17. Rayane

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Ma main serrait la sienne alors que l'aiguille s'approchait de mon flanc gauche. J'aurais pu choisir un autre endroit c'est vrai j'aurais même pu ne rien faire du tout. Mais c'était un moyen comme un autre d'immortaliser ce qui maintenant était la réalité, ma vie. J'aurais pu même le faire avant quand j'ai compris que je l'aimais plus que de raison. Mais si j'avais fait quelque chose de logique dans ma vie, ça se saurait. On change pas une équipe qui gagne paraît il.
Un jour j'avais dit à Denitsa, alors qu'on était encore dans notre coin de paradis, face à la mer, blottis l'un dans l'autre face à la mer
'' - Tu es le soleil de ma vie. '' et c'était vrai, d'ailleurs ça l'est toujours. Est ce qu'elle aurait pu vraiment être autre chose d'ailleurs ? Il ne me restait qu'elle et maintenant.. maintenant c'est elle et personne d'autre. Je lui dois tout et bien plus encore. J'allais bientôt retourner où je suis actuellement pour faire tatouer le nom de notre fils qui d'ici quelques mois sera avec nous.
Parce que Oui c'était un garçon. Je savais pas si je devais pleurer mais j'ai réussi à garder un peu de virilité. On a pas forcément besoin de parler pour se comprendre, notre corps le fait pour nous. Elle avait pleuré par contre, plus que de raison certainement mais pourquoi se retenir quand il s'agit de notre famille ? La regarder me calmait, d'où elle est là à mes côtés dans cette nouvelle épreuve. Enfin, épreuve c'est peut être un bien grand mot. Je vais ajouter à ma peau ce qui pour moi restera toujours vrai.
Le fait c'est que le tatouage n'a pourtant pas été une passion pour moi. J'arrivais pas à concevoir de tatouer quelque chose sur moi de manière éternelle et permanente, vu que rien ne l'était pour moi à l'époque. Mais maintenant ? Maintenant tout a changé. Elle fait partie de moi.
'' - Ça va aller ?
- Ouais ouais. '' j'espère que je disais vrai quand même. L'aiguille du tatoueur commençait à dessiner les lignes de la phrase que je pensais si fort mais que j'avais si peu prononcé. Je regardais ce qui pour moi était la femme de ma vie, elle me calmait. Qui aurait cru un jour qu'une femme aurait cette emprise sur moi ?

Je me dépêchais de fermer ma valise en faisant attention à ma marque qui était fraîche et encore ressente. Denitsa m'avait pourtant dit qu'il fallait se dépêcher si on ne voulait pas louper notre avion. Eh oui, on s'offre des petites vacances improvisées. On a prit nos places il y a trois jours pour le premier avion où il restait des places. Denitsa n'avait qu'une envie et c'était de revenir à ses sources. Si j'avais fait mon mea culpa pour mes deux parents ce n'était visiblement pas le cas de ma fiancée. Elle m'avait demandé ce service pour être en paix elle aussi. Ce que je pouvais pas lui refuser.
'' - T'en as encore pour longtemps ?
- Non j'arrive là. '' je fermais pour de bon le sac et rejoignais Déni dans la salle de bain.
'' - C'est bon on peut y aller.
- J'ai failli attendre.
- Très drôle ça. '' elle me volait un bisous avant de s'éclipser vers la porte d'entrée. Si je comprenais bien les deux valises étaient pour moi. Elle avait même eu le temps d'appeler un taxi qui était déjà en bas de chez nous lorsqu'on arrivait sur le trottoir. J'avais déjà dit qu'elle était fantastique ?
'' - À l'aéroport s'il vous plaît. '' et ça n'avait pas changé je détestais toujours autant attendre dans un taxi. Je préférais de loin conduire et le pire de tout c'était dans les bouchons. Si j'aurais pu tuer quelqu'un je jure que je l'aurais fait. Le problème de Lyon c'est que la périphérie est contrôlée par des radars à tous les dix mètres. En arrivant à l'aéroport on prenait un premier avion pour rejoindre Paris et de Paris traverser l'Atlantic. On s'enregistrait et prenions rapidement place dans les sièges. Et dire qu'il y a quelques mois on était déjà dans un avion mais que tout était tellement plus compliqué.
'' - Si tu pouvais tu changerais quelque chose à notre histoire ? '' cette question me brûlait les lèvres depuis déjà pas mal de temps.
'' - Sérieusement ?
- Euh.. oui.
- Rien du tout. Je pense que si ça s'est passé comme ça c'est que ça devait pas être autrement, tu crois pas ?
- Je sais pas. Je crois pas trop à ces trucs là. Mais si j'aurais eu les couilles de te dire toute la vérité ça aurait être plus facile.
- Mais si c'est facile c'est pas drôle.
- T'y as laissé des plumes.
- C'est la vie. Et puis maintenant ça va mieux, je suis bien avec toi. '' je souriais comme un con. Qu'est ce que j'avais fait pour mériter le gros lot comme ça ?
'' - Alors pourquoi Montréal ?
- Parce que c'est là que j'ai essentiellement grandit. Mon père est à Montréal, s'il n'a pas déménagé.
- Et pourquoi tu veux le voir ?
- Hum.. pour faire une croix sur ma rancune. '' une question brandissait dans ma tête.
'' - Quelle rancune ?
- Celle que j'ai pour mon père.
- Qu'est ce qu'il t'a fait ?
- Il m'a abandonné, ma mère, moi et Pavel, mon frère. '' je ne disais rien en attendant qu'elle poursuive.
'' - Quand mes parents ont divorcé mon père n'a plus voulu entendre parler de nous. Ça fait longtemps que je l'ai pas vu. Mais j'aimerais juste savoir pourquoi.
- Je te comprend. Tu as raison alors de vouloir faire ce voyage. '' j'avais quand même bien l'intention de profiter de ces moments avec elle pour faire ce que je veux depuis déjà pas mal de temps. Ce voyage est l'occasion que j'attendais.
'' - Je sais. ''

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