Le Nord se Souvient [Histoire Interactive] [GoT]

III. The Small Council

Tristan

Le vent soufflait dans le Nord, plus présent qu'il ne l'avait été ces dernières années. Sifflant entre les arbres, hurlant parmi les vagues, ce vent froid était partout dans le Nord, et les quelques personnes qui s'obstinaient encore à dire que l'été allait durer des années cédaient les unes après les autres, devant admettre que les fourrures qu'ils avaient commencé à porter n'étaient pas dû qu'à un simple « coup de froid passager ». Sur la Pointe du Dragon, un vieux qui passait ses journées à regarder ses deux fils travailler en critiquant leur faiblesse s'était obstiné à ne pas porter de fourrure. « Bande de faiblards ! » hurlait-il aux deux frères qui se donnaient tant de mal pour nourrir trois enfants, deux femmes et un vieux croûton en manque d'activité. « Cessez de geindre et tâchez de rapporter à manger pour votre famille ! » criait-il quand l'un d'eux osait se plaindre d'un mal de dos qui revenait chaque semaine. Mort. Ce vieil homme était mort, de froid disait la plupart des personnes du fort, assassiné, pensaient les plus lugubres. Dans tous les cas, qu'il s'agisse d'un arrangement ou de la vérité, toute la famille avait dit qu'il était mort de froid. Autant dire que malgré leur tristesse, cela faisait une bouche à nourrir en moins. Car si la famine ne frappait pas encore la Pointe du Dragon, la nourriture ne tombait pas en abondance. Avec l'hiver qui arrivait, les champs deviendraient rapidement impraticables et seuls les plus riches pourraient garder leurs bêtes à l'abri. Mestre Saemon avait conseillé aux habitants de se reconvertir en pêcheurs le plus rapidement possible, de vendre leurs bêtes aux plus riches afin que celles-ci soient exploitées au mieux. Une dizaine de soldats avait été mobilisée juste après le départ à la guerre de Lord Tomos Bowliser. Ils avaient aidé les paysans à déménager les bêtes, à transporter des chariots de bois dans le but de faire des bateaux de pêche... bref, la famille Bowliser venait en aide à son peuple, c'est ce qui faisait son unité. « Cela est seulement dû au fait que nous ne sommes qu'un petit royaume, mon enfant » expliquait Tomos à Tristan lorsqu'il avait tout juste huit ans. « Si, comme les Stark, nous avions un royaume plus vaste, nous ne pourrions venir en aide à tout le monde. Il nous faudrait faire des choix plus difficiles. »

- La Garde de Nuit.

La voix de mestre Saemon sorti Tristan de ses pensées. Du haut de cette tour qui abritait les corbeaux du fort, Tristan avait figé son regard sur l'horizon, son esprit vagabondant à travers mille péripéties. Il se retourna vers l'homme âgé d'une soixantaine d'années.

- Pardon ? Demanda Tristan.

- Ce corbeau nous vient de la Garde de Nuit. Un groupe de membres de la Garde font le tour des sept couronnes afin de recruter des hommes.

- Vous pensez qu'ils prendront la peine de passer nous voir ?

- Nous n'avons aucun prisonnier, personne de condamnable et nos hommes sont bien nourris sans être nombreux, je doute que qui que ce soit ne veuille rejoindre cet ordre qu'est la Garde de Nuit.

Au Nord de Westeros se trouvait un énorme mur. Le Mur. Il était d'une hauteur qui faisait au moins le double du fort le plus grand du pays. Et sa longueur équivalait à toute la largeur du continent de Westeros. Quand il n'était qu'un enfant, à ses six ou sept ans, Tristan avait demandé à son père quelle utilité il y avait à avoir un mur aussi grand. Il avait répondu qu'au-delà du Mur, encore plus au Nord vivaient non seulement des peuples sauvages qui ne voulaient pas du bien à leurs royaumes, mais en plus s'y trouvaient nombre de monstres et créatures légendaires que tout homme saint d'esprit se devait de redouter. Mais depuis des décennies maintenant, la Garde de Nuit se contentait de surveiller un paysage vide et immobile. Beaucoup moquaient cet ordre inutile qui n'avait rien à faire d'autre que de s'asseoir sur le Mur et attendre la mort. D'autres croyaient en ces légendes de monstres et priaient pour que le jour où ces monstres viendraient, la Garde de Nuit et leur Mur seraient suffisamment puissant pour les retenir. Mais ceux qui croyaient cela étaient plus rares. Et moqués.