Chapitre 14 - Scorpio

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C'est officiel, ce n'est plus qu'une question de jours avant que je me fasse bouffer. Je ne me pose plus la question, le nombre de Carapateurs a bien augmenté ces dernières semaines. C'est un bon entraînement pour le moment, je suis désormais capable d'en maîtriser trois en même temps ; mais je n'ai pas intérêt à en croiser d'autres avant d'avoir récupéré, ou c'est la mort assurée. Tu parles d'une galère... J'ai erré des mois entiers sans but, avec des gens. Ensuite, j'ai suivi un but, avec des gens. Et maintenant, je poursuis toujours le même but, seul : ce long faisceau lumineux qui pourfend le ciel et me fait malgré tout espérer le meilleur pour mon destin. D'après mes observations, il part du haut d'une gigantesque montagne et semble servir de balise, ou de signe de ralliement, ou quelque chose dans le genre. Peut-être que Cetex et les autres l'ont déjà rejoint. Peut-être aussi que cette salope de Sebber a réussi. Et moi je suis là, à tourner en rond, à cause de ces Carapateurs de merde, qui me coursent dix fois par jour, quand c'est pas la nuit, et qui finiront par m'avoir si je continue de me perdre. Si seulement, si seulement l'autre géant avait pas divisé notre groupe, si seulement je m'étais pas retrouvé avec le pire lâche que cette planète ait porté qui m'a, bien évidemment, fait faux bond au premier danger, je serais pas dans cette situation aujourd'hui.

Ah, un peu de compagnie. Un groupe de quatre Carapateurs. Merde. En temps normal, j'aurais réglé ça en quatre coups de feu, mais je n'ai pas touché à une munition depuis des lustres ; j'ai donc dû parfaire ma technique au couteau, ainsi que mes capacités physiques comme l'agilité. Mais là... Quatre cibles, c'est de l'inédit. Elles ne sont pas groupées et ne semblent pas coordonnées. Une par une, c'est gérable. Je dois frapper le premier. Voilà la première. Je dois la garder de face. Allez, viens, viens bouffer de mon timing. Mon bras est plus long que le tien, et ta tête est la première partie du corps qui se présente à moi. 3... 2... 1... Yes, dans le mille. Au sui- quoi ?! Merde, je me suis trop concentré sur le premier, j'ai pas vu le deuxième arriver sur mon flanc gauche. Merci mes réflexes, j'ai pu esquiver in extremis. Concentre-toi Scorpio, laisse pas la peur t'envahir. Prend les infos autour de toi. Voilà, troisième cible dans quinze secondes. Tu peux éclater la deuxième et te préparer pour la troisième. 3... 2... 1... Voilà. Tu vois, le sang-froid est ta meilleure arme. Met-toi face au troisi- Attend, ils sont combien là ?! Sept... Sept Carapateurs groupés... Ça y est, c'est la fin. Mes jambes n'ont pas attendues que je prenne la décision de courir, je suis déjà en fuite, mais je sais pertinemment qu'ils m'auront dans quelques mètres. Merci, c'était une belle aventure malgré tout. Il était temps que tout ça cesse, j'en avais marre d'être tourné en bourrique, de marcher, encore et encore, de combattre, encore et encore, d'enterrer mes morts, encore et encore. Cetex, Arbi, Aifairka, connard de Ono, continuez le combat, et si possible, vengez ma mort. Attend... Quel est ce bruit ? Comme un vrombissement, non, des bruits d'hélices ? C'est un hélicoptère ! Comme ceux qui nous ont amené dans cette jungle !! Et ce son... Des tirs de fusil. Les Carapateurs tombent comme des mouches. Je suis sauvé, putain, je suis sauvé. L'hélicoptère atterrit : cinq hommes en descendent, armés jusqu'aux dents, et forment un grand cercle autour de moi, leurs canons pointés vers les arbres environnants. Deux autres hommes s'approchent de moi, leurs visages me sont tellement familiers que les larmes me montent aux yeux.

"Arbi !! Et... Red ?! Qu'est-ce que tu fous ici ? Bordel, j'ai l'impression de rêver !
-Monte, on verra après pour les retrouvailles." Me répond sèchement Red.

Je m'exécute, et nous partons, mes sept sauveurs et moi, de cette putain de jungle dans laquelle je jure de ne plus jamais remettre les pieds. D'après la courte conversation de mes nouveaux compagnons, me ramener à l'endroit qu'ils appellent "Town" passe en priorité, devant le reste de leur mission de reconnaissance. Au fond de moi, je meurs d'impatience d'en savoir plus. Ont-ils trouvé la sortie ? Un lieu plus sécurisé ? Je reste silencieux pour ne pas les déranger dans leur organisation, mais qu'ils se dépêchent, j'en peux plus.

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