6. Rayane

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Je la regardais comme si elle avait toutes les peines du monde sur ses épaules. Elle était tellement maigre que j'en eu réellement mal au cœur. Quand était la dernière fois qu'elle avait ingurgité quelque chose ? Son frêle bras tremblait sur sa jambe alors qu'elle ne me regardait même pas. Elle n'avait pas détourné la tête alors comment pouvait elle être aussi sure que c'était moi ?
'' - Comment tu sais que c'est moi ?
- T'as une odeur qu'on oublie pas. '' instinctivement je souriais, certain qu'elle ne puisse pas me voir et levais les yeux au ciel. Égoïstement j'étais soulagée qu'elle ne m'ai pas oublié. Parce que moi fallait regarder la vérité en face à un moment donné et c'était un fait : je n'arrivais pas à la sortir de ma tête.
Si j'avais fait ça et avais décidé de sortir de sa vie c'était uniquement pour elle. Pas pour moi, moi je pourrais donnée tout pour elle.
Mais je ne peux rien lui promettre ni un amour éternel, ni une magnifique maison avec des gosses qui courent partout. Non malheureusement je n'ai rien à lui promettre. Et c'est pour ça que je refuse de m'attacher à elle, j'ai été trop loin je m'en mord les doigts. Et elle aussi.
Mais le fait était là : je l'aimais. Et aller à l'encontre de ses sentiments, toujours et encore les refoulés à un moment ça épuise.
'' - A quand remonte ton dernier vrai repas ?
- Qu'est ce que t'en as à faire au juste ?
- Faut pas que tu te rendes malade tu sais.
- Je suis pas malade tu vois bien. C'est toi qui me rends malade. J'en ai marre de t'avoir toujours dans ma tête c'est compréhensible ? Personne ne peut me comprendre. Pas même toi vu que tu m'as déjà oublié.
- Tu te fais du mal pour rien Denitsa.
- Oui bah oui pour rien c'est sur. Donc toi et moi ça rimait à rien ?
- Non j'ai pas dit ça.
- Tu l'as sous-entendu.
- T'as été très spéciale pour moi. Mais comme tu me l'as dit ; c'est fini, c'est terminé même si c'était magnifique.
- Alors donne moi ton secret.
- Pour ?
- Pour oublier une personne que t'as aimé, ou du moins si tu m'as déjà aimé en une simple soirée.
- Je n'ai aucun secret.
- Alors comment tu fais ?
- Je reste détaché de ceux que je fréquente.
- Je pensais pas que t'étais un connard.
- Merci.
- J'ten pris. '' et la discussion s'était arrêtée là. Je crois même qu'elle s'était endormie. Moi je repassais cette conversation en long en large et en travers dans ma tête. Le voyage promettait d'être long. Même si à ce que je voyais de son visage ses joues s'étaient creusée elle restait toujours la magnifique jeune femme que j'avais laissé en bas ce cet immeuble.
Denitsa avait des cheveux magnifiques. J'avais tout le temps envie de les toucher, d'avoir cette main dans son cou pour la protéger. Finalement c'est con mais c'est en voulant la protéger que je l'ai détruite. Elle ne connaît pas encore tout sur moi et c'est tellement imposant et présent que ça m'écrase presque tout entier.
Ses cheveux étaient étalés sur le siège et sur son visage le camouflant du regard des autres. Elle paraissait encore plus petite et plus fragile qu'avant. '' J'sais même pas pourquoi. '' au contraire je pense qu'elle sait très exactement ce qu'elle a. Que c'est plutôt moi qui ne sait rien à la situation dans laquelle je l'ai plongé. Je l'ai laissé se noyer comme un enfant se noie dans une piscine alors qu'il ne sait pas nager. Je suis tellement pathétique. J'ai toujours voulu faire bien mais à chaque fois je fais que de la merde c'est pas croyable d'être comme ça.
Depuis que je connais cette femme, j'ai compris certaines choses que je n'avais même pas remarqué. J'ai compris qu'une femme pouvait avoir un impact sur notre vie. Surtout quand cette femme c'est celle qu'on aime.
'' - Tu vas me regarder encore longtemps dormir ?
- J'te regardais pas.
- Tu pourrais me voir tous les matins si t'étais pas partie coucher avec une autre. '' bim aller prend ça Bensetti ça fait toujours du bien. Même si c'était mérité ça atterrissait en plein dans ma poitrine.
'' - Je sais.
- Si tu le sais pourquoi tu l'as fait ? '' je réfléchissais avant de répondre. Je devais la mettre sur la voie sans pour autant balancer mon iceberg d'un coup. Pourquoi j'avais fait ça ? Parce que j'suis con et que je la mérite pas ? Ouais c'est un peu de ça aussi.
'' - Si on aime à en crever autant l'achever plus tôt. '' elle se redressait et me regardait pour la première fois dans les yeux. Ils étaient cernés et vide de sentiments. Aucune expression ne filtrait à travers ses iris marrons que j'aimais tant. La première fois que je les avais vu j'avais remarqué toutes les nuances de marrons dans son œil. Aujourd'hui j'y vois toutes les nuances de souffrances que je lui ai infligé.
'' - C'est comme ça que tu vois les choses ?
- À peu près.
- Alors tu as bien fait de partir. '' mon cœur se serrait. Aller et de deux.
'' - Pourquoi ?
- Parce que pour moi aimer à en crever c'est être prêt à mourir pour la personne et pas tuer l'amour qui les unis. '' elle marquait un point mais j'étais incapable de lui répondre. Même si au fond de moi j'le pensais et pire j'le savais c'était parfaitement impossible. Je mettais alors mes écouteurs et écoutais la musique pour me déconnecter du monde.
Le voyage était encore long si au moins on allait au même endroit.

Je sortais mon sac de vêtements de son emplacement et sortais de l'avion sans essayer de trop regarder derrière moi. Effectivement on allait apparemment au même endroit.
On était à Hawaï. Que rêver de mieux pour s'offrir une nouvelle vie ? L'Espagne n'était pas assez loin pour laisser ses soucis chez soi. Là je n'étais plus sur le même continent, de l'autre côté d'un océan. Ça faisait plus réel.
La maison que j'allais occuper était un chalet entre forêt et mer. La terrasse donnait sur la place et les différents arbres qui s'y trouvaient à proximité.
C'était un coin de paradis, exactement l'endroit qu'il me fallait pour reconstruire ma vie. Ma vie seul jusqu'à la fin. Je n'avais jamais plus l'intention de revenir en France. Plus rien ne me retenais là bas. Personne ne m'a retenu. Denitsa était ma voisine. Je ne savais pas si c'était un coup de chance ou du destin. Je savais pas non plus si je devais rire ou pleurer.
Denitsa je savais parfaitement ce qu'elle était pour moi et mon foutu subconscient. Ça n'avait rien à voir avec elle. Déni n'avait jamais rien fait de mal. Elle était même parfaite, la femme que tout homme rêverait d'avoir à ses côtés jusqu'à la fin de ses jours. Je ne faisais pas exception à la règle bien sûr. Je l'aimais comme un fou, et si elle serait moins aveugle et moi plus clair elle le comprendrait toute seule.
Mais je pouvais pas lui jeter la pierre, la situation dans laquelle on était tous les deux était complexe. Le fait est que j'étais le seul à savoir pourquoi. Je ne savais même pas comment mon agent était au courant mais soit, je lui pardonne et je l'ai aussi quitté. Enfin, je lui ai plutôt dit adieu.

Mon téléphone vibrait dans ma poche alors que j'étais étendu sur mon transat face à la mer. Je reconnaissais ce numéro. Je décrochais et écoutais la voix qui m'était tout à coup familière.
'' - Bonjour maman.
- Mon fils, comment tu vas ?
- Bien, merci.
- Je te dérange peut être.
- Non pas du tout je faisais la sieste.
- Dis moi, je pourrais passer chez toi pour poser quelques affaires ?
- J'ai déménagé.
- Eh bah donne moi ta nouvelle adresse alors.
- C'est que ça va être compliqué.
- Pourquoi donc ? Tu n'es pas tout seul hein c'est ça ?
- Mais non rien à voir, je vis plus en France.
- Quoi ? Pardon ?
- Je vis à Hawaï maintenant.
- Et ton logement ? Et ton boulot ? Tu vas faire quoi là bas ?
- Arrête de t'en faire je m'en sors très bien tout seul.
- T'es sur de ça ?
- Ça fait plus de quinze ans que je m'élève seul alors ouais j'suis sur maman. '' je raccrochais et posais mon téléphone sur la petite table ronde à côté de moi. Qu'est ce qu'elle pouvait être agaçante merde. C'est à bientôt vingt quatre ans qu'elle se préoccupe de moi ? Eh bah mieux vaut tard que jamais ma parole. La bonne blague depuis qu'elle a divorcé de mon père elle a changé de faille et de vie. Elle a eu une fille avec son nouveau mec mais je l'ai jamais vu, je sais même pas comment elle s'appelle. Preuve que ma mère a bien autre chose à faire que de savoir comment je mène ma vie. Et quand bien même ça faisait bien longtemps qu'elle n'avait plus rien à dire.
C'est à cause d'elle que je ne crois plus en ma présence des femmes. Mais je savais qu'elles n'étaient toutes pas comme elles. C'était une simple excuse pour ne pas voir la vérité en face : j'avais peur.

Je tentais de m'endormir encore et encore en me retournant dans mon lit dans tous les sens. Je finissais par abandonner et me lever moi regarder la maison voisine de la mienne. La lampe était allumée dans la pièce qui donnait sur ma chambre.
Ça avait aussi l'air d'être une chambre, les volets étaient tirés et je ne voyais que des ombres dansés derrières ces derniers. Une silhouette que je reconnaîtrais entre mille même avec des kilos en moins était bien là. Denitsa passa derrière le rideau en enlevant certainement l'habit qu'elle avait sur elle et disparu.
Toutes sorte d'images que j'avais tenté de refouler revenaient à la surface. J'avais tant aimé être avec elle.
Mais c'était impossible que ça se reproduise.

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Coucou les amis. Nouveau chapitre aujourd'hui avis ?
La suite pour bientôt.
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