EvilSquid & Co. [EvilSquid & Octoboy]

Chapitre 1 : Au revoir EvilSquid.

L'histoire qui va vous être racontée va vous paraître folle. Elle l'est.

J'étais prof à l'Institut Calam'Arts, c'était il y a quelques années. J'enseignais le montage vidéos aux jeunes qui avaient choisi cette option dans leur cursus. Mon nom est Monsieur EvilSquid mais je préférais que mes étudiants m'appellent Evil. Le but de mes cours, à la fin de leur formation, c'était de faire d'eux des égaux, casser les barrières et éveiller leur véritable talent.

Raaaah, ce que j'aimais transmettre mon savoir aux jeunes, constater les énormes progrès et la dévotion fournis et, avec une pointe d'orgueil, je dois l'admettre, voir la reconnaissance dans leurs yeux à la fin de l'année...

Je m'occupais du club vidéo, pendant lequel je faisais des sessions de montage petit groupe par petit groupe. Il faut savoir que j'avais une notoriété grandissante ces années là, et mon acolyte Arkeyl et moi-même avons décidé de créer et gérer ce club pour permettre aux étudiants d'étendre leur potentiel de vidéaste. Comme nous étions un véritable club,j'étais bien évidemment président et Arkeyl secrétaire. Nous avions choisi comme nom : le club EvilSquad ; il avait pour but d'étendre les sujets effleurés en cours, le tout dans la bonne humeur et toujours en nombre limité pour garantir la qualité.

Mes collègues surveillants de l'institut, alors que le nombre d'inscrits grandissait, me donnaient également un coup de main pour gérer les étudiants. Vesperia, LeBanni, Maléfique, AdemFoster, Pumba, Mokuro et Maca de leurs doux noms, géraient chacun un groupe. D'ailleurs Maca et moi faisions partie d'une même team de Paintball à nos heures perdues ! Nous nous donnions rendez-vous aux Docks ou à l'Encrepôt désaffecté pour s'adonner à quelques coups de gâchettes avec les Copains, c'était fun.

Chacun avait sa personnalité, ses qualités et ses défauts, ses forces et ses faiblesses, mais tous s'investissaient au mieux pour que ça roule, et j'dois l'admettre, ça roulait !

Cette année là était vraiment particulière pour moi. Je vivais assez loin de l'hypercentre de Chromapolis, et pourtant j'ai couvert la plupart des événements d'actualité en vidéo : les disparitions simultanées du grand Poisson Charge et de la très célèbre Squid Sister Ayo, l'arrivée fracassante des Tentacool sur le devant de la scène pop, ou encore la consécration du Food-truck d'Omar consacré meilleur cuistot ambulant de l'année...

Nous avions beaucoup de sujets à couvrir, un nouveau quartier branché venait d'émerger à Chromapolis et fut pris tout de suite d'assaut par les Inklings : le Square. Mes élèves étaient vraiment bons, mais un ressortait du lot de par sa signature vidéo, il s'appelait Octoboy. Quel phénomène celui-là ! C'était le rebelle du groupe, le petit lascar. Il avait du talent, et il le savait. Quel effronté ! Le jeune me troublait, ses regards étaient insistants. Pénétrants.Je me sentais mal à l'aise, comme mis à nu. C'était d'autant plus embarrassant que ma petite amie n'était autre que ma collègue prof de dessins, Clau, et qu'elle était son professeur également. Lorsque je rentrais le soir pour lui confesser les attitudes assumées du jeune homme, elle éclatait toujours de ce rire un poil surjoué, mais c'est ce qui contribuait à son charme, j'imagine. Elle était mon illustratrice officielle, nous formions un duo d'enfer ! Nous avions nos rituels, promener nos petits hippocampes, cuisiner 100% algues, c'était le top.

Je me souviens précisément de la cérémonie de fin d'année à l'institut, vous savez, celle où on remet les diplômes en grandes pompes avant de partir en vacances. Eh bien sans grande surprise, Octoboy a pulvérisé la concurrence et a fini major de promo, non sans insister généreusement sur le rôle que son meilleur professeur a joué dans son apprentissage (moi), et qu'il serait ravi d'étendre ses relations avec lui (donc moi, toujours) et ce, dans un cadre purement professionnel (bien évidemment...). Il m'aura titillé jusque dans son discours devant tous les étudiants, collègues et parents. La gêne !!! Clau s'est forcément bien marrée ! J'étais plus rouge que mes cheveux, c'est pour vous dire.

Nous avons organisé un pot de fin d'année, qui marquait également mon départ de l'institut, au grand regret de tous. Heureusement pour moi, cela rimait avec succès vidéo, et je pouvais enfin me consacrer pleinement à ma passion, tout en étant payé pour le faire. Certains étudiants devaient partir en colo, d'autres rester à Chromapolis. Nous avions prévu avec les collègues une petite semaine ensemble en resort sympa avec piscine all-inclusive, le Club Ca$halot, histoire de se détendre et se marrer dans le luxe et le confort de l'été qu'apporterait cet hôtel.

J'ai bien évidemment été couvert de cadeaux, tout y était : sac de plage, bermuda, chemise à fleurs bien kitsch, chapeau de paille, lunettes de soleil, et même la bouée et les double-encreurs à eau pour continuer les batailles avec Maca à la piscine ! Nous avons mangé grassement, bien bu également, j'étais vraiment très triste et plein de nostalgie ce soir là. Mais je n'ai pas pleuré, c'est déjà ça.