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  Les mois sont passés sans que je n'aie de tes nouvelles, alors j'ai essayé de t'oublier.

Tu avais pris trop d'importance, tu devenais vital, ça m'a fait peur. Ma raison a cherché à t'oublier, créant dans mon corps cette insoutenable douleur.

L'été a laissé place à un automne chaleureux, mais moi j'avais hâte que l'hiver arrive, qu'il dépose son long manteau blanc et immaculé sur les trottoirs et qu'il transforme les couleurs bruyantes de la ville en une harmonie mélancolique.

Un soir que j'étais rentré tard chez moi après une balade nocturne, j'avais trop bu pour pouvoir fermer les yeux et m'endormir. Ma tête tournait et dans mes pensées, ça craignait parce que ce n'était que toi. Alors j'ai décidé de l'écrire, d'écrire ce que je ressentais, d'écrire que j'avais besoin de ta lumière, de tes peurs, de ta soif de fureur.

C'était un samedi soir et j'étais mal dans ma peau. L'alcool me faisait me sentir étroit dans mon petit studio.

Alors j'ai pété un câble et suis sorti de là. Une ombre chancelante dans les rues de la ville, c'était moi, c'était triste. C'était triste sans toi.

J'ai cru halluciner en voyant ton camion garé seul sur le bord du lac.

J'ai jeté un coup d'œil aux alentours et vous ai aperçus au loin. Autour d'un feu flambant, vous aviez établi votre campement pour la nuit, avec comme accompagnement en cette heure si tardive, une guitare, un tambour, un harmonica et ta voix.

Je me suis approché, sans tituber cette fois, et me suis assis près de vous sans rien dire.

– J'te reconnais, tu m'as lancé de ta voix si grave et posée.

– N'arrêtez pas, s'il vous plaît, ai-je juste dit.

Tu m'as alors accordé un long regard, visiblement satisfait de ma réplique. Alors vous avez repris et tu ne m'as presque pas quitté des yeux. Malgré mon regard perdu et ma mine sombre, j'étais le plus heureux et vous sembliez apprécier d'avoir un public.

Ça a duré comme ça jusqu'au petit matin. Je m'étais endormi sans m'en rendre compte et c'est le vent frais qui m'a réveillé, sur cette plage de sable fin.

Vous étiez partis.

Au sol, j'ai trouvé un message inscrit dans le sable. Une date, un lieu, une heure. Tu pouvais être sûr que, pour rien au monde, je l'aurais loupé.

Redorer l'étoile du SolOù les histoires vivent. Découvrez maintenant