Redorer l'étoile du Sol

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  Lorsque je suis arrivé dans votre salle de répétition, ça sentait la bière. Vous m'avez salué comme on salue un pote de longue date.

J'aurais peut-être du te dire que j'avais pas l'habitude d'en être un.

Je me suis alors assis dans un coin et je vous ai regardé jouer, en coulisse, derrière les rideaux. Je vous ai vu comme personne ne l'avait jamais fait auparavant. Et j'aurais du m'en sentir flatté.

Toi, tu me lançais des petits regards en coin pour être sûr que je ne m'ennuie pas. Et ce n'était pas le cas.

Mais je suis parti. Alors tu as lâché ton micro et m'as poursuivi dehors dans le froid en me demandant ce qui n'allait pas. Je t'ai vaguement répondu, probablement parce que je ne savais pas moi-même ce qui débloquait. Tu ne comprenais pas.

Moi non plus, je ne comprenais pas.

J'en voulais plus.

Tu étais devant moi, les mains dans les poches, le regard fatigué de tes rudes journées, mais pourtant bien là dans l'attente de quelque chose. J'aurais du te dire de te garder un peu d'espoir, dans le fond de ton esprit, pour ne pas tout donner aux autres, pour que tu t'en sortes aussi. Parce que tu étais quelqu'un de merveilleux.

Tu n'as pas bronché quand ma main est passée dans tes cheveux. Et je t'ai trouvé tellement beau que je t'ai embrassé.

Comme ça, d'un coup.

Et je crois que tu m'as repoussé.

Alors j'ai fait demi-tour et dévalé la pente qui menait à la ville sombre et puante sans me retourner, les pleurs coincés aux bords des cils.

J'ai passé le reste de la nuit à fumer les rues en cherchant le moyen d'oublier.

Je crois bien que j'ai retrouvé une fille, ce soir-là, qu'elle m'a emmené chez elle et qu'on a sali les draps de nos corps en manque de passion.

C'était flou, c'était sombre, mais c'était délivrant. Elle avait mit cette musique, cette chanson de Jacob Lee, Demons.

Je me sentais flotter.

Et à ce moment-là, j'ai ressenti l'espoir de tes chansons remonter aux coin de mes yeux, comme un vieux démon capricieux.