé d'organiser un convoi ultime vers le littoral. Personne ne restera ici. Nous ne savons pas si nous y arriveront et ce que nous trouverons là-bas, mais à quoi bon rester ici ? Nous n'avons plus rien, à part l'espoir de trouver une solution, une porte de secours ouverte sur un nouveau monde.

Lorsque je cherche une personne, un ami bienveillant parmi les survivants, je ne trouve que des visages creusés et marqués par les épreuves traversées. Les yeux blancs, le regard hagard, le corps brisé par la faim, ils me regardent comme on regarde un grain de poussière. Et la main que je tends se referme sur un vide glacial. Les Hommes ont disparu ici. Même notre humanité nous a été enlevée.

Ebola nous a tout pris. "


Couverture par @PhoenixPotterWard .

Solution finaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant