Souvenirs

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Pour la première fois, je l'ai enlevée, ce petit quelque chose qui me raccrochait encore un peu à toi...j'avais peur de l'arracher de mon cou de peur de ne plus être digne de le remettre, tu sais comme un sentiment de trahison. ça fait bizarre de ne plus le sentir sur ma peau, j'ai l'impression de t'avoir, une deuxième fois, perdue.

Je regarde souvent les photos qu'on faisait ensemble. Chaque nouvelle photo qui passe sous mes yeux est comme une petite électrocution me rappelant que c'est fini, que tu n'es plus là , chaque petite électrocution irréel me fait, chaque fois, un peu plus mal. Pendant que je pleurais comme une gamine tu souffrais toi aussi. Malgré toi, tu es parti. En souriant à se qu'on m'a dit. On m'a dit aussi que tu avais prononcé mon prénom, j'aurais voulut pouvoir te dire au revoir, quand j'ai appris que tu étais parti je me suis effondrée, comme une partie de mon corps qui m'avait laissé, mon cœur était parti en même temps que le tien. Ce souvenir me hantera toute ma vie.

Te rappelles-tu le 9 octobre 2010? Les feuilles étaient d'une couleur rouge orangée, c'était magnifique, j'adorais cette saison, nous adorions cette saison. C'était le jour de mon anniversaire, je t'avais dit que je détestais les surprises, bien sûr tu ne m'avais pas écouté et j'avais eu le droit à une surprise dont tu avais le secret, on était que tout les deux en fait, bière à une main et manette de jeu de l'autre, paquet de chips pour deux, c'était rien de spécial mais le simple fait d'entendre ta voix me crier des insultes après chaque partie gagnée, me rendait heureuse. L'atmosphère était détendu, comme toujours. Puis, je ne sais pas pourquoi tu m'as regardé d'un sérieux que je n'avais pas l'habitude de voir sur ton visage. Et tu me l'a offert, je t'ai regardée, surprise. T'as sourie, j'adorais ce sourire, j'aimerais le revoir, au moins une fois. Tu m'as dit que ce collier aussi banale soit-il me fera penser à toi si jamais il t'arrivais quelque chose, tu voulais que je garde un souvenir de toi.

A l'époque je n'avais pas pris conscience de l'importance de tes paroles. Je n'ai appris que plus tard, trop tard, qu'il te faisait vivre l'enfer, je n'y ai pas crue au début, puis je l'ai vue, affichant un grand sourire alors que tu venais de mourir, on l'avait arrêter, il était devenu complétement fou, il arrêtait pas de dire qu'il aurait dû me tuer moi aussi, comme il l'avait fait avec toi, qu'il aurait dû me faire subir les même choses qu'à toi. Je m'en veux, je m'en veux tellement, j'aurais dû savoir que tu souffrais. Ton père est venu à ton enterrement, il avait l'air triste, tout le monde venait le voir, lui disait tiens le coup, c'est dur mais ça va passer...Maintenant plus personne ne lui adresse la parole, normal, il t'a enlevé ta vie, acte impardonnable que personne ne pourra oublier. Aujourd'hui je suis encore une fois seule, triste, je ne fais rien, je n'ai plus la force de me lever, parce que je sais que si je recommence à vivre je serais forcée de répondre à toutes sortes de questions telle que ça va ? Tu tiens le coup ? Et crois-moi je n'ai pas envie de leur sourire ou de leur répondre oui, tout va bien.

Je regarde une nouvelle fois les photos de notre amitié plus que fusionnelle.

Août 2016, tu venais d'avoir 18 ans, aucune fête juste nos deux, on avait passés la soirée dehors, à la belle étoile. Je crois qu'à la fin on était un peu saoule mais on avait la raison, enfin je crois... On se racontais des trucs futiles mais ça nous faisait rire, on parler de quand on était gosses, ça aussi, ça nous faisait rire. Je me rends compte qu'on a jamais eu besoin de beaucoup d'amis, d'être intégrés à la société, on était juste tout les deux et ça nous suffisait. ça aussi, ça va me manquer. Tu te rappelles la rentrée en 5ème ? Septembre 2010, on s'est rencontrés, tu étais le petit nouveau dans cette école, tu étais aussi mon voisin. Pendant la pause t'es venu me voir et directement tu m'as dit «viens, aujourd'hui j'ai décidé que tu serais mon amie, pose pas de questions, chui bizarre », je t'ai regardé, surprise, puis j'ai baissé la tête «pourquoi tu veux de moi, je suis nulle, inutile, on penserai même à une erreur de la société» tu as répondu avec un grand sourire «oui, peut être bien, mais moi j'aime pas la société.», ce souvenir me réchauffe le coeur, s'en ai suivit des années de conneries et de rigolades, c'était drôle avec toi.

Tu sais, un jour je ne savais pas quoi faire alors pour remonter le temps l'espace d'un instant, je suis allée dans ta chambre, ça m'a fait bizarre, elle m'a semblé vide, trop vide. Sur ton lit, il y avait une lettre, elle m'étais destinée, je l'ai lue, et je crois que je n'ai jamais autant pleuré. Les mots me reviennent à l'esprit chaque fois que je pense à toi, tes mots me hantent, jour et nuit, tu me hante, jour et nuit.

"Salut toi, petit énergumène que je devrais appeler erreur de la société."

Tu t'en ai souvenu.

"Et oui, je me souviens de cette journée qui nous as lié tout les deux. Sinon j'espère que ça va, je voudrais que tu me pardonnes, je t'ai abandonné, je pense que tu as compris, si tu lis cette lettre c'est que tu sais, tu sais que je ne suis plus là , tu sais que c'est lui qui a fait ça...En clair, tu sais tout. Je voulais te le dire, que je n'étais pas heureux, mais faut croire que, comme chaque être humains, je suis doté d'une fierté qui m'a, en quelque sorte, obligé à me taire. J'avais peur qu'il te fasse du mal. J'espère qu'il a payé, et surtout, qu'il ne t'a rien fait. Sinon je m'en voudrais tellement."

Ne t'inquiètes pas, il ne m'a rien fait, je ne t'en veux pas, c'est à moi que j'en veux, et non je ne vais pas bien, tu n'es plus là , c'est pire que de la survie. Ce n'est plus rien.

"Je m'en veux aussi parce que je n'ai pas pu te dire à temps un truc hyper important, un truc que j'ai envie de te dire depuis longtemps, mais je ne le fait pas parce que j'ai peur de te perdre. Je t'aime. J'aimerais pouvoir te revoir une dernière fois avant de partir tout droit au paradis, je ne sais même pas s'il existe...Je voudrais pouvoir guérir tes blessures après une énième bêtises, enfin, comme tu les appelles, énième aventure. Je voudrais effacer les larmes qui ont couler et retenir celles qui ne l'ont pas encore fait quand tu es triste. Et, parfois, à l'inverse, quand tu en as besoin, être là quand tu voudras te lâcher. Je voudrais, encore une fois, voir ton beau sourire et pouvoir sourire avec toi. Crois-moi, cette vie a été une véritable aventure avec toi, et, je t'en serais éternellement reconnaissant. Une dernière chose que j'aurais voulut faire, pouvoir te serrer dans mes bras et sentir ton parfum sur mes vêtements. Tu sais j'aimerais t'appeler encore petite effrontée à l'allure de petit ange, j'aimais bien la tête que tu faisais, tu pourras me dire ce que tu voudras je sais que tu l'aimais, ce petit surnom, je le sais parce que tu rougissais, c'était mignon..."A mon enterrement je voudrais être là" , tu te rappelles quand je t'avais dit ça, tu avais pris ça pour une blague, ce n'en était pas une. Je voudrais être là pour te serrer dans mes bras et te consoler, te dire que tout ira bien, que la douleur n'est qu'éphémère, essuyer les larmes qui dévalent tes joues. Tu me manqueras énormément mais j'ai l'espoir qu'on se revoit un jour et qu'on puisse rire de nos années collèges et lycées, ouais j'ai hâte..."

Celui qui n'aime pas la société...»

Je crois que c'est là que j'ai pleurée le plus, moi aussi je l'aimais, beaucoup, et je n'avais pas voulut le lui dire de peur qu'il ne partage pas les même sentiments que moi, je m'en veux. Dans les images je garderais notre amour et dans ma tête les souvenirs de notre belle amitié qui, pour moi, ne prendra jamais fin. Je voudrais te dire adieu dignement, sans larmes, un jour viendra ou je pourrai reprendre ma vie sans penser à ta mort, par contre, comprends tu que je ne pourrai jamais cesser de penser à toi, et à ce sourire que tu faisais quand tu me disais que j'étais une petite effrontée à l'allure de petit ange, tu sais, je vais bouger, oui, un jour je serais heureuse. Mais avant j'ai envie de retourner voir chaque lieu où on avait été, et j'apporterai les photos, la nuit tombée je ferai un beau feu, une bonne bière à la main et je pleurerais toutes les larmes qu'il me reste en pensant à toi et à cette jeunesse passer trop vite. Et dans un murmure, quand il n'y aura plus aucun bruit, je le sais, quelque part dans le ciel, tu m'entendras, je te dirais,

Tu sais, je t'aimais aussi, et mon cœur s'est arrêté de battre lorsque le tien est parti au paradis...


Salut vous ! Voici le nouvel os de ce recueil. J'espère qu'il vous a plut. N'hésitez pas à me donner votre avis et vos conseils. Sur ce je vous laisse. A plus pour un nouvel os.

Recueil de one shot { TERMINÉ } Où les histoires vivent. Découvrez maintenant