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12. Denitsa

On avait encore tellement de choses à se raconter. Tellement de choses à s'avouer. Moi même je ne lui disais pas tout. Temps que je ne saurais pas ce qu'il me cache il ne le saura pas lui non plus.
J'avais fait la folie de me laisser aller à l'alcool; grossière erreur quand on est dans la même situation que celle dans laquelle je suis. Je reste persuadée que je ne suis plus seule. Même si cette durée n'est pas déterminée, comme si quelque chose s'approchait de nous, près à démembrer notre bonheur qu'on a tellement de mal à mettre en place.
Pourtant les choses ne sont pas si difficiles entre Rayane et moi. On s'aime, enfin, je suppose que c'est comme ça que sont les choses aujourd'hui. C'est surtout ce que j'ai cru comprendre suite à sa déclaration d'hier '' Parce que je t'aime Denitsa '' je crois que ses paroles resteront à jamais dans ma mémoire. Et même s'il est là à mes côtés pour l'instant j'ai le besoin de mémoriser chaque parcelle aussi infime soit elle de son corps.
J'ai besoin de lui.
Beaucoup trop d'ailleurs, comme ça aurait pu m'arriver ? C'est honteux de dire ça et j'espère que de là haut il ne m'en veut pas. Mais grâce à Rayane j'arrive à ne plus penser à Etienne, j'arrive à me persuader que tout ce qu'il s'est passé n'est peut être finalement pas ma faute.
Le fait est que si Etienne était mort c'était quand même en partie à cause de moi. C'était moi qui avait absolument souhaité sortir ce soir là. Je m'en rappelle comme si c'était hier. C'était le soir de mes vingt et un ans. Oh oui ça faisait déjà quelques années. On était de sortie, et je voulais absolument me rendre à une soirée qui était organisée à mon honneur. À l'époque je recherchais beaucoup la foule, étant bien trop habituée à vivre seule et recluse de tous.
Je sortais d'une espèce de dépression, la situation familiale de mes parents n'aidait pas franchement et mon frère était devenu un vrai courent d'air chez nous. C'est là que mes parents ont décidé de divorcer. D'un accord commun serte, mais je ne l'ai jamais au grand jamais accepté.
Moi mes parents je les avais toujours imaginé ensemble collés l'un à l'autre.
Alors Oui peut être que je remettais ce schéma sur mon couple avec Etienne. Mais ce jeune homme était tout de même relativement différent de moi. Beaucoup trop je m'en rend compte maintenant.
J'aimais sortir, lui ne supportais presque pas sortir de chez lui, c'était une personne assez casanière. D'ailleurs, il serait toujours de ce monde il n'aurait jamais pu me suivre dans mon périple à ignorer toutes les règles morales.
Mais le fait est qu'aujourd'hui je me rendais finalement compte que si la voiture n'étant pas allumée à minuit passée nous était rentrée dedans de plein fouet côté conducteur, ce n'était en rien ma faute. Et ça, ça avait été rudement difficile à avaler.
Grâce à Rayane j'arrivais à aller de l'avant. Ce n'était pourtant pas gagner. Même si mes parents ont divorcé ma mère a quand même pris la décision la plus difficile de sa vie ; partir de Bulgarie. J'avais jamais assez remercié ma mère se nous avoir sorti de la misère. Sans elle je n'aurais pas cette vie, je le sais et c'est pourquoi j'ai autant de respect pour elle. Mais j'aspire à être une meilleure mère qu'elle.
Être en période de recherche intensive de nouveau mari afin de remplacer mon père n'est pas la situation la plus agréable que j'ai eu à supporter.
Mais elle a fini par refaire sa vie, loin de Pavel et moi, c'est dur à avaler, mais tout compte fait c'est elle qui m'a donné les clefs pour m'envoler vers une nouvelle vie. Elle a été mon modèle. Elle n'avait besoin de personne, pas même de ses gosses, et bien moi non plus, pas mêmes de la personne qui m'avait mise au monde.

La pluie dévalait contre les carreaux du restaurant. La nuit avait commencé à tomber et je savais d'avance que la température extérieure serait difficile à gérer. Cela fait quelques jours que je n'avais pas revu Rayane. J'avais pris une sacrée cuite pour essayer d'oublier, ouais oublier que j'avais appris quelque chose de sûrement trop dur à accepter. J'étais pas prête à ça, personne ne l'est. Ce n'est pas que je n'ai pas donné signe de vie. J'avais plutôt décider de me reculer afin de prendre du recul. Nuance. C'est vrai qu'il me manquait. Et apparemment, lui aussi, mais le fait est qu'il avait décidé de prendre les devants.