Le plateau n'est plus très loin, nous devrions l'atteindre avant la fin de la journée. J'espère vraiment que nous trouverons quelque chose une fois en haut, n'importe quel indice fera l'affaire tant qu'il nous donne ne serait-ce qu'un infime espoir de rentrer chez nous. Deux mois et deux semaines, tous ces mystères m'épuisent ; si cette situation était grisante au départ, j'ai fini par me lasser de marcher sans explication dans ces foutues montagnes. J'ai froid, je rêve d'un bon repas, d'un toit et d'un lit dans lequel passer mes nuits. Nous n'avons quasiment plus de réserves, de quoi tenir jusqu'en haut tout au plus. Je place tous mes espoirs sur notre prochaine destination: le plateau semble assez en hauteur pour que nous puissions voir au loin la suite de notre voyage ; avec un peu de chance, nous apercevrons des forêts, des prairies, ou n'importe quel autre environnement susceptible d'abriter animaux et végétations, et donc de quoi nous sustenter. Si nous sommes condamnés à errer dans ces montagnes, peut-être devrons-nous nous tourner vers le cannibalisme... Nous commencerons par nos deux récentes captures, et ensuite... Hum, je n'ose pas imaginer ce scénario, à vrai dire. Restons optimistes : nous trouverons notre salut au sommet de ce plateau.
« Dernière pause, les gars ? Proposé-je à mes trois compères.
-Allez, et après on s'arrête plus jusqu'à ce qu'on soit en haut ! Répond King, toujours aussi jovial.
-Tu iras tout seul alors, il est hors de question que je gravisse ce plateau de nuit. Rétorque Lion de son habituel sérieux.
-King, on t'a déjà dit qu'on serait au PIED du plateau aujourd'hui, pas en haut ! Je sais que t'es pressé, mais on va pas se ramasser la tronche lamentablement juste devant la ligne d'arrivée, alors qu'on a passé notre temps à être prudent pendant tout le trajet !! Crie Rushaway, passant ses nerfs sur son ami.
-Comment va-t-il ? Lancé-je à notre seul prisonnier conscient, las d'assister à ce genre de querelles.
-Va te faire foutre. Me répond-il avec ce regard noir qu'il n'a pas quitté depuis que nous l'avons capturé.
-Ecoute... Imperial, c'est ça ? Ce n'est pas dans mon intérêt que ton pote meurt. Si je peux faire quoi que ce soit pour qu'il résiste jusqu'en haut, je le ferai.-C'est toi qui va m'écouter mec, dès que j'aurai le moyen de buter les petites merdes que vous êtes, sois sûr que tu seras le premier.
-Je te trouve quand même très dur... On ne vous a pas volé, à ce que je sache. Bon d'accord, on a vos armes, mais on vous a laissé tout le reste. Vous nous appartenez pour le moment, mais si nous trouvons de quoi nous réapprovisionner, vous serez relâchés. Vous n'êtes pas menottés, vous n'avez pas été frappés, et personne ne vous a obligé à faire quoi que ce soit, si ce n'est nous suivre.
-Parce que ça te semble normal de profiter de notre faiblesse et de nous garder comme « potentielle nourriture en cas d'extrême nécessité » ? Regarde-le, il n'est même plus conscient !! Il meurt de froid, qu'importe le nombre de couches qu'on lui met pour le réchauffer, son mal agit de l'intérieur !!
-Et que veux-tu que j'y fasse ? Tu crois que ça m'amuse de traîner un mec à moitié mort ? On n'a même pas de planche, de corde, rien, on se casse le cul à le tirer par les jambes depuis une semaine, sois reconnaissant qu'on y mette autant d'efforts. Grâce à nous, il aura peut-être la chance de s'en sortir, parce que c'est pas dans votre grotte de merde où on vous a trouvé, avec un seul pauvre belge pour lui faire des câlins toute la journée, que son état allait s'améliorer ! »
Moi qui voulais entretenir un minimum de bons rapports avec lui, je me retrouve à lui gueuler dessus. Ce con est vraiment ingrat, que serait-il sans nous ? Tant pis pour lui, il peut bouder si ça lui chante, sa condition ne s'améliorera pas avant qu'on arrive en haut. Je lui tourne le dos, et dans ma colère, je hurle à Rushaway de cesser de se défouler sur King. Nous reprenons ensuite la route dans le silence, personne n'osant m'irriter davantage.
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Immersion
Paranormal"Si nous devons piller ou tuer pour progresser, nous le ferons sans hésiter. La morale, l'éthique, le politiquement correct, toutes ces conneries qui régissent notre société ne s'appliquent pas ici. Nous en sommes réduits à nos bas instincts, et...