Chapitre10

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Nicolas avait à peine fermé la porte que Jérémy repoussa mon aide, me faisant brutalement tomber, et s'avança vers la porte, la démarche gauche due au coup qu'il avait reçu.

-Ouvre moi, Nicolas.

-Ça sert à rien, c'est fini, et puis tu comptes faire quoi, dans cet état?, intervint Jean pour le résonner.

-Nicolas ouvre cette porte! haussa Jérémy d'un ton.

-Non. C'est trop tard, répondit Nicolas, respecte ce qu'il a fait pour nous.

-Mais vous êtes complètement barrés?? C'est de Luming-tan et Layana qu'on parle, vous voulez les laisser mourir sans rien faire??

Personne ne répondit, préférant détourner le regard pour ne pas faire face à un Jérémy désespéré. Je n'arrivais même pas à pleurer. Peut-être qu'au fond de moi je croyais encore qu'il y avait une chance. Une chance qu'ils aient survécu et qu'ils nous rejoignent plus tard, le sourire aux lèvres. L'image ne voulait plus sortir de ma tête quand plusieurs coups de masse retentirent, faisant reculer mes deux amis. Soudain une voix étouffée s'éleva de derrière la porte:

-Laisse-les, on les aura plus tard, on a leur base et on a tué deux d'entre eux, c'est suffisant, non?

-T'es sur qu'ils sont morts?, demanda une seconde voix qui devait sûrement être celui qui frappait plus tôt. Le gars nous a donné pas mal de fils à retordre, il a tué pas mal d'entre nous.

-T'inquiètes, ils pourraient même plus reconnaître leur pote avec ce qu'on lui a fait, ricana-t-il. Tu penses on devrait leur laisser sa tête?

-Ah ah, t'es con Axel, rigola-t-il en s'éloignant.

Un long silence s'ensuivit. Jérémy recula lentement de la porte et partit s'adosser contre une des voitures du parking, dos à nous. Les autres n'osaient pas bouger et restaient là, le regard perdu. Soudain, une main se posa sur mon épaule et je me redressai.

-Pleure pas, ça va aller, me dis une Elizabeth les larmes aux yeux. 

Je n'avais même pas remarquer que les larmes coulaient maintenant.

-Je... C'est pas ça, c'est juste que... J'ai oublié mon jeu de cartes, je rigolais tout en pleurant. J'ai pas eu le temps de le prendre et...

Je ne pouvais pas continuer, alors je serai la main d'Elizabeth et elle me rendit mon geste. Jean alla s'asseoir près de Jérémy et j'entendis quelques paroles échangées, puis plus rien. Florian nous fixait, les yeux dans le vague. 

Ça devait arriver. Tout le monde savait qu'on pouvait mourir à tout moment, mais personne ne s'attendait à ce que ça se passe comme ça. Pas aussi tôt. Pas aussi vite. Je pouvais même pas penser à la vengeance. J'aurais du avoir envie de les tuer, de les massacrer, tous, jusqu'au dernier. Mais j'étais vide. Je n'arrivais qu'à penser que si Layana était passée avant moi, elle serait encore vivante, et que si je ne m'étais pas arrêtée sur sa mort, nous aurions fui plus tôt, et Luming-tan n'aurait pas eu besoin de m'attendre. Et si je lui avais passé ce couteau, aurait-il pu mieux s'en sortir? Ce n'était pas bon. Je ne faisais que ressasser, alors que je ne pouvais plus rien y changer.

-Merde!  cria Nicolas suivit d'un énorme bruit de verre brisé. 

Je me tournai vers le bruit. Il avait ramassé la hache de Jérémy et l'avait fracassé la vitre de la voiture la plus proche. Je ne comptais pas l'arrêter. On avait tous besoin d'évacuer la douleur d'une façon où d'une autre. Florian s'approcha de nous et désigna ma crosse.

-Je peux?

Je hochai la tête et observai les deux s'acharner, Florian gardant tout de même son calme, procédant presque méthodiquement. Les regarder me détendait. Au bout d'un quart d'heure, toutes les fenêtres avaient volé en éclat et les néons se reflétaient sur ce tapis de verre. Tout était silencieux, on s'entendait juste respirer. Jérémy se releva soudain et s'avança vers moi.

Ryuketsu no gakko/-Nelson Mandela-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant