16. Rayane

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En ouvrant les yeux à ce moment précis je sentais que la douleur était enfin partie. Ma tête avait enfin arrêté de cogner inlassablement chaque jour. J'avais mal partout, comme si tous mes muscles étaient endoloris de n'avoir pas bougé pendant des semaines. La chambre était blanche et grise, mon lit blanc et je ne portais qu'une blouse d'hôpital bleue claire. J'étais branché à plusieurs endroits les rideaux étaient tirés et laissaient entrer une faible lumière. Il devait être assez tôt. Je tournais enfin la tête vers la gauche, sur la chaise se tenait Denitsa, la tête posée sur ses bras repliés sur le lit. Elle dormait. Je bougeais mon bras avec difficulté et touchais ses cheveux, elle se releva en sursaut comme si je venais de la brûler. Mon bras retombait lentement sur la couette. Elle me dévisageait comme si ce qu'elle voyait était impossible.
'' - C'est beau la mort finalement. T'es toujours là.
- Je suis là parce que t'es vivant, Rayane. '' je me rue un instant. Faut dire que la dernière image que j'ai c'est moi en train de tomber contre la baignoire. Alors je savais quand quel jour on était et quand bien même j'en avais rien à foutre. Elle était là et c'était ce qui m'importait. Elle n'a peut être pas trouvé la lettre finalement ?
'' - Si tu es en train de te demander si j'ai eu ta lettre, rassure toi, oui. '' je baissais les yeux vers mes doigts et les frottais les uns contre les autres. J'étais nerveux et je mordillais nerveusement ma lèvre inférieure.
'' - Tu devrais être mort.
- Je sais.
- Pourquoi t'as fait ça ?
- Je n'avais aucune chance...
- La preuve.
- Je voulais pas m'emmerder la vie.
- Ce n'est pas une raison. '' elle s'approchait de moi comme si j'étais un animal blessé. Finalement c'était peut être le cas.
'' - Refais plus jamais ça... On a eu la peur de notre vie.
- Comment ça, on ? '' les anti douleurs m'empêchaient de correctement réfléchir. Elle avait un petit sourire, ce sourire qui pourrait me faire faire n'importe quoi. Et puis elle baissait sa tête vers son ventre qui je le remarquais était devenu arrondi.
Bordel de merde.
'' - Attend Déni c'est trop en un seul coup là... '' elle riait à ma remarque et sorti de la chambre pour aller se chercher un café. Moi je commençais doucement à cogiter. Ça y est c'était fini alors ? J'allais avoir une vie normale, j'allais plus avoir besoin de lui mentir ou de la fuir ? Je savais pas exactement même pas du tout ce que je foutais là. Je savais même pas où j'étais en réalité.
'' - Rayane vous êtes enfin réveillé alors, c'est votre femme qui me l'a dit. Comment vous vous sentez ?
- Je.. euh ça va.. Attendez vous avez dit ma femme ?
- Oui, Denitsa. '' je croyais avoir loupé quelque chose. Mais elle n'aurait pas pu rester à mes côtés si elle n'avait pas été ma femme. Peu importait c'était en quelque sorte la réalité. 
'' - Où je suis ?
- À l'hôpital.
- Non mais quel hôpital ?
- À Paris. '' qu'est ce que je foutais en France moi ? J'avais loupé beaucoup de choses apparemment. Après quelques vérifications de passage Denitsa revenait dans la chambre avec un café fumant.
'' - Depuis combien de temps je suis inconscient ?..
- Quelques semaines. Exactement huit semaines en fait. On a du partir d'où on était pour un meilleur hôpital. C'est moi qui ai insisté. J'ai vendu nos deux maisons pour qu'on puisse repartir sur des bases seines. J'ai plus l'intention de partir sans toi maintenant. On a plus l'intention de partir sans prévenir. Sauf si tu nous suis. '' je baissais les yeux vers son ventre arrondis.
'' - De combien t'es enceinte ?
- Dix semaines. Et j'espère que tu vas bientôt pouvoir sortir parce que ça va être l'heure de la première échographie.
- Attend pas tout en même temps. '' j'avais déjà du mal à comprendre ce qui m'arrivait. Pour moi j'étais toujours sur notre île paradisiaque moi prêt à crever dans le plus grand des secrets. Si on était en France les choses étaient radicalement différentes mais si elle attendait un petit je comprenais qu'elle veuille rentrer. C'était normal après tout.
'' - Qu'est ce qu'on m'a fait pour que je survive ?
- À cause de tes conneries tes chances étaient tellement faibles que le médecin avait pratiquement baissé les bras. C'est moi qui lui ai demandé de faire la dernière opération possible à condition que tous les examens qu'ils te feraient seraient bons. Ça a été le cas. C'était il y a trois semaines. Ils m'ont dit que tu te réveillerais quand tu serais prêt. Tu n'imagine pas toutes les fois où j'ai voulu t'insulter pour avoir fait ça.
- J'ai agis comme un con j'le sais..
- Le dernier des cons.
- Ce n'est pas trop le moment là Déni..
- Mais t'es là et c'est ce qui compte. Maintenant tout va bien. Ils t'ont soigné tu es tranquille. '' quelques larmes de soulagement coulaient sur ma joue. Je lui devais tout, cette fois vraiment tout.

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