Zoé [TERMINÉ]

Chapitre 16. [C]

PDV Zoé

En franchissant la porte d'entrée de mon appartement, je me pris une énorme claque. Yoan était là, face à moi, seulement à quelques centimètres. Il n'a pas changé, il a toujours cette attitude dominante, ce regard cruel et ce ton qu'il prend quand il parle : si dur et imposant.

Je passe une main derrière ma nuque et soupire de frustration. Je dois me remettre à la page, reprendre la boxe.

- Ça va Zoé ?

Je lève mon visage vers mon amie, je peux distinguer à travers ses pupilles, un voile d'inquiétude. Je rejoins Hugo et Dylan sur le canapé, me laissant tomber de tout mon poids.

- J'ai croisé Yoan.

- Quoi ?!

Mes tympans saignent, ils ont tous hurlé en même temps, juste à côté de mes oreilles.

- Il ne m'a rien fait, on s'est à peine parlé, vous n'avez pas à vous inquiéter. Vous devriez y aller, j'ai besoin d'être un peu seule.

- Très bien on comprend, si tu as besoin de quoi que ce soit, tu m'appelles.

Je remercie Dylan d'un sourire, Lya m'offre un doux baiser sur la joue me lançant un dernier regard avant de franchir le seuil de la maison. Nous sommes à présent deux dans le salon, Hugo et moi.

- Je vais sortir.

Je me lève, prends mon sac et y glisse quelques affaires.

- Où vas tu ?

- Quelque part.

- Zoé...

- Ne commence pas Hugo.

Je prends le reste de mes affaires comme mes clés, mon portefeuille et mon téléphone.

- C'est une mauvaise idée que tu sortes toute seule.

Je bouillonne de plus en plus, s'il y a bien une chose que je ne supporte pas, c'est qu'on me colle à ce point. Je comprends, je suis en danger - bla bla bla - mais ça fait des mois que je fuis Yoan et je suis épuisée, je veux juste vivre normalement,quitte à mettre ma vie en danger.  Avant de partir,  je me retourne et regarde Hugo dans les yeux.

- Arrête de me coller.

Je claque la porte et descends les escaliers le plus vite possible.

***

Quand je franchis le seuil de la porte à double battant, mes yeux parcourent la salle de sport qui me fait face. Des machines de musculation sont regroupées dans un coin, des sacs de boxe sont alignés de l'autre côté et au centre même de la salle, un immense ring me fait face. Je remonte mon sac sur mes épaules et me dirige directement vers les vestiaires, je me change et bande mes mains à l'aide de bandages. Une vague de nostalgie s'empare de moi et un sourire sincère se dessine sur mes lèvres. Je range le reste de mes affaires dans un des casiers et pars me positionner devant les sacs de boxe. Je commence à frapper, au début doucement et au fur et à mesure que mes poings percutent le sac, une rage s'empare de moi, je repense à tout. J'ai abandonné mes parents, j'ai fui pendant des mois, j'ai perdu Jason, j'ai laissé tomber ma vie d'adolescente et mes études, j'ai fait confiance à un escroc manipulateur.

Je frappe encore et encore jusqu'à sentir une légère douleur envahir mes phalanges. J'aurais aimé avoir cette vie d'adolescente normale, celle qui va en cours avec ses amis, qui regarde des séries et des programmes stupides, qui a un copain, une vie de famille, des études, des devoirs, des soirées... toutes ces petites choses que j'aurais aimé avoir. Je les ai eu, certes, mais pendant une très très courte période. Aujourd'hui j'ai dix-sept ans et je suis là à frapper dans un sac de boxe pour évacuer toute cette rage qui me consume, toute cette peine qui me ronge de l'intérieur.