Chapitre 24. [C]

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9 Novembre 2001

Ce jour-là est le plus beau souvenir qu'il me reste de ma famille. Cette journée magnifique que j'ai passée au bord de l'eau à écouter les sons mélodieux des chants des oiseaux. Avec ma mère, j'ai observé l'eau de la petite rivière, le temps s'écoule, le soleil rayonne.

Mon frère et mon père s'amusent non loin de nous, à cette époque, ma petite sœur n'est pas encore née.

Je me souviens que ce jour-là, j'ai observé une araignée dévorer sa proie qui s'est prise dans sa toile. J'ai observé avec une attention particulière la façon dont elle l'a dévorée sauvagement, sans l'ombre d'un remord.

Et c'est ce jour-là que je me suis demandée si tuer était si facile. À seulement trois ans et juste en regardant cette scène, je me suis posée une question qu'une enfant n'est pas censée se poser. J'ai alors détourné mon visage innocent de cette scène cruelle pour le poser sur le doux visage de ma mère. À cette époque, elle n'a pas les traits du visage marqués, elle n'a pas l'air aussi fatigué. Elle rayonne de bonheur.

Je me glisse dans ses bras rassurant et augmente la pression que j'exerce sur ma peluche.

- Maman.

- Oui, mon ange.

Mes yeux ne quitte,t pas mon frère et mon père. Cette scène a un effet apaisant.

- C'est difficile de tuer quelqu'un ?

Elle a mis seulement quelques secondes à me répondre et pour me rassurer, elle dépose un doux baisé sur le sommet de mon crâne.

- Non, c'est même incroyablement et ridiculement facile. Pourquoi me demandes-tu ça, ma puce ?

- L'araignée, elle a tuée la petite bête dans sa toile.

- Ça, ma chérie c'est le cycle de la vie, elle tue pour se nourrir, comme on le fait nous avec certains animaux.

Pour toute réponse, j'ai hoché la tête mais une question me brûle les lèvres.

- Tu crois qu'un jour... je tuerai moi aussi ?

- Je ne sais pas, mais je sais que tu ne le feras pas sans une raison particulière. Ton cœur est aussi pure que ton âme et je sais également que pour rien au monde, tu retirerais la vie d'un être humain. Mais écoute bien ce que je vais te dire, si un jour, tu sens que c'est la seule option qui te reste, que tu ne peux pas continuer à vivre sans que cette personne disparaisse et que tu juges qu'elle le mérite alors oui, ce jour-là, tu tueras. Mais ça ne fera pas de toi une tueuse, juste une jeune fille qui en aura vécu assez et qui sera dépassée.

- Mais comment je saurais que ce sera le moment de mettre fin à la vie de cette personne ?

- Quand ton corps et ton esprit te feront comprendre que tu n'en peux plus, qu'il faut que ça cesse.

Je lève mon visage enfantin vers celui de ma mère.

- Mais tu m'aimeras toujours ?

- Toujours.

Aujourd'hui

Ce souvenir défile en un millième de secondes, mes bras sont toujours fermement tendus vers Yoan. Mes yeux noisette se posent sur Mike puis sur Hugo.

Zoé [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant