EvilSquid & Co. [EvilSquid & Octoboy]

Chapitre 6 : Oubli.

"Alors, Evil, c'était comment, ce cinéma ?!"

Vous auriez vu leurs yeux, avides de curiosité, comme si le sort du monde dépendait de la réponse que je devais donner... Eh bien, ce cinéma, c'était d'enfer ! Le film était juste génial, n'a pas reproduit les erreurs du précédent, un très grand spectacle. Les débuts d'Oly sur grand écran étaient juste parfaits, même si son rôle était minime...

Ah, c'est Octoboy qui vous intéresse ?

Eh bien, ça, je ne leur dirai pas, mais ça s'est également bien passé. Beaucoup mieux que ce que j'espérais. Vous savez, Clau, je l'aimais bien. On ne peut pas parler d'amour fou, nous ne nous fréquentions pas depuis suffisamment longtemps, mais même, l'attachement était bien réel. Ça peut paraître bizarre ce rendez-vous, surtout après les derniers mots d'Octo que moi seul a entendu. Mais, merde ! Ce jeune était prêt à donner sa vie pour moi, et l'a fait. Comment puis-je rester indifférent à cela ? Nous sommes rentrés chez moi, et nous n'avons pratiquement pas dormi. Nous avions besoin de parler, d'extérioriser tout ce que nous venions de vivre. Lui, sa quête, son sacrifice, et moi, cet état bizarre où je n'étais plus maître, et pourtant, je luttais, à chaque instant, mais ce n'était pas suffisant. Et j'ai tiré sur lui. Je l'ai liquidé. Je dois vivre avec cela pour le reste de mes jours sur la conscience...

Et le voir, là, sur mon lit, avec une maturité et une candeur que je ne lui connais pas. C'est assez paradoxal d'ailleurs, quand on y pense, lui qui m'aguichait devant tous les étudiants, le voilà timide et réservé. Et je crois que j'aime ça. Je préfère ça, c'est sûr, à l'inconfort dans lequel il m'a mis tout au long de l'année. Mais là encore, quel inconfort... je crois que j'aime ça. Nous avons bel et bien fini par nous endormir, épuisés par nos confessions nocturnes, temporairement soulagés de nos erreurs. Je me suis réveillé tardivement, le petit déjeuné était prêt, l'odeur était tellement agréable. Que c'est bon de démarrer sa journée sur une telle note !

Je vous épargne la banalité de la situation. Nous avons rendez-vous avec la Squad, nous avons tous besoin d'exorciser l'angoisse et la mauvaise énergie des événements passés. Le Square était relativement calme aujourd'hui, c'était plutôt anormal, mais je ne m'en plains pas. Même si je n'avais pas conscience de ce que je faisais sous le contrôle des lunettes, j'ai plutôt intérêt à faire profil bas, beaucoup de dégâts ont été faits. Ils m'ont donc accueilli sans ménagement, à vouloir que je leur raconte ce qu'il ne s'est pas passé avec Octo. Maca était absent. C'est très surprenant.

"Maca, t'es où ? Tu viens pas ?

- Désolé Evil, mais on a merdé. J'arrive dans une petite heure. J'ai passé la nuit à arpenter Filament. Merde, Evil, on a fait une connerie...

- Hey, HEY ! Calme-toi, respire, et explique-moi, je ne comprends pas.

- Wanou... Il s'est porté volontaire pour te rejoindre. Il n'est pas revenu, il a disparu. On ne peut pas le laisser Evil. On ne peut pas, on doit le retrouver. Même si tu es sain et sauf, une machine était en marche, et même si Clau et toi avez été mis hors d'état de nuire, je suis sûr qu'une organisation plus grande se cache derrière tout ça !... Merde, comment on a pu oublier Wanou ? On doit le retrouver, s'il te plaît...

- Calme-toi, on va le retrouver, rentre te reposer un peu.

- Je ne peux pas rentrer et le savoir en danger pour avoir voulu nous aider. Je ne peux pas...

- Viens chez moi, on s'occupera de toi, tu ne peux pas rester seul.

- D'accord, à toute à l'heure."

La situation est donc plus grave que ce que j'imaginais. Tout n'est pas terminé, loin de là. Je vais devoir mettre mes vidéos de côté. Je ne peux pas laisser Wanou dans le pétrin, surtout s'il s'est sacrifié pour me libérer. Mais je n'y arriverais pas seul. Je suis certain que les autres m'aideront si je leur demande. Même sans leur demander.

"Oh non, Wanou !...

- Exact, Maléfique, Wanou n'est pas revenu apparemment. Je vous propose que l'on continue chez moi, Maca nous rejoint, il l'a cherché toute la nuit."

Tout le monde s'en voulait, forcément. Dans l'excitation de la victoire et l'urgence de la situation, le soulagement fut tel que personne n'a pensé à Wanou. Mais comment allons-nous faire ? Pendant tout le temps où je portais les lunettes, j'étais comme un zombie. Je n'entendais que ce qu'on m'ordonnait, et je l'exécutais. Je mangeais parce qu'on me disait de le faire. Je n'ai pas la moindre idée de ce qu'il a pu se dire, d'où je suis allé. Tout a été effacé de ma mémoire. Ou plutôt rien ne s'y est implanté. Je ne leur suis d'aucune utilité sur ce coup.

"Il faut demander à Clau..."

Maca a raison. Elle seule a les renseignements. Les agents de Macalamar ont fait disparaître toute trace de mes vidéos propagande. Nous ne savons pas si d'autres jeunes, ou combien, ont rejoint le mouvement. Je vais devoir la confronter, de nouveau. Comment lui faire face, la regarder dans les yeux ? Après ce qu'elle m'a fait. La trahison, l'humiliation.

Mais quelque part, je ne peux pas lui en vouloir tant que ça. Je la comprends, elle a simplement agi par amour. Mais elle a la malchance d'être du mauvais côté, du côté de la minorité rejetée. Tous les octariens ne sont pas mauvais, prenez Coralie, prenez Octoboy. Ok, lui, c'est un p'tit con, à me tourmenter, mais toujours par amour et non par volonté de me nuire. Je ne cite que deux exemples, mais ils sont tout un peuple, et parce qu'une poignée de mauvaises graines s'est faite remarquer, nous les avons tous mis dans le même panier, à tord. Tout n'est pas noir ou blanc, et Clau en est le parfait exemple. Une inkling amoureuse d'un octarien. L'amour interdit par les lois, parce que les deux sont biologiquement incompatibles... pourquoi n'auraient-ils pas le droit de s'aimer quand-même ?

"Je ne vous dirai rien. A moins de me laisser sortir, je ne vous dirais rien du tout.

- Tu te doutes bien que nous ne te laisserons pas sortir ! Mais fais preuve de raison, de jeunes innocents ont quitté leur foyer, et je ne sais pas ce que vous leur préparez, mais c'est forcément mauvais...

- Oh ! C'est négatif pour vous, mais une pièce a deux faces ! S'ils sont venus à nous, c'est qu'ils le voulaient. Ils ne seront pas malheureux, ils vivront pour une cause ! Et sans ta pseudo "Squad", tu vivrais pour cette cause également... Maintenant allez vous-en, je ne coopérerais pas à moins de sortir d'ici..."

Eh voilà, c'est foutu. C'était perdu d'avance. Avec tout ce qu'elle m'a fait vivre, je trouve encore le moyen d'aller l'interroger. Je dois être un peu maso... non. C'était nécessaire. Elle a raison, si je n'avais pas eu mes amis, je serais encore à ses côté, le cerveau lavé, et son plan serait toujours à exécution et...

MAIS OUI !!! J'ai l'information depuis le début !